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Le pape réforme l’Opus Dei et prive son chef du titre d’évêque

Un prêtre arrive à l'Université pontificale de la Sainte-Croix de l'Opus Dei, le 2 décembre 2005, à Rome, en Italie.

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Par Belga édité par Renaud Verstraete

L’Opus Dei mise au pas : le décret du pape François réformant l’influente et conservatrice organisation catholique, parfois critiquée pour son fonctionnement opaque et "sectaire", est entré en vigueur jeudi.

Surtout présente en Europe et en Amérique du Sud, "L’Oeuvre de Dieu" – traduction de son nom latin – s’est vue accorder en 1982 par Jean-Paul II le statut – unique – de "prélature personnelle". L’Oeuvre est ainsi devenue une sorte de super-diocèse sans territoire, régi à la fois par le droit canon et ses propres statuts, et rendant compte au pape.

Une véritable mise à distance

Concrètement, dans son "Motu Proprio", un décret personnel du souverain pontife, François réduit le pouvoir et l’indépendance de la puissante organisation, et opère une véritable mise à distance entre l’Opus Dei et lui, observent certains vaticanistes.

Le document pontifical, titré "Ad charisma tuendum" (Pour protéger le charisme), en vigueur à partir de jeudi et diffusé en juillet, indique que les prérogatives papales sur la prélature personnelle sont confiées au Dicastère – l’équivalent d’un ministère – pour le Clergé.

Chaque année, au lieu de tous les cinq actuellement, l’Opus Dei devra présenter à cet organe un rapport sur la situation interne et le déroulement de son travail apostolique.

"Certains ont interprété les dispositions du Saint-Siège en termes de rétrogradation ou de perte de pouvoir", a admis à l’AFP Manuel Sanchez, du bureau de presse de l’Opus Dei. "Ce type de dialectique ne nous intéresse pas, car pour un catholique, l’utilisation de catégories de pouvoir ou mondaines n’a pas de sens", a-t-il assuré.

Jorge Bergoglio, qui depuis son arrivée à la papauté en 2013 s’est engagé à réformer la Curie romaine, le gouvernement central de l’Église, a approuvé plusieurs mesures pour moderniser et assurer une plus grande transparence au sein de l’institution.

Pour Jesús Bastante, du site spécialisé espagnol Religión Digital, 40 ans après l’élévation de l’Opus Dei au titre de prélature personnelle par Jean-Paul II, "François cherche à en finir avec une structure excessivement hiérarchique".

Déchu du titre d’évêque

Selon certaines interprétations du texte, le chef de l’Opus Dei ne sera plus considéré comme un évêque et ne pourra pas porter les vêtements épiscopaux.

Le chef de l’Opus Dei, Fernando Ocariz, avait indiqué en juillet sur le site internet de l’Oeuvre que son titre d’évêque "n’était pas et n’est pas nécessaire à la conduite des affaires de l’Opus Dei".

La forme de gouvernement de l’Opus Dei sera "davantage basée sur le charisme que sur l’autorité hiérarchique", a souligné François dans son document.

Fondée en 1928 en Espagne par un jeune prêtre, Josémaria Escriva de Balaguer (1902-1975), l’organisation compte près de 90.000 membres de 80 pays, principalement en Europe et en Amérique – dont 1.900 prêtres. Son fief demeure l’Espagne, où son rôle sous la dictature de Franco reste controversé.

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