"Le mentalisme, tout le monde peut en faire et tout le monde peut s’en servir dans la vie de tous les jours"

Il a recours par exemple au stock reading, basé sur les informations stockées dans notre mémoire, ou encore au forçage psychologique, qui provoque des réponses automatiques à des questions posées rapidement. La majorité des gens y répondront la même chose. Exemples.

Une couleur ? Le rouge.
Une fleur ? La rose.
Une oeuvre d’art ? La Joconde.
Deux chiffres inférieurs à 50 ? Ce sera souvent 47, 48, 25 ou 22.

Il est assez fascinant que ces automatismes soient ancrés aussi profondément et de façon massive chez les gens.

"Pour le rouge, ça s’explique très bien. Parce que le rouge, c’est la couleur du sang, c’est la couleur de l’interdit. Quand on était petit, dès qu’on faisait une erreur, c’était barré en rouge. C’est une couleur qui revient beaucoup, comme dans les panneaux de signalisation."

On a plein de choses qui nous impactent réellement mais auxquelles on ne fait pas vraiment attention. Et quand on sait les utiliser, on peut clairement bluffer les gens, ou même les manipuler... Mais ça, ça reste le côté sombre du mentalisme.

Un chapitre du livre est consacré à booster son cerveau, via toute une série de trucs pour mieux utiliser sa mémoire : des associations entre des sonorités, ou la table de rappel, pour retenir une longue série de chiffres, de numéros de téléphone ou de courses.

"C’est une méthode très puissante qui est utilisée par tous les meilleurs mémorisateurs. C’est une méthode très simple qui consiste à associer des chiffres avec des images. Et quand on sait associer tous ces chiffres avec des images, il suffit de créer des associations entre ces images.

Par exemple, si j’imagine que le 1, c’est un bâton, le 2 un cygne. Si j’imagine un bâton qui tape un cygne, j’aurai le chiffre 12 en tête. Et avec ça, on peut retenir des choses extraordinairement longues, parce que le cerveau fonctionne par associations."

C’est une méthode d’apprentissage intéressante aussi pour les cours. Pour le cours d’histoire, on peut utiliser par exemple la méthode du palais mental ou loci. On crée un grand lieu imaginaire, où on va ranger des éléments. Quand on sait bien l’utiliser, on gagne énormément de temps, notamment sur la révision et sur la mémorisation. Et cela reste ancré dans la mémoire sur le long terme, explique Charlie Haid.

Le chapitre 'Devenez un Jedi de la communication' fait davantage appel à la psychologie, par exemple sur l’intérêt d’étiqueter ses émotions. Des études très sérieuses ont montré que nommer ses émotions négatives permet de les atténuer, en rendant moins active la partie du cerveau qui gère les émotions.

On apprend aussi que, pour bien communiquer avec quelqu’un, il faut se connecter avec la personne, se synchroniser avec elle. Barack Obama serait un pro de cette technique. Il adopte tout le temps la même posture que son interlocuteur, la même façon de parler, le même vocabulaire.

"Cela crée un lien rapide. Il paraît tout de suite beaucoup plus sympathique."

Tout cela est assez ludique et permet de mieux se connaître. Mais quel est le sens que donne Charlie Haid à son métier ?

"En fait, mentaliste, en soi, ce n’est pas un métier. C’est ce qu’on va pouvoir en faire. Donc, je dirais que le métier que je fais, globalement, c’est utiliser le mentalisme pour faire d’autres choses, comme de la scène, écrire un livre, faire des vidéos. […] Et en fait, c’est plus une sorte de développement de mon mental, de ma façon d’agir, en lien avec le mentalisme."

En observant tous ces mécanismes communs à tous, on peut être interpellé quant à notre libre arbitre et se demander si on n’est pas tous conçu de la même façon, si on ne pense pas tous pareil.

La réponse de Charlie Haid est que cela dépend des cas. On a des automatismes, mais on est aussi tous différent. Et ce qui est intéressant, c’est de comprendre à quel moment on peut fonctionner de la même façon, et, quand ça ne fonctionne pas pareil, ce qui fait qu’on se différencie sur cette façon-là de penser.

En fait, c’est juste comprendre l’être humain qui est intéressant. Et c’est ce que permet en quelque sorte le livre.

Charlie Haid se considère comme un passeur de connaissances. Il adore se renseigner et vulgariser diverses études et informations. Mais ce qui le passionne particulièrement, c’est le cold reading ou lecture à froid, c’est-à-dire déduire des choses sur les gens et comprendre le fonctionnement de leur pensée en les observant. Il aimerait pousser et développer ses propres recherches sur le sujet.

C’est un peu faire le Sherlock Holmes de la vraie vie, en déduisant des choses sur les gens, en les observant. […] Ce sont des choses assez évidentes, mais quand on sait les interpréter, on peut avoir beaucoup d’informations.

► Quelques expériences à écouter ci-dessus, dans Le Mug