L'Histoire continue

Le nébuleux destin de Toon Van Overstraeten, le sénateur de la Volksunie élu au Parlement wallon

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Par Bertrand Henne via

Il y a des jours comme ça, où par hasard, un inconnu se retrouve au centre de l’attention, au mauvais endroit, au mauvais moment. C’est ce qui est arrivé à Toon Van Overstraeten. Ce sénateur flamand, ancien volontaire de la Légion Flamande pendant la Seconde Guerre mondiale sur le front de l’Est, s’est retrouvé, par les mystères du système belge, élu au Parlement wallon, appelé à l’époque Conseil régional wallon, en 1985.


► Cet article est mis à jour dans le cadre d’une rediffusion estivale des épisodes de la saison 2022-2023 de L’Histoire continue sur La Première, du lundi au vendredi, de 13h à 14h.


Pas de chance, avec son seul siège il a bloqué la constitution de la majorité qui se dessinait à Namur, une majorité historique qui voulait se passer des socialistes, tout puissants. Alors, par un coup de force, l’assemblée a exclu l’élu flamand, pourtant légalement élu au seul motif qu’il n’était pas wallon. Voici l’histoire, rocambolesque, du nébuleux destin de Toon Van Overstraeten.

Une crise politique que ne peut pas résoudre la Justice

C’est donc l’histoire d’un sénateur nationaliste flamand élu par la grâce d’un système électoral baroque en Wallonie, celui de l'apparentement au Conseil régional wallon. Il devient le caillou dans la chaussure du Parlement, qui empêche malgré lui la constitution d’une majorité et crée une véritable crise institutionnelle et politique. Un peu oubliée aujourd’hui, l’histoire de Toon Van Overstraeten, membre de la Volksunie, a suscité bien des palabres au milieu des années 80.

Comme ça, cette histoire peut paraître anecdotique. Elle constitue pourtant une page tout à fait originale de notre histoire politique. Elle raconte les débuts parfois compliqués des régions au sein de l’État. Mais c’est aussi un cas très singulier et quasiment unique au sein du Conseil régional wallon, où un élu a été empêché de siéger, exclu par la police militaire de l’enceinte alors que les électeurs l’avaient pourtant envoyé : ses recours en Justice ne donnent aucun résultat, les tribunaux se déclarant incompétents face à la décision d’une assemblée législative. Une exclusion fondée sur le seul bon vouloir des autres élus (comme l’avait fait le Conseil culturel de la Communauté française, en 1979, avec l’élue PVV de Nivelles). En effet, son élection était entièrement valide et légale.

Derrière cette “histoire belge” qui prête à sourire, une question toujours très actuelle : les différents parlements valident eux-mêmes l’élection de leurs membres. Au nom de la séparation des pouvoirs, les tribunaux ne peuvent intervenir, même si un acte illégal est commis. Aujourd’hui, le problème de la vérification des pouvoirs par le Parlement lui-même reste entier. La Cour européenne des droits de l’homme a d’ailleurs récemment condamné la Belgique sur ce point.

Invité du Podcast : Paul Piret, journaliste émérite de la Libre Belgique et du Vers L’avenir et Christian Behrendt, constitutionnaliste à l’ULiège.

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