Au XVIIIe siècle, on consomme à peu près les mêmes fromages qu’aujourd’hui, mais ils ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Le fromage de qualité est, pendant des siècles, un privilège des classes aisées et citadines.
L’immense majorité des fromages est de très mauvaise qualité, parce qu’ils sont fabriqués avec du lait qui a déjà servi à faire du beurre. Ils sont réservés à la consommation familiale des fermes.
Mais on a déjà des fromages qui correspondant aux grandes aires fromagères d’AOC que l’on connaît aujourd’hui, explique Pierre Leclercq. Ils se fabriquent au sein de l’aristocratie paysanne et sont exportés vers Paris où ils se vendent très cher et où le métier de fromager est créé pour développer la culture raffinée de ce produit.
On consomme le fromage au dessert, au milieu des divers desserts et fruits confits. Ce sont surtout les fromages étrangers qui sont les plus appréciés, comme le fromage de Milan ou de Gruyère. Il y a pourtant déjà une bonne production en France, avec le sassenage, ce bleu du Vercors, avec le brie, le roquefort… Il existe aussi une aire de production en Normandie, dans le Nord avec le maroilles ou en Franche-Comté, où beaucoup de Suisses se sont installés et y fabriquent du gruyère, à un prix moins élevé.
En Suisse, dès le XVIIe siècle, on a bien compris tout l’intérêt de l’économie fromagère, on y produit le gruyère, l’emmental,… Le fromage est essentiellement fabriqué en montagne, pendant la transhumance. Au XVIIIe siècle, on va garder et nourrir les bêtes dans la vallée toute l’année et s’organiser en coopératives, les 'fruitières', qui vont pouvoir développer un commerce plus international.
On commence à cuisiner avec du fromage, de manière parcimonieuse. On voit apparaître certains plats de fondues liées à l’oeuf, des potages agrémentés de fromage, ou encore les pâtes qui intègrent la cuisine française, servies avec du parmesan.