Après son interview accordée au magazine Wilfried, où il dénonçait la présence d’extrémistes au sein des forces armées, le président du comité R avait été entendu au Parlement par la commission de suivi de l’organe de contrôle des services de renseignement. C’était le 27 octobre dernier. Les parlementaires voulaient obtenir plus d’explications de la part de Serge Lipszyc, le président du Comité R, le comité qui contrôle les services de renseignements et de sécurité du pays. Au terme des quasi quatre heures d’audition, la commission avait chargé Serge Lipszyc de lui fournir un rapport complémentaire et d’apporter des précisions sur ses propos.
Serge Lipszyc sera, une nouvelle fois, auditionné par la commission parlementaire ce lundi 8 novembre. Ses précisions apportées aux parlementaires sous forme de rapport écrit tiennent en 27 pages. Avant la séance de lundi, le contenu du rapport a "fuité" auprès de certains médias, dont la RTBF.
"Une menace sérieuse pour nos institutions"
"Il y a bien une menace sérieuse pour nos institutions", confirme le président du comité R Serge Lipszyc dans son rapport complémentaire sur la montée de l’extrême droite en Belgique. Le rapport souligne toutefois l’impossibilité légale d’informer concrètement les membres de la commission permanente parlementaire qui contrôle le comité R car ceux-ci ne disposent pas de l’habilitation de sécurité leur permettant de prendre connaissance d’informations classifiées. Dès lors, pour Serge Lipszyc, ce rapport "sera forcément décevant puisque c’est le législateur lui-même qui a restreint la possibilité du président du Comité permanent R d’informer concrètement la Commission permanente". Il ajoute que "le contrôle démocratique serait évidemment facilité si le président du Comité permanent R avait le droit de parler à cœur ouvert avec l’Organe parlementaire qui le contrôle".
Il y a bien une menace sérieuse pour nos institutions, comme cela a déjà été dit et écrit à de nombreuses reprises dans de précédents rapports
Cependant, "les éléments, chiffres et même les exemples concrets permettent d’étayer, même sans violer les secrets de l’information ou encore du délibéré ou le secret professionnel, qu’il y a bien une menace sérieuse pour nos institutions, comme cela a déjà été dit et écrit à de nombreuses reprises dans de précédents rapports", conclut le patron de l’organe de contrôle des services de renseignement à l’issue de ce rapport qu’un vent favorable a porté à plusieurs médias.
Ce sont ces éléments qui, "en vertu des principes admis dans la magistrature, de partager des constatations d’ordre général sur un certain nombre de problématiques observées par le Comité" ont amené Serge Lipszyc à conclure fin octobre dans le magazine Wilfried à l’émergence d’une menace sérieuse de l’extrême droite sur les institutions du pays.
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Le rapport complémentaire rappelle en 27 pages les "multiples questions dites de sécurité" sur lesquelles l’attention des institutions du pays a été attirée depuis 2020, qu’il s’agisse des services, de l’administration, des ministres et du parlement. Ces questions et recommandations sont restées sans beaucoup de réponses jusqu’à l’éclosion de l’affaire Conings, ce militaire aux idées d’extrême droite, auteur de menaces contre les institutions du pays, retrouvé mort à la suite d’une traque de plusieurs jours en juin dernier.