Le 1er mai, jour de la fête du Travail, vous recevrez et/ou offrirez du muguet, cette petite fleur porte-bonheur. D’où vient cette tradition ? Comment le cultiver dans son jardin ? Quelle est sa toxicité ? Luc Noël répond à toutes ces questions.
Un bond en arrière dans le temps
La tradition d’offrir des brins de muguet ne date pas d’hier. Remontons le temps jusqu’au début du XXe siècle. A la date du 1er mai, les couturiers parisiens ont pris l’habitude d’offrir du muguet à leurs petites mains. La grande mode des dimanches au bord de l’eau au son de l’accordéon a vite donné de l’ampleur à cette petite célébration du retour des beaux jours. D’autant que les horticulteurs avaient saisi la balle au bond : le muguet fut bientôt largement disponible et vendu partout dans la rue. C’est en 1941 qu’il est devenu la fleur de la fête du Travail en France, et un peu plus tard en Belgique, remplaçant l’églantine écarlate jugée trop rouge par le Maréchal Pétain.
Des clochettes porte-bonheur au jardin
A l’état sauvage, le muguet – Convallaria majalis – pousse dans des zones mi-ombragées et ombragées à l’ambiance de sous-bois. Au jardin, il faut ne faut donc pas le planter dans une situation chaude et ensoleillée.
Quand le planter ?
Au printemps, vous le trouverez en godet dans les jardineries. Il peut être mis en pleine terre tel quel. Arrosez-le bien, déposez-le dans un trou réalisé dans le sol et il devrait repartir pour vous offrir des fleurs au printemps suivant.
En automne, les griffes (rhizomes) de muguet sont vendues dans des sachets remplis de tourbe pour les protéger de la lumière et les garder hydratés. Creusez des trous d’environ 10 cm de profondeur et distants de 10 cm les uns des autres. Installez-y le rhizome (ou griffe) pointe vers le haut et recouvrez de terre que vous tasserez légèrement. Arrosez abondamment. Au printemps suivant, lorsque les rhizomes ont germé, arrosez pour lui offrir un sol humide.
S’il se plaît bien, il s’étend…
Au fil des ans, lentement mais sûrement, le muguet qui est une vivace forme un tapis. Comment peut-il s’étendre ? Chaque plante possède une tige souterraine, un rhizome, qui s’allonge sous le sol d’année en année. Au printemps, le jeune rhizome produit des feuilles et des floraisons avec ces petites clochettes caractéristiques avant de poursuivre son chemin tandis que la partie du rhizome développée l’année passée se fane et disparaît. Durant l’hiver, le muguet qui subsiste par le biais de son rhizome est ainsi une plante entre deux tiges, l’une à venir et l’autre à mourir. Installez-le dans un endroit où il ne risque pas d’étouffer d’autres plantations.
Au fil des bonds du rhizome, le muguet serait-il immortel ? Dans certains vieux jardins, il semble être installé depuis toujours, les rhizomes sillonnant sans cesse la même zone de sol frais.
Le muguet du jardin peut-il s’offrir le 1er mai ?
Oui mais à condition qu’il pousse dans une situation abritée des vents froids et seulement si le printemps est doux. Cette année 2023, avec le redoux qui se fait attendre, c’est raté ! Souvent chez nous, les délicates clochettes blanches censées nous porter bonheur le premier jour de mai ne sont jamais particulièrement épanouies à cette date. Le retard du muguet vendus chez nous vient de la région de Nantes, en France, où les pépiniéristes sont spécialistes de la culture du muguet. La Belgique compte dix jours de retard par rapport à l’Île-de-France pourtant proche.
Pas que blanc le muguet
Il existe plus de vingt variétés de muguet hybrides qui offrent notamment des clochettes roses. Certains muguets ont un feuillage panaché ou des fleurs doubles.
Il faut savoir que ces hybrides n’ont pas le parfum tant recherché du muguet à fleurs blanches.
Attention danger !
Toutes les parties du muguet ont le malheur d’être toxiques, même l’eau du vase. Les substances tonicardiaques qu’il contient sont tellement puissantes que mâchonner des fleurs ou des feuilles peut avoir de graves conséquences comme des troubles digestifs et cardiaques, voire un arrêt cardiaque dans le pire des cas.
Les symptômes les plus fréquents sont des vomissements, des diarrhées, des douleurs abdominales, des irritations de la bouche ou encore des problèmes respiratoires. Il est donc important de garder les jeunes enfants et les animaux domestiques à distance de cette belle plante.
En cas d’ingestion accidentelle, n’hésitez pas à contacter le Centre Antipoisons au 070.245.245.