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Le G20 ? C’est quoi, c’est qui et à quoi ça sert ?

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Par Philippe Antoine

Fixé chaque année à la même période de l’année, fin octobre ou en novembre, c’est l’un des rendez-vous incontournables des principaux dirigeants de la planète.

Réunis ce week-end à Rome, les chefs d’Etat et de gouvernement de ce que l’on appelle communément les "20 pays les plus riches de la planète" abordent toute une série de sujets qui vont des engagements environnementaux tels que la garantie de protection d’au moins 30% des terres et des océans de la planète d’ici 2030 à des thèmes plus économiques comme un impôt minimum mondial sur les sociétés de 15% ou encore la flambée des prix de l’énergie et les moyens d’y faire face.

Né du G7 après une crise financière

C’est une crise financière, celle qui a frappé l’Asie en 1997 et puis la Russie l’année suivante, qui a suscité sa création. Dans la foulée de cette crise qui venait de révéler la vulnérabilité du système financier international, les ministres des Finances du G7 (l’Allemagne, le Canada, les Etats-Unis, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni, soit les pays les plus industrialisés de l’époque) prennent conscience de la nécessité d’impliquer les pays émergents – dont le poids a considérablement augmenté – dans la gouvernance mondiale.


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Ce sera donc le Groupe des 20, composé en réalité de 19 pays (Afrique du Sud, Allemagne, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, Etats-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie et Turquie) auxquels s’ajoute l’Union européenne (représentée par le/la président(e) de la Commission ainsi que par le président du Conseil européen). Leur première réunion se tient à Berlin, en décembre 1999. Mais cela reste une réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales respectives, dont l’objectif est de favoriser la stabilité financière.

Un acteur majeur

Au fil des années, le groupe s’élargit, avec la participation des responsables des grandes organisations internationales (Fonds monétaire international, Banque mondiale, Organisation mondiale du commerce, Organisation de coopération et de développement économiques, Organisation internationale du travail, dont le directeur fait état des lieux sur l’évolution de l’emploi dans le monde) ou encore un invité permanent (l’Espagne).

De quoi faire de ce groupe un acteur majeur puisqu’il représente désormais plus de 80% du PIB mondial, 75% du commerce mondial et que les pays qui le composent abritent près de deux tiers (60%) de la population de la planète.

D’autant que depuis le sommet organisé à Washington en novembre 2008, après l’explosion de la crise des "subprimes" et la terrible crise économique et financière qui a suivi, ce sont désormais les chefs d’Etat et de gouvernement qui se rassemblent pendant deux jours à l’endroit choisi par le pays qui assure pour douze mois la présidence tournante de ce qui est devenu une authentique instance de pilotage économique.

Evasion fiscale, dévaluation, énergie, environnement

Au sommet de Londres en avril 2009, le G20 prend certaines décisions importantes pour lutter contre les paradis fiscaux ou encore renforcer la réglementation du secteur financier. Quelques mois plus tard, Christine Lagarde, alors ministre française de l’Economie, écrivait ceci : "Inutile le G20 ? J’affirme, au contraire, que les décisions de cette instance ont d’ores et déjà durablement modifié le fonctionnement de l’économie mondiale. Trois domaines avaient été considérés comme les marqueurs de notre action : la supervision, la rémunération des acteurs de marché, et la lutte contre les paradis fiscaux et prudentiels. Nous avons progressé dans chacun d’entre eux".

L’année suivante, en Corée du Sud, les dirigeants du G20 s’accordent pour s’abstenir d’intervenir pour dévaluer leurs devises afin de soutenir la croissance mondiale, mais ils conviennent aussi d’une réforme du système bancaire et des grandes institutions financières, à l’origine de la crise de 2008-2009. C’est aussi à Séoul que le G20 décide de réformer en profondeur le FMI (Fonds monétaire international) en augmentant son capital, en proposant aux pays émergents de siéger à son conseil d’administration et en élargissant ses attributions en matière de surveillance des politiques économiques des Etats.

Le monde ne peut pas rester les bras ballants

Mais d’autres sujets peuvent aussi s’inviter à l’agenda des principaux leaders mondiaux : en 2013 à St Pétersbourg, c’est la guerre en Syrie et plus précisément l’utilisation d’armes chimiques par le régime de Bachar al-Assad qui focalise les discussions. "Le monde ne peut pas rester les bras ballants" avait dit à l’époque Barack Obama. Le président des Etats-Unis souhaitait clairement une "réaction internationale forte", autrement dit une attaque contre le régime syrien, mais il s’est vu opposer un refus catégorique de la part de Vladimir Poutine.

Ces dernières années, les changements climatiques ont fait leur apparition dans les sujets de discussion, de même que la pandémie de Covid-19. En novembre 2020, le sommet qui devait se tenir en Arabie saoudite s’est d’ailleurs déroulé de façon virtuelle. Les dirigeants du G20 s’y sont engagés à ne "ménager aucun effort pour que toutes les personnes aient un accès abordable et équitable à des diagnostics, des traitements et des vaccins contre le Covid-19 sûrs et efficaces".

A Rome ce samedi, le chef du gouvernement italien a demandé que les pays du G20 fassent en sorte que 70% de la population mondiale ait reçu un vaccin contre le coronavirus d’ici la mi 2022.

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