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Le Messie ou la renaissance de Georg Friedrich Haendel

Georg Friedrich Haendel

© Leemage / UIG via Getty Images

Le Messie est certainement l’oratorio le plus connu de Georg Friedrich Haendel et si cette œuvre jouit d’une popularité hors-norme, l’histoire de sa création est tout aussi extraordinaire.

Le livret miraculeux

En 1741, Haendel approche de la soixantaine. Il se remet difficilement d’une paralysie partielle causée par une attaque cérébrale. Les échecs successifs de ses derniers opéras lui ont fait perdre beaucoup d’argent et il est épuisé par les cabales incessantes menées contre lui. Son moral est au plus bas, il n’a plus aucune inspiration et il passe toutes ses soirées à boire et à errer dans les rues de Londres.

Et c’est un paquet livré chez lui par le poète Charles Jennens qui sortira le compositeur de sa torpeur. Le fameux paquet contient un livret, celui du Messie que vient d’écrire Charles Jennens. Ce dernier est formel, Haendel doit mettre en musique ce texte au plus vite, car c’est la volonté de Dieu.

Et si Haendel est tout d’abord réticent, lui qui déteste qu’on lui dise quoi faire, le compositeur se met néanmoins à la lecture du livret. Et un miracle se produit ! Lui qui se sentait abandonné de tous, va être profondément ému par certains passages du texte relatant la vie de Jésus.

Haendel est transporté par un élan mystique fulgurant. Toute sa flamme créatrice se ranime et le plonge dans un état de transe créatrice. Pendant plus de trois semaines, Haendel compose jour et nuit, sans presque rien manger ni boire, fondant en larmes dans un état quasi extatique.

La partition enfin achevée, Haendel dort pendant 17 heures d’un sommeil semi-comateux. Un sommeil qui en inquiète plus d’un. Le croyant à l’agonie, on fait appeler un médecin. Mais après 17 heures de sommeil ô combien nécessaire, Haendel se réveille et réclame à manger. Il engloutit une quantité invraisemblable de nourriture, allume sa pipe et commence à réfléchir aux moyens de créer rapidement son oratorio.

Une œuvre porteuse d’espoir

Boycotté à Londres, Haendel décide de se rendre à Dublin où on l’accueille les bras ouverts. Tous les billets se vendent instantanément et on demande même aux dames de ne pas mettre de panier sous leur robe et aux hommes de venir sans leur épée pour gagner de la place et installer le plus de monde possible.

La première a lieu le vendredi 13 avril 1742, pour le temps de Pâques – ce n’est d’ailleurs qu’après la mort du compositeur que s’instaure la tradition de jouer le Messie d’Haendel pendant le temps de l’Avent, en décembre. La première de l’œuvre est un véritable triomphe !

Cependant, Haendel va refuser d’en tirer un quelconque profit financier. Il est intimement convaincu que si une force divine l’a sorti de sa profonde tristesse, c’est pour qu’il puisse offrir à l’humanité une œuvre porteuse d’espoir. De son vivant, les recettes de chaque représentation furent donc systématiquement reversées à des œuvres de charité et après sa mort, tous les droits d’auteur de l’oratorio furent légués par testament à l’Hospice des enfants abandonnés de Londres.

Haendel retrouve définitivement la pleine mesure de son génie et renoue avec la fortune et la gloire.

On raconte que le soir du 6 avril 1759, le compositeur fait un malaise alors qu’il assistait à une représentation du Messie à Covent Garden.

En reprenant ses esprits, il aurait déclaré, sentant probablement sa fin approcher, qu’il aimerait mourir un Vendredi saint. Quelques jours plus tard, il pousse son dernier soupir à 74 ans, le vendredi 13 avril 1759, jour du Vendredi saint et anniversaire de la création de son chef-d’œuvre.

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