Cinéma

Le monde merveilleux de Wes Anderson

Le réalisateur, scénariste et producteur américain Wes Anderson lors de la 74e édition du Festival de Cannes pour la présentation de son film "The French Dispatch", le 13 juillet 2021.

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Le réalisateur américain Wes Anderson ne fait ni des comédies, ni des drames, ni des films d’aventure. Il fait du Wes Anderson. Une recette cinématographique à nulle autre pareille, teintée de folie douce et qu’il pousse plus loin que jamais avec "The French Dispatch".

THE FRENCH DISPATCH Bande Annonce (2020) Timothée Chalamet, Wes Anderson

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L’auteur de "The Grand Budapest Hotel" ou "À bord du Darjeeling Limited" ne fait rien comme les autres : à Cannes en juillet, où "The French Dispatch" était présenté, c’est à bord d’un bus que le casting XXL de son film a débarqué pour enflammer le tapis rouge.

Bill Murray, Tilda Swinton, Wes Anderson et Timothée Chalamet à  la 74e édition du Festival de Cannes pour la présentation du film "The French Dispatch", le 13 juillet 2021.

Le fidèle Bill Murray était là, qui balade de film en film son flegme et son air pince-sans-rire, panama sur la tête. L’accompagnaient aussi Tilda Swinton, Adrien Brody et Owen Wilson, autres fidèles "andersoniens", et des convertis récents, comme Timothée Chalamet et Benicio del Toro, comme un résumé de l’univers à la fois hype et décalé de Wes Anderson.

Son film concentre le savoir-faire inimitable de ce magicien de l’image, lointain héritier de Méliès obsédé par le détail et la symétrie, qu’il a cultivés depuis ses débuts, avec "La famille Tenenbaum" ou "La vie aquatique".

"J’ai mes personnages, je veux leur construire un monde et faire entrer le spectateur dedans", poursuit celui qui aime "travailler dans (son) petit espace séparé de l’industrie".

Car peu de réalisateurs sont à ce point associés à un style aussi spécifique, parsemé de personnages obsessionnels.

"Même si mes films peuvent parfois sembler un peu byzantins et complexes, tout ce que je veux faire, c’est raconter une histoire de façon conventionnelle",

a expliqué Wes Anderson à l’AFP à Cannes.

- "Un type facile" -

Pour y parvenir, Wes Anderson a su garder un contrôle artistique total sur ses créations. "J’ai mon groupe de personnes avec qui je travaille, on travaille dans notre propre espace, un peu séparé de l’industrie. C’est peut-être aussi pour ça que je ne travaille pas souvent aux États-Unis", a-t-il ajouté.

Ces fidèles "tournent dans ses films parce que c’est marrant", explique le critique britannique Dorian Lynskey à l’AFP.

"C’est un type facile, qui produit pourtant une esthétique totale, qu’on imaginerait plutôt associée avec un réalisateur difficile".

Nommé sept fois aux Oscars, mais jamais lauréat, cet ovni d’Hollywood concourrait pour la deuxième fois pour la Palme d’Or à Cannes, après "Moonrise Kingdom" en 2012.

Si son univers est tendre, le ton est parfois faussement enfantin, chez ce réalisateur marqué par le divorce de ses parents à l’âge de huit ans. Son œuvre est traversée par les drames de la vie : l’abandon, le suicide, la perte des illusions… Certains de ces thèmes, mais aussi l’enfermement ou l’enlèvement, affleurent aussi dans "The French Dispatch".

Son cinéma est parfois qualifié de maniéré, taillé pour les hipsters avec son goût pour le clin d’œil ironique et le désuet, et la carte postale sépia de la France des années 1960 qu’il livre pourra agacer. Mais ses images ont eu une large influence, de la décoration intérieure aux pubs pour Gucci. Un compte Instagram, "Accidentally Wes Anderson" recense d’ailleurs les photos de lieux réels qui mériteraient de figurer dans ses films.

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