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Le pape Benoît XVI est décédé à l’âge de 95 ans : retour sur une vie de théologien et de polémiques (photos et vidéos)

Décès Benoît XVI

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Il aura marqué l’histoire de la chrétienté. Benoît XVI, de son vrai nom Joseph Ratzinger, s’est éteint ce 31 décembre à l’âge de 95 ans.

"J’ai la douleur de vous annoncer que le pape émérite, Benoît XVI, est décédé aujourd’hui à 09H34, au Monastère Mater Ecclesiae, au Vatican. D’autres informations vous seront communiquées dès que possible", a annoncé dans un communiqué le directeur du service de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni.

Le pape François, son successeur, est à présent le seul souverain pontife au Vatican.

Deux papes sur une même photo, le 19 novembre 2016
Deux papes sur une même photo, le 19 novembre 2016 © HO – AFP

Benoît XVI, c’est une vie de prières et d’études, pour un homme, que l’on qualifie d’humble et timide et qui ne désirait pas ardemment arriver au sommet de l’Eglise. Succédant à Jean-Paul II en 2005, il faut le considérer comme un pape conservateur. Retiré dans la lecture et l’écriture depuis son abdication en 2013, le Pape François avait annoncé il y a peu sa maladie et ses prières pour lui.

Retour sur la biographie du Bavarois, riche en grands moments, entre succès, paroles fortes et polémiques.

Une renonciation historique

Lui qui avait l’image d’un pape conservateur collée à la peau depuis le début de son pontificat a fait preuve, en cet hiver 2013, d’un fameux sens de l’innovation. Il décida de se retirer de ses fonctions. Le dernier à l’avoir fait avant lui ? Grégoire XII, en 1415. Il dit sa vigueur amoindrie, et sur la pointe des pieds, sans tambours ni tralalas, s’en va. D’abord pour deux mois à Castel Gandolfo, puis pour un petit monastère au sein même du Vatican. C’est là qu’il se retirera. Il consacrera à présent sa vie à la lecture et à l’écriture, activités que ce pape savant a toujours affectionnées entre toutes. Nous sommes le 28 février 2013. Peut-être Benoît XVI garde-t-il en mémoire la longue agonie de son prédécesseur, Jean-Paul II, qui, des années durant, a fait parler d’elle via les images diffusées sur les écrans du monde entier ?

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La vie avant le Vatican

Joseph Ratzinger n’a pas rêvé devenir pape. Même pas numéro deux de la chrétienté. Pourtant, l’humble évêque de Ratisbonne montera dans la hiérarchie de l’Eglise, inexorablement. Fils d’un gendarme, il naît le 16 avril 1927 à Marktl, localité bavaroise à deux pas de la frontière autrichienne. Ses parents sont de fervents catholiques, et il est le cadet de trois enfants. Dont son frère Georg, très proche de lui. Ils seront tous deux ordonnés prêtres en 1951. Mgr Georg Ratzinger est mort le 1er juillet 2020 à Ratisbonne. Il avait entre autres dirigé pendant 30 ans le célèbre chœur "les Moineaux de la cathédrale". Il était âgé de 96 ans.

La famille Ratzinger en 1951 à Freising, en Bavière (Allemagne) – Joseph, le futur Benoît XVI, est en haut à droite.
La famille Ratzinger en 1951 à Freising, en Bavière (Allemagne) – Joseph, le futur Benoît XVI, est en haut à droite. © HO – AFP
Joseph Alois Ratzinger partant pour l'école, en 1932

Les heures sombres

Mais avant cela, ce fut des temps troublés. Ses parents étaient farouchement anti-hitlériens. Affichés. Son père voit en Hitler un "antéchrist annonciateur de temps apocalyptiques", dira plus tard celui qui entrera au séminaire en 1939.

En 1943, le jeune Joseph Ratzinger faisait partie (de force) des jeunesses hitlériennes, comme la majorité des jeunes allemands de son âge

Mais cela n’empêcha pas le petit Joseph de devoir, de force, faire partie des jeunesses hitlériennes. Il a alors 14 ans. Un peu après, ce sera la DCA, puis la Wehrmarcht. Le dernier pontife ayant connu le deuxième conflit mondial personnellement n’a jamais cessé de dénoncer les totalitarismes. Et celui qui sera surnommé plus tard le "Panzercardinal", malgré de fortes pressions de ses supérieurs, refusera d’entrer, à la fin de la guerre, dans la Waffen SS. Il maintiendra vouloir être prêtre. Et rien d’autre. Les autres jeunes hommes se moquent de lui. Il quitte donc l’uniforme mais sera quand même bientôt fait prisonnier par les Américains. Il passera quelques mois dans un camp de prisonniers.

