Englué dans le marasme politique et économique, secoué par des coups d'Etat depuis des décennies ou des manifestations hostiles au pouvoir militaire, le Soudan peine à gérer ses ressources hydriques.
Chaque année, des pluies diluviennes s'y abattent, faisant encore cet été près de 150 morts et emportant des villages entiers, sans pour autant aider aux cultures, faute d'un système d'agriculture et de stockage ou de recyclage des eaux pluviales.
Aujourd'hui, la faim menace un tiers des habitants.
Le pays a pourtant longtemps été un acteur majeur des marchés mondiaux du coton, de l'arachide ou de la gomme arabique. Grâce aux petits canaux d'irrigation creusés à l'époque coloniale, un faible débit suffisait pour que l'eau s'engouffre et vienne nourrir ses terres fertiles. Le système, qui devait être développé avec le Grand plan d'irrigation d'al-Jazira, a fait long feu depuis longtemps.
Les champs cultivés sous la houlette de l'Etat dirigiste et clientéliste du dictateur Omar el-Béchir renversé en 2019 ne sont plus que jachère. A la place, les familles cultivent concombres ou poivrons sur de petites parcelles.
Comme le Soudan, les pays riverains du Nil (Burundi, République démocratique du Congo, Egypte, Ethiopie, Kenya, Ouganda, Rwanda, Soudan du Sud et Tanzanie) sont tous en queue de peloton au classement ND-GAIN de la vulnérabilité au changement climatique.
Pour Callist Tindimugaya, du ministère ougandais de l'Eau et de l'Environnement, "l'impact du réchauffement va être énorme"."Si nous avons des pluies rares mais drues, nous subirons des inondations. Si nous avons de longues périodes sans pluie, alors nous aurons moins de ressources en eau." Or, martèle le responsable, "on ne peut pas survivre sans eau".