Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a longuement défendu mardi, devant le Parlement européen, la position de son gouvernement après l’arrêt très controversé du Tribunal constitutionnel polonais, une nouvelle qui avait ravivé les inquiétudes d’un "Polexit juridique".
C’est Mateusz Morawiecki lui-même qui avait spécifiquement demandé à venir s’exprimer face à l’assemblée à Strasbourg. Et il a réservé aux eurodéputés un exposé introductif de plus d’une demi-heure, n’hésitant pas à faire référence à des arrêts d’autres cours constitutionnelles européennes, qui selon lui sont du même acabit mais n’ont pas été accueillies par une même levée de boucliers. "Il y a une mauvaise compréhension de l’arrêt du tribunal constitutionnel" polonais, et des "malentendus" à son sujet, a-t-il affirmé. "Le droit de l’UE supplante les lois nationales dans la limite des compétences offertes par les traités de l’Union […] Si les institutions établies par les traités vont au-delà de leurs compétences, les États membres doivent avoir les instruments pour réagir". Or, "la CJUE (cour de justice de l’Union européenne) ne cesse de déduire de nouvelles compétences des traités", estime le Premier ministre.
C’est ce que constate selon lui le tribunal constitutionnel polonais : "qu’une interprétation de certaines dispositions des traités, découlant de la jurisprudence récente de la Cour de justice (CJUE), serait inconstitutionnelle. L’Union ne se démantèlerait pas parce que nos systèmes juridiques sont différents", lance encore l’homme du PiS, le parti "Droit et Justice". Il a rappelé au passage son sentiment d’une UE à "deux vitesses", dont les institutions risquent de perdre la confiance des citoyens si elles s’acharnent de manière "impartiale et injustifiée" sur certains États membres. "Il y a encore des problèmes, par exemple en termes de paradis fiscaux, plus particulièrement en Europe de l’Ouest. Est-ce que cela s’inscrit dans les valeurs européennes ? J’en doute largement", glisse-t-il.