N’ayant jamais fait partie du parti nazi, Joseph Ratzinger gardera toute sa vie un profond traumatisme de cette période noire de l’Histoire.

Benoît XVI à Auschwitz, en 2006, un symbole fort
Benoît XVI à Auschwitz, en 2006, un symbole fort © ALBERTO PIZZOLI / POOL – BELGAIMAGE
Joseph Ratzinger ordonné archevêque de Munich par l'archevêque de Berlin le 28 mai 1977

Etudes et Bavière

Quelques années plus tard, il est à présent prêtre. Le truc de Joseph Ratzinger, c’est l’étude et la pensée. Théologie et philosophie le passionneront toute sa vie durant. Bientôt viendra l’heure du Concile Vatican II, véritable tremblement de terre dans une Eglise qui en sortira dépoussiérée en profondeur. Et le théologien allemand, dans ces années 60 de changements, est perçu comme un fervent partisan d’une approche résolument… progressiste. Ce n’est que dans la décennie suivant que viendra le tournant conservateur. Mai 1968 et ses nouvelles valeurs le troublent, ça a été trop loin. Il prêchera à présent plutôt un retour à l’ordre moral. Joseph Ratzinger et sa pensée, très érudite, plaisent. En haut lieu aussi. 1977, voilà, par la volonté de Paul VI, celui qui donne cours à l’université de Ratsibonne propulsé archevêque de Munich.

Bières bavaroises pour l'anniversaire du pape Benoit XVI

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L’éminence grise

Il ne fallut pas quatre ans pour que l’archevêque soit appelé par la Ville Eternelle. C’est le nouveau pape, un certain Jean-Paul II, qui le prie de venir à ces côtés. Le Polonais qui va bientôt marquer de son empreinte la communication de l’Eglise, son rapport à la modernité et le monde, le prend sous son aile. Jean-Paul II voudrait le nommer préfet de la Congrégation de la foi. Après un refus, Ratzinger accédera à sa demande (en fait… imposée) en 1985. Il est le numéro deux de l’Eglise catholique.

L’archevêque de Munich lors d’une interview dans son palais à Munich – 1980
L’archevêque de Munich lors d’une interview dans son palais à Munich – 1980 © Getty

"Pontifex Maximus"

Il aurait préféré rester dans l’ombre. Mais arrive ce conclave de 2005. Jean-Paul II est décédé. Dans la Chapelle Sixtine, les prélats vont nommer son successeur. Et contrairement à ce qui se passera 8 ans plus tard, où un certain François créera la surprise -, le conclave de 2005 sera d’une rapidité rare. Un jour et quelques heures seulement. La fumée blanche s’élève dans le ciel romain. Archi-favori, c’est Joseph Ratzinger qui est élu.

Durant le conclave, j’ai demandé à Dieu de m’éviter la guillotine de mon élection, mais il ne m’a pas écouté.

Cette phrase, il la dira quelques jours plus tard. Celui qui inspira peut-être le cinéaste Nanni Moretti pour son film Habemus Papam sorti quelques années plus tard (où c’est un Michel Piccoli, qui, devenu pape, cède à la panique), est pris de vertige face à l’ampleur de la tâche.

Priez pour moi, pour que je ne fuie pas, par peur, devant les loups

Et Joseph Ratzinger ne fuira pas. Il sera dorénavant Benoît XVI. Le 19 avril 2005, il est à présent le 265e pape.

Habemus Papam ! Le 19 avril 2005 au balcon de la Basilique Saint-Pierre de Rome
Habemus Papam ! Le 19 avril 2005 au balcon de la Basilique Saint-Pierre de Rome © PATRICK HERTZOG – AFP

Le Pape Benoît XVI au Mexique: sombrero et mariachis

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Pape et polémiques

Benoît XVI était donc d’une nature beaucoup moins extravertie que son prédécesseur sur le trône de Pierre. Et il ne fallut pas attendre très longtemps pour qu’il se prenne, avec fracas, les pieds dans le tapis.

Le discours de Ratisbonne

12 septembre 2006. Le pape est de retour dans sa Bavière natale, à Ratisbonne. A l’Université, il prononce un discours, traitant du rapport entre foi et raison. Un des passages sera très, mais alors très mal interprété. Citant une discussion concernant le rapport entre le christianisme et l’Islam, il reprend les mots que Manuel II Paléologue, un empereur byzantin du début du XVe siècle a prononcés à un savant originaire de Perse. L’impérial discours est celui-ci : "Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu y trouveras seulement des choses mauvaises et inhumaines". La phrase, sortie du contexte d’un discours "brillant" – selon les dires des spécialistes —, provoquera un tollé. Notamment dans le monde musulman. L’erreur de communication, flagrante, va engendrer nombre de réactions. Le souverain pontife, intellectuel de grand talent, devra dorénavant faire très attention à sa façon de communiquer.

