Nick Kyrgios a confirmé son retour au premier plan ce mercredi en éliminant Stefanos Tsitsipas (5-7, 6-2, 6-4) au deuxième tour du tournoi de Halle. S’offrir un des cadors du tennis mondial, c’est devenu une habitude pour le showman australien qui n’est pourtant que 65e joueur mondial.
Kyrgios face au Top 8 : Seul Nadal peut le regarder de haut
En début de saison à l’Open d’Australie, Kyrgios avait fait trembler Daniil Medvedev avant de s’incliner de justesse au 2e tour. Le Russe, N°1 mondial, avait alors conquis sa première victoire en trois confrontations contre l’Australien.
Kyrgios, 27 ans, est également en ballotage favorable avec la plupart des autres membres du Top 8 actuel. Les confrontations face à Alexander Zverev (4 victoires à 3), à Novak Djokovic (2-0), à Stefanos Tsitsipas (3-1) et Andrey Rublev (2-1) lui ont jusqu’ici souri. Il est en revanche à égalité avec Casper Ruud (1-1) et Carlos Alcaraz, qu’il n’a pas encore affronté.
Parmi les meilleurs joueurs actuels sur la planète tennis, seul Rafael Nadal peut se targuer d’avoir pris le dessus le plus souvent (6-3). Roger Federer (ATP 68) s’est lui aussi imposé 6 fois face à l’Australien, vainqueur à une seule reprise face au Suisse.
Kyrgios est par ailleurs le seul joueur dans l’histoire à avoir battu Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic lors de leur premier affrontement.
Fragilité mentale et descente aux enfers ont miné son classement
Comment donc expliquer qu’un joueur de cette trempe, capable de rivaliser avec n’importe quel joueur du circuit, n’occupe que la 65e place au ranking ATP ?
Adulé par certains pour la qualité de son tennis et une impertinence rafraîchissante, haï par d’autres pour ses comportements borderline qui font régulièrement le buzz, Kyrgios n’est que trop rarement parvenu à exploiter son énorme potentiel.
L’Australien était pourtant parvenu à se hisser à la 13e place du ranking ATP en 2016 alors qu’il n’avait que 21 ans. Déjà inconstant et fantasque à l’époque, il avait alterné le bon et le moins bon pour se maintenir dans les alentours du Top 20 jusqu’en 2018.
Incapable de se hisser où on l’attendait (il n’a jamais disputé de demi-finale en Grand-Chelem), Kyrgios a commencé sa descente aux enfers dès 2019.
"La plupart des gens pensaient que j’allais bien sur le plan mental et que je profitais de la vie… c’était l’une des périodes les plus sombres", déclarait-il en février à propos de son année 2019, confessant au passage dépression, alcoolisme, dépendance aux drogues et automutilation.
Une période noire, agrémentée de blessures et d’un mal-être lié au covid, qui l’a progressivement fait sortir du Top 100.
Retour aux affaires et nouvel espoir en 2022
Toujours dans le creux lors d’une saison 2021 qu’il avait stoppé prématurément, Kyrgios a repris sa carrière en main cet hiver. C’est donc chez lui à l’Open d’Australie en janvier dernier qu’il a débuté sa remontée au classement ATP.
Après avoir repris confiance malgré l’élimination contre Medvedev au 2e tour, l’Australien a surtout pris du plaisir à la Rod Laver Arena. Engagé en double aux côtés de son ami Thanasi Kokkinakis, il a enflammé le public australien pour finalement s’offrir un premier titre en Grand Chelem.
Plus serein, plus concentré – et sa nouvelle relation sentimentale y contribue probablement – Kyrgios a continué sur sa lancée dans les mois suivants. A Indian Wells, il s’est notamment offert Casper Ruud avant d’échouer de justesse en quart de finale face à Rafael Nadal.
Au Masters de Miami, il a ensuite écarté Fabio Fognini et Andrey Rublev pour finalement buter sur Jannik Sinner. En avril, c’est à Houston que Kyrgios s’est illustré pour atteindre les demi-finales.
Un tout bon bilan pour Kyrigios qui a ensuite mis sa raquette de côté pour faire l’impasse sur la saison sur terre battue (NDLR : il n’a pas participé aux 5 dernières éditions de Roland-Garros).
Revenu aux affaires la semaine dernière à Stuttgart pour la saison sur herbe, l’Australien a brillamment atteint la demi-finale où il s’est incliné face à Andy Murray suite à un coup de sang (ou plutôt plusieurs) provoqué entre-autres par des insultes racistes provenant du public.
Engagé à Halle, il va désormais tenter de s’offrir une deuxième demi-finale consécutive. Pour y parvenir, il devra écarter l’Espagnol Pablo Carreno Busta (ATP 30) ce vendredi.