On n'est pas des pigeons

Le permis à points bientôt en vigueur en Belgique ?

Par Cathline Delvaux

Le permis à points est remis sur la table du gouvernement fédéral, notamment suite au drame survenu en mars dernier à Strépy-Bracquegnies. Ce mercredi 20 avril 2022, la commission Mobilité analysait la proposition de loi du CD&V visant à mettre en œuvre et activer le permis à points en Belgique. 

La Belgique adoptera-t-elle bientôt le permis à points comme en France?
La Belgique adoptera-t-elle bientôt le permis à points comme en France? © Getty images - Gwengoat

C'est un avant-projet qui figurait dans la déclaration de politique générale du ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open Vld). Le but premier de ce système est de lutter contre l’insécurité routière. Les Belges sont-ils pour ou contre ? On vous a posé la question.

Les Belges plutôt défavorables au permis à points

Avec un système de permis à points, les mauvais conducteurs se voient retirer des points à chaque infraction. Ces derniers sont déterminés en fonction de la gravité de l’infraction. Un cumul d’infractions sur une courte durée entraîne un retrait de permis systématique. Un permis qui pourrait être instauré en Belgique. 

La plupart des avis sont défavorables. Seulement 30% des Wallons y sont favorables et 50% en Flandre. Un tel système représente trop de stress, trop de paperasse pour certains automobilistes. D’autres craignent de perdre trop rapidement leur permis. "Avec la zone 30 généralisée, on va perdre trois points ici, trois autres là-bas. Imaginez à la fin de la journée, avec quelques excès de vitesse, on n’a déjà plus de permis”, nous confie un automobiliste à Bruxelles. 

Le but principal du permis à points est de repérer et sanctionner les récidivistes.

VIAS, l’Institut pour la Sécurité routière, se veut cependant rassurant. “Le but principal du permis à points est de repérer et sanctionner les récidivistes”, explique le porte-parole, Benoît Godart. Ceux qui perdent leur permis sont ceux qui commettent de grosses infractions en matière de vitesse et d’alcool. Le système ne vise pas les conducteurs lambda qui respectent généralement le Code de la route. En France, par exemple, 86% des citoyens possèdent encore entre 10 et 12 points sur leur permis de conduire.

Par ailleurs, certains craignent que le permis à points n’augmente le nombre de conducteurs sans permis sur la route ou ne favorisent les trafics de points et les échanges de papiers. VIAS reconnaît là un inconvénient du système, mais qui n’est pas propre à ce dernier. "Cela existe déjà dans les pays où le permis à points n’est pas en application. Comme chez nous par exemple. On constate que des dizaines d’usagers conduisent sans permis", justifie Benoit Godart.

Même si le contre l’emporte, les opinions divergent. Certains automobilistes soutiennent la mesure : "Nous serons peut-être moins tentés de commettre une infraction" ou encore "Cela pourrait faire réfléchir certaines personnes. Il y aurait peut-être moins de bêtises".

Le système de permis à points est en vigueur dans 22 des 27 Etats membres de l’Union européenne. Selon certaines statistiques, cet outil serait efficace et aurait fait baisser de 44% la mortalité routière entre 2002 et 2008.

Pour VIAS, le système belge doit changer

Selon VIAS, le système belge n’est plus efficace. Permis à points ou non, une décision doit être rapidement prise pour améliorer la sécurité routière et diminuer le nombre d’accidents.

Certains conducteurs passent entre les mailles du filet.

Les récidivistes représentent le nerf de la guerre. Tant qu’ils paient l’amende, ils ne sont jamais sanctionnés. Or un accident sur trois implique une personne récidiviste. "Certains conducteurs passent entre les mailles du filet. Ils commettent une multitude d’infractions dites mineures. Par exemple, en roulant à 160 km/h sur autoroute. Ce qui n’est pas rien. Pourtant, ils ne rendent jamais de compte", explique Benoit Godart.

Ces dernières années, les contrôles de vitesse se sont intensifiés, notamment avec la mise en place des radars tronçons.

Le permis à points : un système discuté depuis longtemps chez nous

L’idée d’un permis à points chez nous n'est pas nouvelle. Dans les années 90, le politique avait adopté une loi qui permettait sa mise en application. Cela ne s'est jamais fait pour cause d'impopularité, de problèmes d'ordre budgétaire et juridique. Depuis 2005, les infractions au code de la route sont pourtant classées en quatre catégories, quatre degrés d'infractions routières.

Aujourd'hui, le politique examine donc à nouveau ce sytème de permis à points. Pour l'instant, aucune information quant à la date de mise en application, la manière et le modèle, n'est connue. 


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