Coupe du Monde 2022

Le projet football de l’Arabie saoudite, entre rivalité politique et cohérence sportive

Les joueurs saoudiens entraînés par Hervé Renard ont impressionné après leur victoire face à l’Argentine.

© Belga

14 juin 2018. Pour le coup d’envoi de la Coupe du monde en Russie, l’Arabie saoudite est balayée sèchement par le pays hôte cinq buts à zéro. Une défaite vécue comme une profonde humiliation au pays. Quatre ans plus tard, c’est un tout autre visage qui est affiché par les Faucons Verts pour leur entrée dans le Mondial. L’équipe d’Hervé Renard crée la sensation en s’imposant à la surprise générale face à l’Argentine de Lionel Messi deux buts à un.

Et le pays arabe n’a pas l’intention de s’arrêter là. Cette Coupe du monde 2022 est préparée depuis plusieurs années par l’État saoudien. Avec un objectif simple : faire mieux que son rival qatari.

Un duel à distance face au Qatar

Après une élimination prématurée en huitième de finale de la Coupe d’Asie 2019, la Fédération saoudienne cherche un sélectionneur d’expérience pour mener l’équipe vers le Mondial 2022. Le choix se porte sur Hervé Renard. Le coach français a déjà remporté la Coupe d’Afrique des nations à deux reprises avec la Zambie et la Côte d’Ivoire. Il a aussi pris les rênes du Maroc lors du Mondial en Russie, mais n’est pas parvenu à s’extirper du groupe de la mort en compagnie de l’Espagne, du Portugal et de l’Iran.

Grâce à ses revenus financiers colossaux, l’État monarchique investit massivement dans le sport dans le cadre du projet Vision 2030. Les Saoudiens font notamment partie des candidats à l’organisation de la Coupe du monde 2030. Une stratégie qui s’apparente grandement à celle du Qatar. Les deux pays du Golfe entretiennent en effet une rivalité politique tenace et cherchent tous deux à s’imposer comme l’acteur sportif majeur du monde arabe. Briller sur les terres de son voisin était donc plus qu’essentiel pour les Saoudiens.

La pression est de mise pour Hervé Renard en vue de l’événement qatari. Le coach français se confie ainsi dans les pages de So Foot : " Dès les premières réunions, on m’a donné carte blanche, mais on ne m’a aussi parlé que de cet objectif : coûte que coûte, l’Arabie saoudite se devait d’être présente au Qatar. Ça allait au-delà du foot, c’était un enjeu de suprématie régionale… "

Une préparation optimale et un collectif cohérent

Les nombreux investissements étatiques permettent d’apporter rigueur et professionnalisme aux différents projets footballistiques du pays. Et rien n’est refusé pour servir les intérêts de l’équipe nationale. Un avantage unique dont a pu bénéficier la sélection, c’est l’arrêt exceptionnel du championnat saoudien un mois avant le lancement de la Coupe du monde. Cette mesure prise par la Fédération saoudienne a permis à Hervé Renard de réunir son groupe pendant plusieurs semaines et de disputer de nombreux matchs de préparation. En parallèle de cela, les joueurs évoluant en Europe ont dû composer avec un calendrier infernal et n’ont pu être libérés que quelques jours avant le lancement du Mondial.

Une des forces de l’Arabie saoudite, c’est l’homogénéité de son équipe. La totalité des joueurs sélectionnés au Qatar évoluent dans le championnat saoudien. Et neuf des onze titulaires contre l’Argentine jouent dans le même club, Al-Hilal. Ce club de Riyad domine outrageusement le championnat national, avec cinq titres de champion glanés depuis 2017. Et surtout, ils ont remporté deux des trois dernières Ligues des champions asiatiques.

Disposant d’une ossature expérimentée, Hervé Renard veille aussi à ce que son équipe ne pratique pas un jeu stéréotypé. Certaines nations asiatiques ou nord-américaines sont capables de pratiquer du beau football dans leur zone de qualification, mais ont par la suite tendance à mettre le bus et à ne miser que sur des longs ballons lorsqu'elles disputent la Coupe du monde. Ce fut notamment le cas de l’Iran, qui a connu une déroute monumentale face aux Anglais pour son premier match (6-2).

Contre l’Argentine, les Saoudiens ont joué sans complexe, avec un bloc défensif haut et sans jamais se laisser dominer complètement par son adversaire. Un jeu auquel les hommes de Renard sont habitués et qui est finalement bien plus en accord avec leur profil technique.

Pour le second match face à la Pologne, les Fils du Désert ont l’occasion de décrocher leur première qualification en huitièmes de finale de Coupe du monde depuis 1994. Un moment qui pourrait être historique pour le peuple saoudien, mais qui serait aussi particulièrement humiliant pour le voisin qatari, d’ores et déjà éliminé de la compétition.

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