Hainaut

Le projet Legoland abandonné à Charleroi, "il faut maintenant repartir de l’avant"

L’annonce a fait grand bruit ce vendredi matin : le groupe Merlin Entertainments change de stratégie et renonce à construire un parc Legoland à Charleroi, une information révélée par nos confrères de l’Echo

Information confirmée par Willy Borsus, ministre wallon de l’Économie. "Le groupe a pris cette décision suite à une évaluation complète de ses activités mondiales. Son diagnostic aboutit à une modification de la stratégie qui consiste à privilégier une consolidation des infrastructures existantes (et en cours de construction) plutôt qu’une expansion des activités", précise le ministre dans un communiqué.

Il faut maintenant repartir de l’avant. Nous nous mobilisons afin d’identifier d’autres possibilités pour la reconversion de ce site.

Thomas Dermine, le secrétaire d’État pour la Relance et les Investissements stratégiques originaire de Charleroi se dit "abasourdi". "Des pistes de reconversion sont possibles et doivent être explorées", a-t-il déclaré ce vendredi après-midi.

Le socialiste connaît bien le dossier, lui qui était revenu à Charleroi pour s'occuper du plan Catch, visant à accélérer la création d'emplois dans la région à la suite de plusieurs restructurations industrielles, dont celle de Caterpillar. "Aujourd'hui, le moteur économique au nord de Charleroi tourne à plein régime: les deux nouveaux parcs d'activité économique de Jumet/Gosslies affichent un taux d'occupation de 100% et le Biopark de Gosselies, voisin du site de Caterpillar, est en pleine effervescence avec un nouveau projet de campus et des projets de nouvelles facilités de production. Des pistes de reconversion sont donc possibles et doivent être explorées", a-t-il souligné dans un long message sur Twitter. Malgré la décision stratégique du groupe Merlin "et certaines critiques sur le manque de caractère industriel du projet, je reste persuadé que mes collègues de la Région ont bien fait d'étudier et de soutenir ce projet. La volonté effrénée de trouver un avenir à ce site emblématique doit continuer à guider nos actions", a poursuivi le secrétaire d'État. "Quand on est en politique, on se doit de construire un avenir meilleur pour les citoyens et d'oser soutenir des projets ambitieux pour ouvrir des opportunités futures. Parfois, des projets sont couronnés de succès et nous avons la chance à Charleroi de connaitre des réussites. Parfois, d'autres projets échouent, mais il ne faut jamais se résigner et toujours continuer à agir avec détermination, malgré le cynisme de certains", a-t-il conclu.

Ces derniers jours, certains signaux laissaient penser que la concrétisation du parc d’attractions sur l’ancien site industriel de Caterpillar à Gosselies s’annonçait plus compliquée que prévu mais rien ne laissait présager un tel revirement.

Paul Magnette était pourtant "plus que confiant"

Les dirigeants politiques l’avaient annoncé en grande pompe : Legoland devait ouvrir ses portes d’ici 2027 à Gosselies. En août 2022, un protocole d’accord non contraignant avait été signé par le groupe Merlin Entertainments, la Région wallonne et l’Etat fédéral afin d’approfondir la collaboration entre ces différentes parties en ce sens.

Ce protocole d’accord étant non contraignant, les politiques n’ont-ils dès lors pas vendu la peau de l’ours avant de l’avoir tué ?

Il y a quelques mois seulement, Paul Magnette, le bourgmestre de Charleroi était en effet plus que confiant : "Quand le patron mondial du groupe et le patron européen viennent à Bruxelles pour annoncer qu’ils vont construire un parc Legoland à Charleroi, c’est que la décision est clairement prise" assurait Paul Magnette dans la matinale "Charleroi Matin " en novembre dernier. "Je suis plus que confiant."

Pour le PTB, "il est temps de changer de stratégie"

"Après le fiasco de ThunderPower, le gouvernement wallon s’est une nouvelle fois fait rouler par une multinationale et ce sont les carolos qui paient les pots cassés. Il est temps de changer de stratégie", a réagi le chef de groupe du PTB au Parlement wallon, Germain Mugemangango.

"J’ai travaillé 30 ans comme ouvrier chez Caterpillar. Les gens en ont marre des fausses promesses du bourgmestre Paul Magnette pour le site de Caterpillar", a ajouté Roberto D’Amico, conseiller communal PTB à Charleroi.

Pour le parti d’extrême gauche, "il est temps que la Région mise sur une nouvelle stratégie. Que ce soit pour mettre en place la transition écologique, pour faire face aux besoins en matière de santé, de soins aux personnes, de logement et même sur le plan industriel, il y a la possibilité de créer des milliers d’emplois publics, nécessaires et impossibles à délocaliser."

Les Engagés : "Il faut en tirer les leçons"

"On était plein d’espoir pour un projet qui aurait pu porter une image positive et rayonnante de la Région. Aujourd’hui, c’est une déception dont il faut tirer les leçons", a réagi le chef de groupe des Engagés au Parlement wallon, François Desquesnes.

"C’est la deuxième fois – après l’épisode Thunder Power, ndlr – qu’il y a des annonces et des promesses qui font rêver mais qui n’aboutissent pas. Rêver, ça ne crée pas d’emploi. Il faut changer de perspective et de méthode. Tout miser sur un investisseur providentiel qui va créer 1000 ou 2000 emplois, ça ne fonctionne pas", a poursuivi le député centriste.

"Au lieu de prendre l’avion pour atteindre les sommets, avançons pas à pas avec les outils qui existent à Charleroi, et notamment tout ce qui tourne autour de l’Aéropôle. Ayons de l’ambition mais construisons progressivement, avec des grappes d’entreprises, pour une reconversion plus durable et plus solide", a enfin plaidé François Desquesnes.

Legoland était censé créer plus de 1000 emplois

Plus de 1000 emplois, dont 800 directs, étaient censés être créés dès le premier jour d’exploitation du parc. Le projet, de par sa nature, comportait peu de risques d’une délocalisation.

L’investissement annoncé était colossal : entre 370 et 400 millions d’euros. Ce qui faisait de Legoland le 2e plus gros investissement de ces dix dernières années en Région wallonne après Google à Mons.

Charleroi : le projet Legoland est annulé (par M. Caulier)

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