Benoît XVI était donc d’une nature beaucoup moins extravertie que son prédécesseur sur le trône de Pierre. Et il ne fallut pas attendre très longtemps pour qu’il se prenne, avec fracas, les pieds dans le tapis.
Le discours de Ratisbonne
12 septembre 2006. Le pape est de retour dans sa Bavière natale, à Ratisbonne. A l’Université, il prononce un discours, traitant du rapport entre foi et raison. Un des passages sera très, mais alors très mal interprété. Citant une discussion concernant le rapport entre le christianisme et l’Islam, il reprend les mots que Manuel II Paléologue, un empereur byzantin du début du XVe siècle a prononcés à un savant originaire de Perse. L’impérial discours est celui-ci : "Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu y trouveras seulement des choses mauvaises et inhumaines". La phrase, sortie du contexte d’un discours "brillant" – selon les dires des spécialistes —, provoquera un tollé. Notamment dans le monde musulman. L’erreur de communication, flagrante, va engendrer nombre de réactions. Le souverain pontife, intellectuel de grand talent, devra dorénavant faire très attention à sa façon de communiquer.
Néanmoins, le dialogue entre les religions sera, sous le pontificat de Benoît XVI, bien présent.
Le retour des Lefebvristes
Dès le début du pontificat, le contact est repris avec la polémique Fraternité Saint Pie X. Le rapprochement avec les intégristes se poursuit encore en janvier 2009, lorsqu’il lève l’excommunication qui frappait quatre prêtres de la frange des Lefebvristes. Les critiques doublent en vigueur à cause d’une évidente erreur de timing. En effet, quelques semaines auparavant, un des intéressés, Richard Williamson, avait remis en cause l’existence de la Shoah. Tollé mondial, qui passa entre autres par la chancelière allemande Angela Merkel.
Benoît XVI a toujours voulu faire revenir la Fraternité Saint Pie X dans le giron de l’Eglise catholique (voir cet article du Point de 2013). Alors que durant son passé, il refusera catégoriquement une telle tolérance envers le courant marxiste, ce "deux poids deux mesures" lui aura été vivement reproché.
(In) curie romaine
Benoît XVI aura toutes les peines du monde à mettre de l’ordre dans les affaires vaticanes (comme on le fera par la suite dans l’affaire du Vatileaks). Pire, il se montrera souvent tellement solitaire qu’il paraîtra bien souvent désintéressé de ces affaires terrestres.
Le pape François s’essayera, dès son arrivée et avec bien plus d’ardeur, à la réforme de cette opaque Curie, non sans mal toutes fois…