Existe-t-il donc des solutions ? "Pour enrayer ce problème, non, mais pour vivre avec, oui", sourit Aurélien Allard. Ce dernier cite ainsi l’un des projets du gouvernement japonais, qui est celui "de fonder la société 5.0, la cinquième révolution de l’humanité. C’est assez modeste", ironise-t-il.
L’objectif ? Avoir recours systématiquement à l’intelligence artificielle "pour remplacer l’homme partout où il peut l’être. À partir de là, on peut imaginer que les personnes âgées seront astreintes de tout effort physique et de ce fait qu’une société très vieillissante puisse être compatible avec cet encadrement fait que d’intelligence artificielle", renseigne Aurélien Allard.
Pour cet anthropologue, le gouvernement japonais ne se voilerait pas la face et se projetterait même sur un Japon bien plus vieillissant. En même temps, "le passé nous a appris à ne pas lancer des messages alarmistes et natalistes. On ne peut plus dire aux gens de faire des enfants, comme on l’a fait auparavant", insiste Esther Rizzi.
Le risque, si l’on ne regarde que l’aspect nataliste, est qu’on perde de vue les causes de cette baisse de natalité.
Si cette dénatalité provoque à bien des égards des déséquilibres, il importe, selon elle, de réduire les obstacles rencontrés lors de la transition à l’âge adulte. "Les questions de genre et d’incertitude économique rencontrées par les jeunes doivent être prises en compte. Le risque, si l’on ne regarde que l’aspect nataliste, est qu’on perde de vue les causes de cette baisse de natalité", développe la professeure en démographie.
Cette dernière plaide donc pour un changement culturel mais aussi une prise en compte "des obstacles à la réalisation des choix de fécondité". "On est quand même dans des sociétés qui savent s’adapter." Pour cette raison, Esther Rizzi ne se veut pas alarmante.
Et puis à l’heure où les conséquences du dérèglement climatique ne font que s’accélérer, on peut se demander si la solution se situe réellement dans davantage de procréation et donc dans le surpeuplement de la planète.
"Les grandes villes du Japon, à commencer par Tokyo, sont surpeuplées. De ce point de vue, est-ce une mauvaise chose ? On peut penser aux épidémies, comme le Covid. Le fait d’avoir des populations très concentrées, ça accentue ce type de problèmes. Après c’est un vaste débat…", conclut Aurélien Allard.