Exposition

Le musée Charles Dickens lève le voile sur le brouillard londonien, poétique et toxique à la fois

Le fog londonien sur Big Ben

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Les Londoniens sont habitués à voir apparaître du brouillard au-dessus de la Tamise en hiver et en automne. Ce phénomène météorologique a marqué de nombreux artistes britanniques, dont l’écrivain Charles Dickens. Une exposition revient sur le rapport qu’entretenait le romancier anglais avec le fameux "fog".

Le brouillard londonien est mentionné dans de nombreux livres de Dickens, y compris Un chant de Noël, Le Magasin d’antiquités et L’ami commun. Mais il est surtout au centre de La Maison d’Âpre-Vent. L’auteur anglais l’a publié en vingt feuilletons entre mars 1852 et septembre 1853, avant d’en faire un seul et même tome. Dickens ne se doutait certainement pas que le Royaume-Uni allait connaître l’un des pires épisodes de pollution atmosphérique de son histoire, un siècle après la publication de La Maison d’Âpre-Vent.

Entre les 5 et 9 décembre 1952, un épais brouillard d’une étrange couleur jaune et noire — le "smog"— s’est abattu sur la capitale anglaise. Cette brume était si dense qu’elle a provoqué le décès de 12.000 personnes, principalement des enfants et des personnes âgées, des suites d’infections des bronches, de pneumonies et de bronchites. Les victimes ont été empoisonnées par un mélange de polluants atmosphériques constitué surtout de dioxyde de soufre, de particules fines, d’ozone et de goudrons.

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Le brouillard au coeur de "l’expérience londonienne du XIXe siècle"

Le brouillard londonien est au centre de l’exposition "Dickens and the London fog", qui se tiendra dès le 29 mars au musée Charles-Dickens de Londres. Elle est articulée autour de lettres, fragments de manuscrits, illustrations et objets qui témoignent de l’impact du brouillard sur les Londoniens au XIXème siècle, dont Dickens. "Dickens a écrit sur ce qu’il voyait, et [le brouillard] est un élément si important de l’expérience londonienne au XIXe siècle — on ne pouvait pas vivre à Londres sans en être victime", a déclaré Frankie Kubicki, conservateur principal du musée Charles-Dickens, au Guardian.

Dickens s’est servi de ce phénomène météorologique pour nourrir ses intrigues. Sous sa plume, le brouillard devient une présence menaçante qui témoigne des paradoxes d’une ville où les plus pauvres côtoient de grandes fortunes. Mais la fumée pouvait également être perçue sous un prisme plus positif. "Alors que la pollution est souvent utilisée par Dickens pour représenter une force malveillante ou un personnage douteux, les feux de charbon et les lampadaires à gaz scintillants de Londres sont des images chaleureuses et nostalgiques, qui réconfortaient les Londoniens", a expliqué Frankie Kubicki au quotidien anglais.

L’exposition "Dickens and the London fog" s’intéresse également sur la manière dont Londres a tenté de lutter contre la pollution atmosphérique durant les deux derniers siècles. Les différents maires de la ville en ont fait un enjeu majeur de leurs mandats respectifs. Cela a conduit à l’introduction de nombreuses restrictions au trafic automobile et à la création d’un système de péage urbain pour la plupart des véhicules. À cela s’ajoute la zone à ultra basse émission mise en place entre 2019 et 2021 dans le centre historique. Autant d’initiatives qui montrent que la capitale anglaise a su tirer les enseignements du "smog" de 1952.

L’exposition "Dickens and the London fog" se tiendra entre le 29 mars et le 22 octobre au musée Charles-Dickens de Londres.

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