A la faveur d’une émission estivale, l’ami Carlo De Pascale s’en est allé d’une prose sur le pique-nique. Et ne l’imaginez pas le vénérer… C’est pire, il le déteste. Humeur du jour (et sourire !) au micro de "Bientôt à Table !"
"Ça y est, on me fait causer du pique-nique… Je vais le dire tout de suite, oubliez-moi.
Je déteste les pique-niques avec une nappe à poser par terre, de la vraie vaisselle qui pèse le poids d’un âne mort, tout le tralala des verres en verre et du déjeuner sur l’herbe.
Il y a un côté vie parfaite qui m’agace au plus haut point, avec des chiens de race et des enfants habillés chez Dujardin, et d’ailleurs je me souviens de mon dernier pique-nique, c’était un rallye de vieilles bagnoles, et on a mangé sur l’herbe et à la fin j’étais tellement raide de m’être assis sur l’herbe que j’ai cru que j’allais jamais me relever.
Tiens ça vient de quoi le mot pique-nique, non ce n’est pas une cochonnerie, ça veut dire manger, picorer, donc piquer, des " niques ", donc des petites choses.
Même que les français aiment tellement ça, de piqueniquer que le mot est attesté depuis le XVII°.
Le XIXe siècle, aidé par les peintres impressionnistes ou alors c’est le contraire, adorera pique niquer, et les congés payés de 1936 lui donneront un énième coup de boost.
Ne me remerciez pas pour ce petit moment wikipédia.
Bon, vous avez compris, si vous aimez ça, le pique-nique, moi je l’ai déjà dit, rien que le nom m’ennuie, pique-nique, ou picnic, bref, c’est niais, au moins, faisons-le avec classe.
Pas de déchets, ni dans la nature et le moins possible dans les poubelles, prenez vos gourdes, vos gamelles tiffin, tu connais la gamelle tiffin ? Toute l’Inde, mange là-dedans, de l’inox facile à nettoyer, pas du plastique, et des serviettes en tissus plutôt que du papier, et même pour emballer tes victuailles.
Voilà Sophie, et ensuite, oui, quelle joie de sentir l’herbe caresser mes mollets nus, ou le sable venir polluer mon sandwich, ou encore, ce moment formidable où tu t’aperçois que ton pantalon beige est vert pour toujours.
Bref, le pique-nique, c’est de la joie !
Allez, je vais quand même sauver le pique-nique, c’est le pique-nique de quand tu ne peux pas faire autrement !
Ben oui, y en a ils choisissent exprès d’aller exprès pique niquer dans un endroit et y en a d’autres qui décident d’aller dans la nature, à la campagne, à la plage, en mer, mais faudra bien pique niquer vu qu’on va quand même pas faire du jeune intermittent toute la journée, faut bouffer, quoi !
Vous aurez compris que je fais partie de cette deuxième catégorie sociologique.
Et alors, oui, là, on ne va pas lésiner, parce que ce n’est pas parce qu’on est obligés de pique niquer qu’on ne va pas bien manger.
Ah oui, tant qu’à faire de causer de ma vie, je ne suis pas fan des sandwichs et je n’ai pas une envie débordante, je sais ça n’a rien à voir, de me coltiner un frigo box, donc je laisse tomber le tiramisu sous le cagnard.
Alors, une toute petite concession au poids, une planchette de découpe et son corollaire obligé, l’opinel.
Un vrai bon saucisson pas trop sec. Des bâtonnets de vrai très bon fromage, il va suinter, mais pas grave, déjà débarrassé de sa croûte. Idem du côté du pâté, les rillettes, s’il fait chaud, on laisse tomber. Des tout petits contenants pour les cornichons. Voire même pour les pickles, j’adore les pickles pas vous ?
Du pain déjà tranché, genre petites rondelles de vraie baguette au levain.
Parce que pique-nique doit rimer avec casse-croûte !
Par exemple, vous ferez une délicieuse salade de quinoa, betteraves et persil plat. Vraiment ? Non, c’est pour rire, mais jamais je vais m’asseoir dans l’herbe pour manger du quinoa à la cuiller ? Et tu voudrais qu’après avoir rempli mon cœur de tristesse en gobant du quinoa j’ai envie de repartir pour 10 km de marche ? Over my dead body !
Mais, mais, mais, si je prévois de croiser un banc pendant ma rando, je veux bien prendre des couverts et m’enfiler une panzanella, une caponata d’aubergines, salade de vraies tomates, ou mieux encore une salade de pommes de terre pelées à chaud, vinaigrées à chaud, pas de mayo s’il fait chaud.
Ah oui, jamais sans mon jambon Prince de Paris, vous savez, ce vrai jambon blanc, cuit au bouillon avec son nonos, je le mange à même le papier.
Tortilla ? Pourquoi pas, veillez à ce que les patates soient bien fondantes, la tortilla cuite dessus dessous mais pas trop cuite.
Gaspacho ? Oui mais du vrai et tant qu’à faire bien frais dans sa gourde thermorégulée.
Le cake salé ? Oui mais maison, franchement si on y va avec la mortadelle, les tomates cerises, le parmesan et les petits cubes de comté, ça peut être pas mal du tout.
Vous êtes à la Côte d’Azur ? Ne faites l’impasse ni sur un bon morceau de socca, même froide, ou une vraie tourte aux blettes, et même une pissaladière.
En Italie, y’a qu’à plier en deux la pizza typique du boulanger, celle qui est fine et un peu molle, c’est juste parfait, sans accessoire.
Allez, on se termine en Italie. Je prépare une belle focaccia, bien levé, bien gorgée d’huile, dans une main j’ai mes petits morceaux de focaccia, dans l’autre ma tranche de mortadelle, et tout baigne, y plus qu’à se laver les mains dans la Méditerranée !"