Quel est l’état de santé économique de l’Allemagne à quelques jours des élections générales ? Mitigé. Certes, le pays devrait afficher une croissance économique de 2,5% cette année selon l’institut de recherche économique allemand l’IFO. Pas mal, sauf que ce sera deux fois moins que l’ensemble de la zone euro.
Selon Bernard Keppenne, chef économiste de CBC Banque, le premier élément d’explication renvoie à 2020 : "Le recul de la croissance économique a été moins prononcé en Allemagne que dans des pays comme la France, l’Espagne ou l’Italie, ou même la Belgique et, donc, l’effet de rattrapage est moins marqué". L’autre élément d’explication est lié à la conjoncture internationale : l’industrie, qui représente pratiquement 20% du PIB allemand, est ralentie par les pénuries de composants et la hausse des matières premières. C’est le cas en particulier pour le secteur automobile.
Des faiblesses structurelles pas toujours connues
Et puis, l’économie allemande a aussi des faiblesses structurelles. "Le premier, souligne Bernard Keppenne, c’est effectivement le marché de l’emploi, qui ne s’est peut-être pas adapté suffisamment vite. Le deuxième, c’est très clairement une problématique d’infrastructures. Beaucoup d’infrastructures allemandes sont obsolètes. Et le troisième élément, c’est un retard au niveau de tout ce qui est numérique, le digital."
Il n’y a pas eu assez d’investissements en Allemagne pour rendre l’administration beaucoup plus digitale
"On le voit bien, l’industrie automobile allemande était un peu en retard, ils sont en train de rattraper ce retard, mais il y avait un vrai retard à ce niveau-là. Autre exemple, les administrations publiques. On voit très clairement qu’elles sont en retard par rapport aux autres pays européens. Elles sont vraiment dans le bas du classement en termes de numérisation, de digitalisation. Il n’y a pas eu assez d’investissements en Allemagne pour rendre l’administration beaucoup plus digitale, au contraire de ce qu’on a pu voir dans d’autres pays européens".