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Belgique

Le mariage homosexuel en Belgique fête ses 20 ans : il représentait 3% de l’ensemble des mariages en 2021

S’unir par les liens du mariage lorsque l’on forme un couple homosexuel en Belgique, c’est possible depuis maintenant vingt ans. Mais pouvoir marcher en direction de sa moitié au son de la marche nuptiale ne s'est pas fait en un jour.

Et oui, si la Belgique n’a jamais réprimé les relations homosexuelles entre majeurs, elle n’a pas non plus directement accepté le mariage gay. Dans les années 1990, les voix commencent à s’élever : la population concernée veut pouvoir bénéficier des mêmes droits que les couples hétérosexuels. "C’est surtout avec l’apparition de l’épidémie de sida que les luttes homosexuelles se sont répandues", nous explique David Paternotte, chargé de cours en sociologie à l’ULB. "En cas de décès, la famille de la victime reprenait tous ses effets personnels et le partenaire se retrouvait sans rien. C’est dans ce contexte que les gens ont pris conscience de l’importance du mariage."

Les choses évoluent positivement dès 1998. À l’époque, la Belgique valide la proposition de loi concernant le statut de "cohabitation légale" et rend la loi effective le 1er janvier 2000. Ce statut confère entre autres à toute personne – pour autant qu’elle ne soit pas mariée, qu’elle ne cohabite pas déjà légalement avec quelqu’un et qu’elle entre dans les conditions juridiques – le droit d’habiter avec sa moitié sans que son orientation sexuelle n’intervienne dans la protection juridique. Pour la communauté homosexuelle, c'est un grand pas en avant. Mais il faudra encore patienter quelques années pour égaler les couples hétérosexuels.

Ce n'est que le 30 janvier 2003 que la Chambre des Représentants prend une décision majeure : la Belgique, plus progressiste que jamais, devient le deuxième pays européen après les Pays-Bas à donner aux homosexuels l’opportunité de se dire "oui" en toute légalité et de bénéficier des mêmes avantages que les couples hétérosexuels… Ou presque. "Des avancées éthiques qui répondaient à de vieux combats ont pu être débloquées grâce à un changement politique", explique David Paternotte.

A l’époque en effet, le gouvernement Verhofstadt I (1999-2003) est le premier depuis 40 ans à voir le jour sans les démocrates-chrétiens (CVP et PSC). "Des questions telles que le mariage homosexuel, la consommation de cannabis ou encore l’euthanasie avaient été mises sur la table pour montrer à la population ce que cela faisait de gouverner sans les démocrates-chrétiens. La question du mariage homosexuel a pu être débloquée dans ce contexte."

Le Roi Albert II signe et promulgue la loi le 13 février 2003. Elle entre en vigueur le 1er juin 2003. Les couples gays égalent-il dès lors les hétéro ? Non, ils ne sont pas encore autorisés à adopter un enfant. Pour cela, il faudra attendre 2006.

​​​​​​​1000 mariages par an

Depuis, environ 2000 mariages homosexuels ont été célébrés chaque année entre 2003 et 2013, selon les statistiques de Statbel. Ensuite, c’est environ un millier de couples qui se sont passés la bague au doigt chaque année.

Ainsi selon les derniers chiffres disponibles, 1087 mariages entre personnes de même sexe ont été célébrés en Belgique en 2021, soit 3% de l'ensemble des mariages au pays de la frite. "Il n’y a pas de raz-de-marée sur les mariages gays", affirme David Paternotte. "Le mariage n’est plus une étape obligatoire dans la vie en société et ce que l’on soit homosexuel ou hétérosexuel."

Hors période covid, le nombre de mariages hétérosexuels reste cependant relativement stable, variant de 40.000 à 43.000 mariages célébrés chaque année environ, selon les chiffres de Statbel.

En revanche, le nombre de couples gays qui choisissent de s’installer en tant que cohabitants légaux et non en tant qu’époux(ses) reste stable depuis au moins 2017 (selon les chiffres disponibles) et tourne autour de 1.300 personnes (le constat est le même du côté des couples hétérosexuels avec plus de 35.000 personnes chaque année depuis 2017).

"La cohabitation légale reste majoritairement utilisée par les couples hétérosexuels", analyse le professeur. "Le statut peut être soit utilisé en guise de test avant le mariage, soit parce que les gens veulent une alternative au mariage, une union plus facile à dissoudre en cas de problèmes."

Il faut dire que les divorces restent importants chez les couples hétérosexuels. Selon Statbel, sur les 39.749 mariages prononcés en 2021, 22.156 se sont soldés par un divorce.

"Si l’on rapporte les événements à la cohorte de mariages dont ils sont issus, on observe que la divortialité reste constante : 4 mariages sur 10 se terminent par un divorce", écrivent-ils dans un rapport publié en octobre dernier.

Du côté des couples homosexuels, sur les 1.087 unions célébrées en 2021 dont nous parlions plus haut, 379 ont été dissoutes, soit un peu moins de 3 mariages sur 10.

"Les démographes qui ont travaillé sur cette différence montrent qu’il y a un effet de rattrapage. Le nombre de divorces homosexuels recensé les premières années est peu utilisable statistiquement puisque les gens qui avaient toujours voulu se marier en 2003 ont enfin pu le faire", avance David Paternotte.

Le nombre de divorce n’est donc pas représentatif d’une année dite "normale". "L’hypothèse, c’est que cet effet de rattrapage diminue dans quelques années pour atteindre une situation comparable à celle des couples de sexes différents."

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