Climat

Le Port d’Anvers, cœur industriel de la Belgique, vise le zéro carbone d’ici 2050

Le Port d’Anvers veut jouer les pionniers dans la transition vers une société et une économie climatiquement neutres et devenir neutre en carbone d’ici 2050. Et à raison : il est responsable de 10 à 15% des émissions de gaz à effet de serre de la Belgique. Le plus grand port maritime du pays, et deuxième d’Europe, c’est une superficie de plus de 25.000 terrains de foot, ce sont 1000 entreprises chimiques, pétrochimiques, logistiques qui génèrent aux alentours des 21 milliards d’euros par an avec 60.000 emplois directs et 80.000 indirects, mais aussi de grandes ambitions pour le climat.

Maxime Peeters est un des experts de la transition énergétique au Port d’Anvers : "Nous avons l’ambition de devenir un groupe climatiquement neutre en carbone. Et nous voulons avoir un rôle de pionnier en la matière. Aujourd’hui, bien sûr, nous représentons une grande partie du problème. Nous le reconnaissons. Nous émettons, par an, 14 millions de tonnes de CO2 en provenance de l’industrie, 18 millions de tonnes en tout pour le port. Mais nous ne le voyons pas seulement comme un problème, nous voulons faire partie de la solution."

Récupération de la vapeur à 1000 °C de l’incinérateur grâce à 4 km de canalisations vers des usines chimiques du Port
Récupération de la vapeur à 1000 °C de l’incinérateur grâce à 4 km de canalisations vers des usines chimiques du Port © RTBF

Et c’est vrai que sur la zone portuaire, les initiatives pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre se multiplient. Comme ces immenses canalisations qui proviennent de l’incinérateur et qui transportent sur près de 5 km de la vapeur à 1000°C : de la chaleur récupérée du four qui sera réutilisée par plusieurs entreprises chimiques de la zone. Nadine Marissen, guide touristique du Port explique : "1000 tonnes de déchets sont incinérés chaque année, et cela permet de récupérer 100.000 tonnes de CO2 soit l’équivalent de 50 éoliennes."

Autre exemple, le tout nouveau parc européen de miroirs solaires installé par une start-up belge Azteq dans une entreprise de logistique du port. L’énergie solaire à concentration est une technologie de pointe qui concentre la lumière captée par des miroirs paraboliques qui sera transformée en chaleur. La température peut monter jusqu’à 400 °C. Jusqu’ici, l’usine produisait de la vapeur à 140 °C pour nettoyer les containers avec du gaz. Le parc de miroirs solaires remplacera 500 mégawattheures de gaz par an.

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Mais il y a aussi, une réflexion sur les carburants. D’ici 2022, par exemple, un remorqueur du port sera converti au méthanol, un carburant plus écologique obtenu en combinant du CO2 capturé avec de l’hydrogène produit en partie grâce aux éoliennes : une première dans le domaine de la navigation. Notre expert de la Transition énergétique au Port d’Anvers est clair : "Nous avons pour ambition de créer un port multicarburant. Nous voulons nous assurer que tous les carburants du futur soient disponibles dans notre port d’ici 2025. Aujourd’hui, vous pouvez vous approvisionner en gaz naturel liquide et en 2025, nous nous engageons à pouvoir fournir de l’hydrogène, du méthanol et de l’ammoniac au secteur maritime."

En attendant, l’énergie renouvelable a le vent en poupe dans les installations portuaires : 80 éoliennes couvrent, déjà, l’équivalent des besoins en électricité de plus 140.000 familles.

L’invention ingénieuse de QPinch pour réduire les émissions industrielles de CO2 grâce à une réaction chimique.
L’invention ingénieuse de QPinch pour réduire les émissions industrielles de CO2 grâce à une réaction chimique. © RTBF

Si toutes les industries de la zone Portuaire l’installaient, le Port d’Anvers émettrait chaque année 400.000 tonnes de CO2 en moins, soit l’équivalent de 250.000 voitures.

Le fleuron de cette lutte contre les émissions de CO2, c’est une petite entreprise qui a mis au point une technologie plutôt intelligente QPinch. Elle a installé son invention sur une des usines chimiques de la zone portuaire. De l’extérieur, cela ressemble à un immense échafaudage de neuf étages avec un enchevêtrement de tuyaux. Mais il ne faut pas s’y tromper, cette structure permet de réduire la consommation de gaz de l’usine, et donc ses émissions de CO2.

Erik Verdeyen, Directeur de la communication chez "QPinch" n’est pas peu fier : "C’est une pompe à chaleur industrielle qui fonctionne avec de la chimie. C’est une invention belge, nous sommes une spin-off de l’université de Gand : cette pompe nous permet de capter de l’énergie résiduelle qui sort des processus industriels qui consomment beaucoup de chaleur et de récupérer 50% de cette énergie perdue."

Grâce à cette invention, on peut capter la chaleur résiduelle qui s’échappe par les cheminées de l’usine et grâce à une réaction chimique, faire monter sa température avant de la réinjecter dans l’usine. "Vous avez de la chaleur résiduelle à 80 ou 100 °C qui n’est plus utile pour l’usine et nous faisons monter cette température jusqu’à 180, 200 °C, une température utile et précieuse pour la production": ajoute Erik Verdeyen, "Si toutes les industries de la zone Portuaire l’installaient, le Port d’Anvers émettrait chaque année 400.000 tonnes de CO2 en moins, soit l’équivalent de 250.000 voitures."

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