Dans le précieux manuscrit, qui est toujours conservé à la bibliothèque du Monastère de Montserrat, on trouve un bref chansonnier, composé de dix chants anonymes.
Une note, placée entre les deux premiers chants, précise sa mission : permettre aux pèlerins qui le souhaitent de rester éveillés et vigilants, la nuit comme le jour, en dansant et en chantant, dans l’église de la bienheureuse Vierge Noire. La seule condition étant que les chants et les danses demeurent décents, et pieux, prenant garde de ne pas déranger les fidèles qui sont dans la prière ou la contemplation.
Dans ces chants l’uniformité n’est pas de mise. Ni dans la composition (4 monodies, 6 polyphonies à 2,3 ou 4 voix), ni dans l’écriture, ni dans la langue utilisée (le latin liturgique pour 8 pièces, le catalan local, proche de l’occitan pour deux), ni dans les options chorégraphiques (4 chants s’accompagnent de rondes " Bal a redon" en catalan, cette danse en cercle où l’on se donne la main).
On retrouve des emprunts anciens, d’autres modernes, une hétérogénéité assumée, comme celle des pèlerins venus de tous les horizons, géographiques et sociaux, dans une réunion fraternelle, qui les unit également dans ces danses macabres qui gagnent les murs des églises.
Par-delà les siècles, les chants et danses qui firent vibrer l’abbatiale de Montserrat ont la saveur de la différence.