Déclic

Le nationalisme en Ukraine est-il devenu inquiétant depuis le début de la guerre ?

Le débat

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L’Union Européenne voit-elle la guerre en Ukraine de manière trop manichéenne malgré les accusations qui portent sur les affinités nationalistes qu’on prête à ce pays ? Coline Maestracci, doctorante au Cevipol à l’ULB et spécialiste de l’Ukraine et Sébastien Gobert, journaliste à La Libre et auteur du livre Ukraine, héros malgré eux ont exposé leur point de vue sur la question dans Déclic.

Pour certains, l’Union Européenne se fonde trop sur une vision binaire du conflit et oublie la question du nationalisme ukrainien, voire même celle de la collaboration de l’Ukraine avec les nazis.

Le nationalisme ukrainien doit être vu comme une défense de la nation

Pour Coline Maestracci, on fait un amalgame entre nationalisme, extrême droite et néonazisme au sujet de l’Ukraine : "Aujourd’hui et depuis quelques années en Ukraine, il y a un nationalisme exacerbé qu’il faut comprendre dans un contexte de guerre, qui a lieu depuis 2014 sur le territoire ukrainien. Cette guerre remet en question l’existence même de l’État ukrainien. Se dire nationaliste pour les Ukrainiens c’est simplement se positionner pour le maintien de l’État ukrainien et de la nation ukrainienne". Ce nationalisme se manifeste donc dans la population "mais pas aux dépens d’un attachement à la démocratie, à l’état de droit".

À l’inverse, malgré l’existence du régiment Azov dont les chefs sont néonazis, l’extrême droite au sens politique est très faible. "Aux dernières élections présidentielles, le parti d’extrême droite a fait moins de 2% des suffrages et aux législatives moins de 3%. Si on a pu avoir une visibilité de certains groupes de l’extrême droite, cela ne veut pas dire que cela représente une force politique".

Des soldats du régiment Azov honorent la mémoire de leurs frères d’armes sur la place Sofiyska, à Kiev, 13 novembre 2022.
Des soldats du régiment Azov honorent la mémoire de leurs frères d’armes sur la place Sofiyska, à Kiev, 13 novembre 2022. © Yevhen Kotenko / Ukrinform/Future Publishing via Getty Images

Stepan Bandera, l’extrémiste ukrainien qui divise l’opinion

Des Ukrainiens commémorent le 114e anniversaire de Stepan Bandera, chef de l'Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN-B) à Ivano-Frankivsk, dans l'ouest de l'Ukraine, 1er janvier 2023.

Une partie de la population valorise le personnage controversé qu’était Stepan Bandera. Ce chef nationaliste ukrainien a collaboré avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale pour lutter pour l’indépendance ukrainienne. Mais d’après Sébastien Gobert, qui a vécu de 2011 à 2022 en Ukraine, cette frange qui glorifie Bandera est minime. Il insiste davantage sur la pluralité des opinions présente en Ukraine. "Autant il y a quelques années on trouvait des statues de Lénine dans tous les villages d’Ukraine, autant on ne trouve pas de statues de Bandera dans tous les villages d’Ukraine. Il y en a par-ci par-là, mais les collectivités locales ont toute la liberté de mettre une statue ou de renommer une rue en l’honneur de Bandera et on voit que beaucoup d’entre elles ne le font pas. C’est un pays qui vit, un pays de débats et de controverses".

Par ailleurs, pour la doctorante de l’ULB, les Ukrainiens ne se rattachent pas à "son parcours et idéologie politique, mais à son attachement à l’indépendance de l’Ukraine". En outre, 300.000 Ukrainiens ont combattu du côté de l’Allemagne nazie et… 4 millions du côté des Soviétiques, contrairement à la prétendue généalogie nazie ukrainienne dressée par Poutine sur l’Ukraine.

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