Tennis

Le mentor de Guga, rédemption, marathonienne : qui est Beatriz Haddad Maia demi-finaliste surprise à Roland-Garros ?

Première demi-finale en Grand Chelem pour la Brésilienne Haddad Maia, qui surprend Jabeur

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Par Martin Weynants

A 27 ans, Beatriz Haddad Maia est devenue la première Brésilienne à se hisser en demi-finale d’un grand chelem depuis Maria Bueno en 1968 à l’US Open. Le sommet d’une carrière tout sauf linéaire. Une trajectoire ralentie par les blessures et une suspension pour dopage avant un retour en forme de rédemption via le circuit ITF.

Fille et petite fille de joueuse de tennis de bon niveau national, Beatriz Haddad Maia tape ses premières balles à 5 ans. Le début d’histoire banal de beaucoup d’enfants. La suite le sera beaucoup moins. La gauchère de Sao Paulo est douée et dotée d’un sacré caractère. A 13 ans, Bia claque la porte de son club parce qu’il ne l’autorise pas à s’entraîner avec Larri Passos. Elle reste 4 ans auprès du mentor de Gustavo Kuerten. Guga l’idole. Le modèle.

"Bia et Guga sont pareils ! Elle est agressive, comme lui l’était. Enfoncer l’adversaire, le faire reculer pour s’ouvrir le court, voilà comment ils aiment jouer tous les deux. Ils sont issus de la même école (la sienne). Guga a fait partie du process. Il l’a stimulée, il est son inspiration, une sorte de parrain", raconte Passos à L’Equipe.

Juniore de bon niveau (15e mondiale), elle atteint deux fois la finale du double à Roland-Garros. Elle passe pro dans la foulée, fait ses débuts sur le circuit WTA en 2015, goûte aux Majeurs via les qualifs pendant deux saisons. En 2017, elle entre dans son premier tableau principal à Roland-Garros. Année où elle intègre le Top 100.

La suspension puis le rebond

Sa progression régulière connaît un énorme coup d’arrêt en 2019. Elle est suspendue 10 mois après un contrôle positif à un agent anabolisant. L’enquête conclut à une erreur humaine de la pharmacie. La claque est d’autant plus dure à encaisser. Mais Haddad Maia ne se laisse pas abattre.

Le rebond post suspension est à la hauteur de sa déception. Elle revient sur le circuit en septembre 2020. Animée par la rage de prouver qu’elle n’est pas finie, elle écume les ITF au Portugal et renverse tout sur son passage. Six tournois, quatre titres pour un bilan de 27 victoires et deux défaites. Seule l’Espagnole Georgina Garcia Perez parvient à résister à l’ouragan brésilien. En six semaines, elle bondit de… 1000 places au classement WTA. Elle pointe à la 362e place. Les sommets sont encore loin, mais elle est sortie des abîmes. Elle va bientôt revoir la lumière.

La gauchère de Sao Paulo termine l’année 2020 au 358e rang. Elle est 82e douze mois plus tard, 15e fin 2022. Entre-temps, Bia a glané ses premiers titres. Dans un nouvel enchaînement dont elle a le secret. Demi-finale à Eastbourne, victoires Nottingham et Birmingham, le gazon anglais lui réussit bien à la fin du printemps. Même si elle cale au deuxième tour de Wimbledon. Son plafond de verre en Grand Chelem avant ce Roland-Garros magique.

Sa régularité la mène jusqu’à la 12e place mondiale. Haddad Maia, c’est la fille qui est toujours là mais dont les résultats n’accrochent pas nécessairement le regard de non-spécialiste. Cette saison, elle fait demie à Abu Dhabi, quarts à Doha, Rome et Madrid. Sur la terre battue espagnole elle est balayée sans ménagement par Ons Jabeur (6-3, 6-0).

Pas de quoi en faire, une favorite en puissance pour Roland-Garros. Insuffisant même pour la cataloguer parmi les potentielles surprises. C’est ce qui fait aussi que l’histoire est belle. Sur l’ocre parisien, Beatriz démontre aussi toute sa force de caractère, sans doute façonnée par son parcours tortueux. Jamais, elle n’a lâché. Pas après sa suspension, pas après ses blessures ou ses quatre opérations.

Un tournoi en mode marathonienne

Son tournoi parisien est à l’image de sa carrière. A l’exception d’un premier tour expéditif, l'élève de Rafael Paciaroni doit batailler à chaque tour. Elle aligne les matches marathons et les retournements de situations. Entre le simple et le double, elle a passé près de 15 heures sur les courts de la Porte d’Auteuil. Pas idéal avant de défier Iga Swiatek, N.1 mondiale et double lauréate du tournoi.

Mais avec son 1m85, son grand coup droit, une mobilité intéressante et surtout la confiance engrangée, la Brésilienne a les armes pour bousculer la favorite polonaise. "Niveau tennis, Bia est certainement l’une des joueuses les plus complètes du circuit. Elle a un arsenal adapté à la terre. Elle a des hauts et des bas mais c’est normal chez les filles. C’est seulement sa deuxième vraie saison sur le tour, car elle a été ralentie par les blessures. Ce qu’elle réalise à Roland-Garros n’est pas une surprise pour moi", assure Passos, toujours à L’Equipe.

"J’ai travaillé toute ma vie pour vivre ce genre de moments, a lâché Haddad Maia après sa qualification pour le dernier carré. J’ai essayé de suivre mon plan de jeu et de m’appuyer sur ma condition physique pour l’emporter."

La Brésilienne a perdu le premier set lors des trois tours précédents. Elle s’est toujours relevée. Le fil rouge de sa carrière.

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