Elle a eu l’honneur d’être la première femme appelée à portraiturer un président de sénat belge. Son tableau est toujours accroché aux cimaises de l’une des galeries du parlement. Et, pour la conservatrice du patrimoine de cette vénérable institution, son œuvre mériterait de revenir en pleine lumière.
Sophie Wittemans : "Les raisons pour lesquelles Charles Magnette a demandé à Marguerite Radoux de peindre son portrait officiel restent vagues. Il existe un lien de parenté entre leurs deux familles, mais il est très indirect. Il est probable qu’il a pu apprécier son talent lors de ses expositions en cité ardente." D’où l’idée d’organiser, avec le directeur des musées de la ville, une rétrospective, sans doute à l’automne de l’an prochain. Mais auparavant, il faut tenter de retrouver ses tableaux et ses dessins. Près de cent cinquante ont été répertoriés, mais une trentaine, seulement, localisés.
Marguerite Radoux est née, à la fin du dix-neuvième siècle, dans une famille liégeoise très musicienne. Son père, Jean-Théodore, est le directeur du conservatoire. Son frère Charles est compositeur. Elle chante, elle est soprane. Mais elle préfère s’exprimer sur une toile. Elle s’inscrit à l’académie des beaux-arts, et au tournant des années mille neuf cent, elle connaît une période faste : plus de cinquante expositions, jusque dans la capitale française. Mais comme souvent avec les artistes femmes, elle n’a pas été très "achetée": elle est pratiquement absente des collections publiques. D’où cet appel au public : si vous avez à la maison l’une ou l’autre peinture postimpressionniste ou fauviste, vérifiez donc dans les coins. C’est peut-être signé Marguerite Radoux.