La Grande Forme

Le nouveau mal du siècle : le technostress

Exhausted young man with laptop in office

© Getty Images

Par Daphné Fanon via

Qui n’a jamais consulté ses mails ou répondu à un appel de son patron en dehors de ses heures de travail ? Les outils de communication technologiques sont de plus en plus nombreux et sont généralement vecteurs de stress. Le droit à la déconnexion devient de plus en plus difficile à assurer et ce n’est pas bon pour la santé. Le point avec Philippe Verdoot, psychiatre dans une unité pour jeunes adultes et chef d’unité à la Clinique Fond’Roy à Epsylon.

Pour mieux comprendre ce qu’est le "technostress", Philippe Verdoot tient à définir ce qu’est le stress ; à la base, le stress n’est ni un symptôme, ni une pathologie. Il s’agit plutôt d’une stratégie d’adaptation lorsque nous sommes face à des contraintes. Il peut dès lors être très positif, mais aussi devenir négatif. Le stress devient pathologique lorsqu’il est trop fréquent et/ou engendre de l’anxiété, une dépression ou un burn-out. Dans ce cas, le stress génère du mal-être et même des douleurs physiques lorsqu’il est trop présent. 

Apparu au début de l’informatique, le technostress est une variation du stress. Ce stress est induit par utilisation des nouvelles technologies, ramenées au sein du monde professionnel. On remarque aussi l’augmentation de l’usage de l’informatique dans la sphère privée.

L’impréparation et le changement régulier causés par l’apparition des nouvelles technologies peuvent induire énormément de stress. On vous prépare à un programme et puis deux ans après, on change. La complexité est à double tranchant : les outils informatiques sont créés pour simplifier la tâche des utilisateurs mais on en rajoute de plus en plus. Avant on devait simplement répondre aux mails. Maintenant, il y a Whastapp, Messenger, Instagram, etc.

À cause de ces technologies, la surcharge est devenue la règle. En nous déchargeant de petites tâches répétitives, on nous a donné d’autres tâches à faire. On nous demande d’être de plus en plus multitâches, alors que les êtres humains ne le sont pas par nature. Certaines personnes ont simplement la capacité de passer plus vite d’une tâche à l’autre.

Différents types de technostress

L’informatique est censée améliorer notre travail et notre productivité. Sauf qu’avec l’invasion de programmes pas toujours connectés les uns aux autres, l’information est source de surcharge mentaleLe sentiment d’insécurité est très clair. Depuis plusieurs années, on nous annonce même que certains humains risquent d’être remplacés par des machines. Pour certains métiers, c’est d’autant plus angoissant. Il existe plusieurs sources de technostress :

  • La non-fiabilité : on ressent du stress lorsque l’outil informatique ne fonctionne plus. S’il y a une panne de réseau dans votre quartier par exemple, vous pourriez attendre qu’il revienne. A la place, vous vous sentez stressé et pressé.
  • La techno-surcharge : les nouvelles technologies obligent les gens à travailler plus et plus rapidement.

  • La techno-invasion : avoir le sentiment qu’il faut toujours être connecté en permanence pour ne rien rater. Chez les jeunes, ce sentiment est très fort avec les réseaux sociaux. La "nomophobie" est la crainte de ne plus avoir de batterie sur son portable et par conséquent, de rater quelque chose.

  • La techno-complexité : lorsqu’ils sont confrontés à un problème, il faut sans cesse chercher une assistance technique. On complexifie des situations qui étaient beaucoup plus simples avant.

  • La techno-insécurité : les gens se sentent menacés de perdre leur emploi, au profit de ceux qui comprennent mieux les nouveaux appareils informatiques.

  • La techno-incertitude : le progrès technologique continue sans cesse. Les employés sentent que leurs connaissances sont toujours inutiles ou pas suffisantes.

© Getty images

Comment gérer ça ?

La gestion du stress est personnelle à chacun. Mais pour les personnes qui souffrent de cette problématique, il existe quelques pistes pour aller mieux :

  • L’éducation aux médias et aux technologies. Beaucoup considèrent que l’informatique est une chose facile d’accès. Ils se privent donc de formations. Or, on doit pouvoir se faire aider au travail et ne pas se sentir envahis. Se former au niveau professionnel en parlant avec le service informatique peut être une bonne chose.
  • Il faut s’autoriser des moments de déconnexion. Aller se promener sans prendre son portable avec soi, par exemple.
  • S’écouter et écouter ses émotions. À partir du moment où on commence à se dire "J’erre sur Internet sans but depuis 1 heure" alors, on essaye d’arrêter. Le cerveau a énormément de mal à se décrocher des écrans. Il est donc important de repérer ses émotions.
  • Il existe des systèmes pour se déconnecter. Par exemple, mettre son portable en silencieux durant plusieurs heures. Ou encore, quitter les conversations intempestives.
  • Si le stress devient pathologique, il ne faut pas hésiter à demander une aide psychologique. Si vous ressentez de l’anxiété, un épuisement psychique et que vous êtes dace à votre ordinateur sans savoir ce que vous devez faire, ça peut être le signe d’une techno-anxiété.

On doit avoir le droit à la déconnexion et pouvoir mettre une frontière entre vie privée et professionnelle est essentiel.

Retrouvez "La Grande Forme" en direct du lundi au vendredi de 13h à 14h30 sur VivaCité. Vous avez manqué l’émission ? Nous vous invitons à la revoir sur Auvio ainsi que sur différentes plateformes de Podcast telles que : Pocket Casts, Podcast addict, Google Podcast ou encore Apple Podcast.

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