"Nous avons l'intention de céder 61% du capital de l'ensemble du groupe TAP par vente directe à un ou plusieurs investisseurs et de réserver 5% aux salariés", a annoncé le secrétaire d'Etat aux Transports Sergio Monteiro à l'issue d'un conseil des ministres. "L'Etat aura une option de vente sur les 34% restants qu'il pourra exercer pendant deux ans" à condition que le futur cahier des charges soit entièrement respecté, a-t-il précisé.
"L'Etat ne peut pas injecter d'argent dans la TAP en raison des règles européennes et nous pensons toujours qu'il est dans l'intérêt de l'entreprise de recevoir de nouveaux capitaux pour investir et se développer", a ajouté Sergio Monteiro pour justifier la décision de relancer cette privatisation.
Le ministre de l'Economie Antonio Pires de Lima avait révélé début septembre que le gouvernement avait été abordé par au moins quatre acheteurs potentiels "jugés crédibles".
Parmi eux figurerait à nouveau l'homme d'affaires sud-américain German Efromovich, propriétaire de la compagnie colombienne Avianca et seul candidat en lice lors de la première tentative de privatisation en décembre 2012.
Le patron du groupe Synergy Aerospace proposait de couvrir le passif de la TAP, estimé alors à 1,5 milliard d'euros, et de verser 35 millions d'euros à l'Etat portugais. Mais les garanties bancaires apportées par German Efromovich avaient été jugées insuffisantes et le gouvernement avait reporté l'opération sine die.
En raison d'un passif qui s'élève désormais à environ un milliard d'euros, selon le gouvernement, la privatisation des deux tiers de TAP ne représentera pas forcément une nouvelle recette pour l'Etat. "L'opération sera un succès si l'entreprise privée qui détiendra 66% du capital de TAP assume son passif et s'engage à capitaliser l'entreprise. Si nous encaissons une recette, qui sera nécessairement petite, tant mieux", a expliqué Sergio Monteiro.
Début septembre, un consortium formé par les hommes d'affaires américain Frank Lorenzo et portugais Miguel Pais do Amaral, s'est officiellement porté candidat au rachat de la compagnie. Miguel Pais do Amaral a affirmé jeudi que son consortium allait "analyser" le modèle de vente choisi par le gouvernement, rappelant que sa proposition visait "100% du capital de TAP".
L'Américano-Brésilien David Neeleman, fondateur des compagnies Azul (Brésil), JetBlue (USA) et WestJet (Canada), ainsi que Globalia, la maison mère d'Air Europa, seraient également sur les rangs.
La TAP, première compagnie européenne pour les liaisons avec le Brésil, a dégagé en 2013 un bénéfice net de 34 millions d'euros, en hausse de 42%, grâce notamment à un nombre record de passagers qui s'est élevé à 10,7 millions.
Les résultats de l'ensemble du groupe sont toutefois plombés depuis plusieurs années par sa filiale d'entretien aéronautique détenue au Brésil (TAP-Manutençao).
Le groupe TAP, qui comprend également la compagnie régionale Portugalia et 43,9% du bagagiste Groundforce, a réduit ses pertes à 83,4 millions d'euros au premier semestre 2014, contre 136,6 millions d'euros un an plus tôt.
Lourdement endetté, le Portugal a bénéficié en mai 2011 d'une aide financière internationale sur trois ans en échange de laquelle le gouvernement s'est engagé à assainir ses comptes publics et à mettre en oeuvre un vaste programme de privatisations, qui a déjà rapporté 9,2 milliards d'euros.
AFP