Néanmoins, le dialogue entre les religions sera, sous le pontificat de Benoît XVI, bien présent.

 

Le retour des Lefebvristes

Dès le début du pontificat, le contact est repris avec la polémique Fraternité Saint Pie X. Le rapprochement avec les intégristes se poursuit encore en janvier 2009, lorsqu’il lève l’excommunication qui frappait quatre prêtres de la frange des Lefebvristes. Les critiques doublent en vigueur à cause d’une évidente erreur de timing. En effet, quelques semaines auparavant, un des intéressés, Richard Williamson, avait remis en cause l’existence de la Shoah. Tollé mondial, qui passa entre autres par la chancelière allemande Angela Merkel.

Benoît XVI a toujours voulu faire revenir la Fraternité Saint Pie X dans le giron de l’Eglise catholique (voir cet article du Point de 2013). Alors que durant son passé, il refusera catégoriquement une telle tolérance envers le courant marxiste, ce "deux poids deux mesures" lui aura été vivement reproché.

 

(In) curie romaine

Benoît XVI aura toutes les peines du monde à mettre de l’ordre dans les affaires vaticanes (comme on le fera par la suite dans l’affaire du Vatileaks). Pire, il se montrera souvent tellement solitaire qu’il paraîtra bien souvent désintéressé de ces affaires terrestres.

Le pape François s’essayera, dès son arrivée et avec bien plus d’ardeur, à la réforme de cette opaque Curie, non sans mal toutes fois…

Mais malgré ça, des efforts ont été notés dans le domaine de la transparence et de lutte contre le blanchiment d’argent. Du côté de l’IOR ("Institut des œuvres de religion", soit la "banque" du Vatican), le ménage a essayé d’être fait. Le pape François a aussi tenté de continuer sur la lancée.

Sujet de notre journal télévisé du 11 février 2013

Benoit XVI : les controverses

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Les questions éthiques

Réclamés par un nombre croissant de croyants, des changements de doctrine dans le domaine de la société et de l’éthique, il n’y en aura pas pendant son pontificat. Benoît XVI restera arc-bouté sur son conservatisme. Euthanasie, procréation assistée, accès à la communion pour les divorcés, testament biologique, homosexualité… Il n’y aura guère d’avancée dans ces sujets.

Côté "capote", il reste aussi sur la même ligne que son prédécesseur. Le préservatif est, selon lui "contre-productif pour la lutte contre le Sida", déclarera-t-il dans un avion l’emmenant en Afrique… Le Pape François, progressiste, aura un avis un brin plus nuancé quelques années plus tard

Une sombre affaire entachera aussi son pontificat lorsqu’en 2009, l’affaire de l’excommunication d’une mère brésilienne parce qu’elle avait fait avorter sa fille de 9 ans tombée enceinte après avoir été abusée par son beau-père fera réagir le monde entier (voir l’article de Libération de l’époque).

Récemment, il demandera également à son successeur François de ne pas ordonner prêtres des hommes mariés.

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Le pardon ne remplace pas la justice

Cette phrase a été prononcée par Benoît XVI au sujet des affaires d’abus sexuels dans l’Eglise. Car le pontificat fut aussi marqué par des vagues de révélations et une multiplication d’affaires de pédophilie. Irlande, Etats-Unis, Allemagne, Italie, Australie, un véritable déferlement. Dans ce domaine, le pape s’est montré dès le début très ferme. Dénonçant "les saletés de l’Eglise", il dira bientôt "Un pédophile ne peut pas être prêtre". Qualifiant la pédophilie de "fléau", il dira néanmoins qu’elle n’est pas propre à l’Eglise. Le pape condamnera fermement les prêtres coupables et les évêques responsables et il ira au contact de victimes un peu partout sur la planète.

Pour de nombreux observateurs, c’est plutôt du côté de Jean-Paul II que des griefs plus importants peuvent être imputés. Le précédent pape avait en effet souvent fait preuve d’un silence assourdissant sur le sujet (alors que Joseph Ratzinger lui, avait tenté en 1995 d’instruire des actions à l’encontre de prêtres pédophiles). Mais Benoît XVI n’est pas exempt cependant de critiques : il aurait essayé de couvrir un prêtre californien dans les années 80, ainsi que son frère Georg, qui aurait fermé les yeux sur de terribles agissements qui ont eu lieu durant des décennies au sein du chœur catholique de Ratisbonne.

