En se réveillant ce matin, Paul Magnette a dû penser être dans Un jour sans fin. Dans ce film Bill Murray, revit la même journée encore et encore. Les présidents changent mais, c’est toujours le même réveil, et la même journée. Elio di Rupo ou Paul Magnette ont connu les mêmes séquences. La journée commence normalement, une affaire tombe dessus, on gère l’urgence, on promet des lendemains plus sains "J’en ai marre de parvenus" disait Elio di Rupo, "J’Je serai Roberspierre" disait Paul Magnette, le soir arrive, demain sera un autre jour.
Et puis, non en fait, demain n’est pas un autre jour. Après l’affaire Agusta des années 90, les socialistes pensaient en avoir fini. Puis le réveil a sonné. La douche de Marie Arena, l’affaire Donfut, la Carolo, l’ISPPC, le Samusocial, Happart et l’aéroport de Liege, Publifin et aujourd’hui le Greffier et l’affaire du Parlement européen où les noms de deux socialistes belges sont cités.
Précisons que bien sûr des affaires il y en a eu d’autres qui ne concernaient pas le PS. Le procès de Serge Kubla (MR) qui s’ouvre cette semaine, ou l’affaire De Decker (MR) sont là pour le prouver. Précisions aussi que l'affaire du Greffier n'a rien de socialiste en soi. Elle concerne d’autres partis, mais qui sont souvent moins exposés.
La crédibilité de Magnette
Elio di Rupo avait perdu en crédibilité face à la répétition des affaires. Paul Magnette risque-t-il la même chose ? Oui évidemment. Paul Magnette qui a commencé sa carrière politique en étant envoyé par Elio di Rupo à Charleroi comme nettoyeur, se retrouve aujourd’hui dans la position inconfortable d’Elio di Rupo. Il est obligé de composer entre les tendances au sein du PS, respecter la présomption d’innocence, défendre ses troupes et tenir compte de l’opinion publique et des médias.
Une composition difficile dans laquelle Paul Magnette s’est montré fébrile. La séquence de la démission de Jean Claude Marcourt est assez interpellante. Une interview à Jeudi en Prime ou il dit que "l’ignorance n’est pas une faute", puis le lendemain une demande de démission collective. Sur les affaires du Parlement européen, ou la justice est intervenue, la commission de vigilance s’est très vite réunie sur le cas de Marc Tarabella et l’a suspendu. Mais cette affaire-là n’est pas encore terminée, loin de là.
La vie large
Paul Magnette fait donc face à une tempête de scandale alors qu’il tente de reconfigurer le PS. La presse flamande a déjà ressorti l’expression Partij Schandalig ou le PS semble redevenu très rapidement un repoussoir. Paul Magnette veut pourtant radicalement changer son parti, sur la forme et le fond, autour de l’écosocialisme.
Il a publié il y a quelques semaines un livre, "La Vie large", qui est un exercice doctrinal très qualitatif. Dans cet exercice théorique, pas grand monde en politique Belge ne parvient à l’égaler. Le professeur Paul Magnette va de conférence en conférence, en France notamment. Il explique partout son mantra, trouver une troisième voie entre consumérisme et ascétisme. Choisir une forme de sobriété socialiste en remettant en cause le consumérisme capitaliste.
Si pour Paul Magnette le socialisme passe par la sortie de l’argent roi, on comprend que le voyage à Dubaï, en business, de Jean Claude Marcourt fait mal, très mal, aussi légal qu’il soit. On comprend que le fait que les noms de deux socialistes belges soient cités dans des affaires de sacs Vuitton remplis de billets détruit complètement le message d’une sobriété assumée, d’une conscience des limites de l’argent et du capitalisme.
Écolo a profité des années de cette divergence entre discours et actes. Désormais c’est le PTB qui moissonne ce grand écart. Le PTB qui veut mettre fin, à sa manière, au jour sans fin des socialistes.