A Bruxelles, les écoles peinent à trouver des professeurs, et parmi les sections les plus difficiles à fournir il y a les cours de néerlandais. Cette situation pousse les écoles à être inventives pour recruter. C’est le cas à Cardinal Mercier, où une procédure dite de “permis unique” a rendu possible l’embauche de Romuald Amoussouga comme professeur de néerlandais.
Dans une classe de 3ème secondaire, section professionnelle de l’école Cardinal Mercier à Schaerbeek, Romuald Amoussouga tente d’expliquer le participe passé en néerlandais à ses élèves. Non sans peine. "C'est une langue difficile, avec beaucoup d'irrégularités (...) les élèves, qui sont pour la plupart d'origine étrangère ont souvent du mal à accepter cette langue" explique-t-il.
Je suis venu ici […] avec comme objectif de devenir prêtre
Depuis deux mois, Romuald a rejoint les rangs des professeurs de cette école au nord de Bruxelles. Une tournure un peu inattendue au regard de son parcours. “Je suis venu ici [ndlr : en Belgique] d’abord en tant qu’étudiant, avec comme objectif de devenir prêtre. Ce qui m’a amené à étudier le néerlandais, c’est pour éviter aussi la barrière linguistique, pour me permettre de pouvoir dire la messe des deux côtés, en Wallonie et en Flandres” explique ce béninois de 32 ans, arrivé en Belgique il y a 5 ans. Finalement après diverses expériences dans des communautés religieuses en Belgique, Romuald se redirige vers la philosophie et un master en éthique à l'université de Louvain-la-Neuve.
Quelques années plus tard, diplômé en philosophie et ayant étudié en partie en néerlandais, Romuald Amoussouga profite de ses connaissances de la langue de Vondel, acquises au gré de ses études, pour postuler comme professeur. Dans le même temps, il débute une formation à finalité didactique à l'Université libre de Bruxelles.
Une procédure d’embauche plus simple pour les métiers en pénurie
Rapidement après l’avoir rencontré, la direction de Cardinal Mercier fait les démarches pour régulariser la situation de Romuald, alors étudiant, “Au départ il n’avait pas de permis de travail, donc on a dû faire toutes les démarches administratives pour qu’il puisse donner cours” explique Philippe Cassart, secrétaire de direction à Cardinal Mercier.
Une loi votée au parlement fédéral le mois dernier permet à présent aux employeurs d’embaucher pour les métiers en pénurie des ressortissants de pays situés en dehors de l'union européenne – en séjour légal en Belgique – en leur délivrant un permis unique. C'est notamment grâce à cette loi que Romuald Amoussouga a reçu un permis de travail rapidement, et qu'il pourra désormais être rémunéré directement par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Selon la direction de l'école, le permis unique doit par contre être renouvelé chaque année, et il ne peut pas l'être plus de 5 fois. Malgré tout, Romuald Amoussouga est heureux d'avoir été engagé,
De nombreuses heures de néerlandais toujours perdues
Pour l’école Cardinal Mercier, cette procédure était un peu la dernière chance pour remplir ce poste ce professeur de néerlandais resté vacant depuis septembre. Dans cette école, comme dans beaucoup d’autres dans la capitale, la situation est compliquée. "Il y a vraiment une pénurie énorme au niveau du cours de néerlandais. C’est bien simple, on a encore ici trois professeurs qu’on doit remplacer, et il n’y a personne pour les remplacer" lance le secrétaire de direction, Philippe Cassart. Au total, cela représente 66 heures de néerlandais qui ne sont pas données chaque semaine. Et dans cette école à plus de 800 élèves, ce n’est pas toujours possible de garder les élèves à l’étude. Une grande partie d’entre eux sont renvoyés chez eux.