Le Vatileaks, derniers tourments

Ils sont peu à faire partie de la "garde rapprochée" du pape. Une dizaine de personnes entoure ce pape solitaire, qui, tous les mardis, passe la journée dans son bureau pour écrire. Parmi eux, Paolo Gabriele, son majordome. Surnommé "Paoletto" par un Benoît XVI qui l’apprécie, celui-ci va pourtant provoquer un cyclone au Vatican. Des documents qui ne devaient pas être révélés, et dont le souverain pontife avait connaissance, se retrouvent dans la presse. Un grand déballage. Antipathies entre prélats, coups bas, scandales financiers et sexuels, avec au milieu de tout cela un pape faible et manipulé par son secrétaire d’Etat (sorte de "Premier ministre") Bertone. Benoît XVI en est profondément meurtri. Il avait déjà en ce moment pensé à abdiquer, mais attendra encore un an, afin de ne pas avoir l’air de s’en aller durant cette affaire des fuites du Vatileaks.

 

Archives JT d’avril 2012 :

Italie : Crise au Vatican

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Quand l’affaire peu à peu se calme, Benoît XVI choisi son moment pour quitter la (s) cène. Fait, rappelons-le, extrêmement rare dans l’histoire, il renonce. Le soir même de sa tonitruante annonce, la foudre s’abat sur le Vatican. Certains y voient un signe. Et un espoir de ce que certains considèrent comme un "Pontificatus horribilis" soit enfin terminé.

La foudre tombe sur la basilique Saint-Pierre à l’annonce de la démission papale (extrait JT)

La foudre sur le Vatican après l'annonce du pape

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Les deux papes

En 2013, c’est donc le retrait. François, vu comme réformiste et progressiste, créera la surprise en sortant pape d’un conclave nettement plus échevelé que 8 ans auparavant. Le suspens était total, et tous les pronostics ont été déjoués. Qu’à cela ne tienne, Benoît XVI lui, est bien parti. Retrouvant ses livres et son stylo, il écrira, retiré du monde et de ses turpitudes. Et une période des "deux papes" de s’ouvrir.

 
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Les deux souverains pontifes se cotoyeront quelques fois. Tout d’abord à Castel Gondolfo puis au Vatican, où dès le 2 mai 2013 Benoît XVI entre au monastère. Ils assisteront notamment à deux à la canonisation des papes Jean XXIII et Jean-Paul II en avril 2014 (Ce qui nous fait… quatre papes, donc ! ).

Discret, Benoît XVI le restera tout au long de sa retraite. Mis à part sa sortie médiatique non-désirée lors de la sortie du livre du cardinal Sarah en 2020. Des profondeurs de nos cœurs, qui ne plaira pas des masses à François. Le nom papal sera retiré finalement de l’ouvrage.

Extrait JT du 14 janvier 2020 :

Prêtres mariés : la guerre des papes

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Affiche du film dans les rues de Londres

Dans les rues de Londres, en janvier 2020Les deux religieux auront une vie aussi… sur grand écran. Les Deux Papes sera nommé trois fois aux Oscars. Il met en scène Anthony Hopkins pour incarner le pape allemand et Jonathan Pryce pour son successeur argentin.

"Pardon"

Début 2022, le pape émérite rattrapé par le drame de la pédocriminalité dans l’Eglise. Mis en cause par un rapport en Allemagne sur sa gestion des violences sexuelles lorsqu’il était archevêque de Munich, il était sorti de son silence pour demander "pardon" mais avait assuré ne jamais avoir couvert de pédocriminel. En novembre dernier, il s’est dit prêt à témoigner dans un procès pour abus d’enfant dans son pays natal.

Un prélat cérébral et solitaire

Benoît XVI laissera sans doute derrière lui l’image d’un prélat conservateur, sorte de "pape de transition" entre deux personnages extrêmement charismatiques et réformistes. Cérébral, humble et solitaire, Joseph Ratzinger laisse derrière lui un pontificat difficile, dans une Eglise en proie à une crise de conscience et de confiance, qu’il a cependant essayé de faire rayonner vaille que vaille.

Benoît XVI le 22 février 2014
Benoît XVI le 22 février 2014 © 2014 Getty Images
Benoît XVI, né Joseph Ratzinger, est décédé. Il était né le 16 avril 1927 à Marktl, en Bavière
Benoît XVI, né Joseph Ratzinger, est décédé. Il était né le 16 avril 1927 à Marktl, en Bavière © AFP/BELGA

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