Monde

Le président tchèque, malade et désormais incapable d’assurer ses fonctions, est connu pour ses "gaffes"

Le président tchèque Miloš Zeman ici en 2018

© Copyright 2018, dpa (www.dpa.de). Alle Rechte vorbehalten

Temps de lecture
Par Bruno Schmitz avec AFP

Son nom, Miloš Zeman, ne vous dit peut-être pas grand-chose. Cet homme de 77 ans est le président de la République Tchèque depuis 2013, c’est une figure de l’indépendance post-communiste de ce pays d’Europe centrale et le premier président tchèque élu au suffrage universel. L’homme détient aussi les clés politiques de l’avenir de ce pays d’Europe central à la population similaire à celle de la Belgique. En effet, son rôle de président lui confère le droit (et le devoir) de nommer le nouveau chef de gouvernement du pays. Des élections législatives ont en effet eu lieu le week-end de 7 et 8 octobre et ont renversé le camp du premier ministre milliardaire et populiste Andrej Babiš, ouvrant la porte à une nouvelle coalition de centre-droit qui, selon toute vraisemblance, devrait prendre le pouvoir après quatre années d’ère Babiš.

Sauf que… ce processus est actuellement impossible. Le président Miloš Zeman est en effet gravement malade et hospitalisé en soins intensifs depuis le 10 octobre, lendemain du scrutin. Du coup, la procédure de formation d’un nouveau gouvernement tchèque est aussi mise au frigo. Ce lundi, le président du sénat a confirmé que "le président tchèque Miloš Zeman est incapable d’assurer l’exercice de ses fonctions en raison de son état de santé". Le pays doit donc commencer à organiser le transfert de ses pouvoirs vers d’autres dirigeants, comme le prévoit l’article 66 de la constitution tchèque, ce qui devrait prendre encore au mois plusieurs jours, voire semaines.

Cela ressemble donc à la fin de parcours politique pour le président Zeman qui restera aussi, dans l’esprit de nombreux Tchèques et observateurs étrangers, comme un "collectionneur de gaffes" au cours de ses huit ans à la présidence du pays.

Pro-Russe, Pro-Chinois et anti-immigration, entre autres choses

Depuis son entrée en fonction, Miloš Zeman a été accusé de diviser la société par son orientation pro-russe, pro-chinoise et anti-immigration, malgré sa promesse initiale d’être "la voix de tous les citoyens".

Il ne cachait pas ses sympathies à l’égard de la Russie et de la Chine. "La Russie ne représente pas un risque sécuritaire", a-t-il affirmé lors d’un débat télévisé.

En mai 2015, il participe à Moscou aux cérémonies commémorant la victoire sur l’Allemagne nazie, boudées par la plupart des dirigeants occidentaux après l’annexion de la Crimée l’année précédente. En septembre de la même année, il est le seul chef d’Etat européen présent à Pékin au défilé militaire de commémoration de la capitulation du Japon.

Pendant la pandémie de Covid-19, Miloš Zeman s’est fait le promoteur des vaccins russe Spoutnik V et chinois Sinopharm.

Ses efforts diplomatiques furent mis à mal en avril 2021, lorsque les renseignements tchèques accusèrent la Russie d’être à l’origine de l’explosion d’un dépôt de munitions en 2014, qui tua deux personnes.

Le président Zeman et le premier ministre Babiš ont été proches au cours des dernières années
Le président Zeman et le premier ministre Babiš ont été proches au cours des dernières années © AFP or licensors

Liquider les journalistes

Qualifiant régulièrement ses opposants d'"idiots", il s’en est aussi pris avec plaisir aux journalistes, qualifiés un jour de "fumiers". Lors d’un déplacement en Chine, il n’hésite pas à affirmer qu’ils devraient être "liquidés".

En phase avec une bonne partie de l’opinion tchèque, Miloš Zeman qualifie l’afflux de migrants en Europe lors de la crise de 2015 d'"invasion organisée" et se dit opposé à leur accueil, à l’origine selon lui d’un "bouillon de culture propice à des attaques terroristes".

Connu aussi pour ses positions pro-israéliennes, Miloš Zeman n’hésite pas à accuser l’UE d’être "lâche", en commentant la réaction de Bruxelles après la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par le président américain Donald Trump (2017-2021).

Gros fumeur, il ne cesse de lever la voix contre la loi bannissant depuis mai 2017 la cigarette des bars et restaurants tchèques. Miloš Zeman ne cache pas non plus sa passion pour le vin et la bière tout comme pour les alcools plus forts, dont la "slivovice", une eau-de-vie de prune de tradition locale. Des goûts qui pourraient être à l’origine de ses problèmes actuels de santé. Selon les médias tchèques, il souffrirait de sérieux problèmes de foie, dus à sa consommation d’alcool. Il a aussi été proche du premier ministre populiste Babiš depuis l’élection de ce dernier en 2017. Les deux hommes pourraient donc être en train de quitter la scène politique tchèque ensemble, au même moment.

Santé du président tchèque : déclaration de Milos Vystrcil, porte-parole du Sénat (Prague - 18/10- langue: tchèque)

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous