Le prix Goncourt a été décerné mercredi à l'écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, pour "La plus secrète mémoire des hommes" (ed. Philippe Rey), roman qui s'inspire du destin maudit de l'écrivain malien Yambo Oulologuem. Mohamed Mbougar Sarr, 31 ans, est le premier écrivain d'Afrique subsaharienne à être consacré par le plus prestigieux des prix littéraires. Avant lui, René Maran avait été couronné par le Goncourt en 1921. Mohamed Mbougar Sarr a obtenu 6 voix au premier tour, a annoncé Philippe Claudel, secrétaire général du Goncourt.
"La plus secrète mémoire des hommes" est un roman à multiple facettes qui raconte à la manière d'un polar l'enquête menée par Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, sur les traces de T.C. Elimane, le "rimbaud nègre" auteur d'un livre à scandale paru en 1938. Dans sa quête, Diégane se confronte aux grandes tragédies que sont le colonialisme ou la Shoah. Du Sénégal à la France en passant par l’Argentine.
Réécouter Dans Quel Monde On Vit : Pascal Claude recevait Mohamed Mbougar Sarr le 23 octobre dernier
Un livre sur la littérature
C'est d'abord un livre dont le héros est la littérature. Un livre qui réfléchit à la nature et le sens de la littérature : peut-elle nous sauver ? tout livre n'est-il pas un plagiat puisqu'on n’écrit jamais à partir de rien. "La plus secrète mémoire des hommes", d'après Didier Decoin, le nouveau président de l'académie Goncourt, questionne aussi la difficulté de la littérature africaine à se faire reconnaître.
Mohamed Mbougar Sarr garde la tête froide face à la reconnaissance qu'offre les prix littéraires: "On réalité je le relativise déjà, déclarait-il à France Culture, les prix littéraires sont des encouragements, mais l’essentiel du travail littéraire se joue ailleurs [dans] la solitude, le silence, l’écriture et [dans] ce bonheur-là également".
