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Le responsable de la mort des 10 casques bleus belges est mort au Zimbabwe en 2006

Le responsable de la mort des 10 casques bleus belges est mort au Zimbabwe en 2006.

© AFP

Par Valérie Hirsch

Après avoir échappé pendant deux décennies, Protais Mpiranya, le suspect de crimes de génocide et de guerre le plus recherché au monde, a finalement été localisé….dans un cimetière au Zimbabwe, ou il a été enterré incognito en 2006. 

La tombe de l’ex-chef de la garde présidentielle du Rwanda a été retrouvée par une équipe d’inspecteurs des Nations unies, dans un cimetière envahi par la végétation, à l'extérieur de Harare, selon "The Guardian ".

"Ici repose à jamais celui qui a aimé sa patrie, son peuple et sa famille, plus que sa propre vie", affirme l’inscription, en français, sur la sépulture de Sambao Ndume, le nom d’emprunt de Mpiranya, inculpé de huit crimes de génocide et crimes contre l'humanité par le " Tribunal pénal international pour le Rwanda " (TPIR) d’Arusha (fermé en 2015).

Sous ses ordres, la garde présidentielle avait tué le 7 avril 1994, le lendemain de l’attentat mortel contre l’avion transportant l’ancien président Juvénal Habyarimana, le Premier ministre de l’époque, Agathe Uwilingiyimana, une Hutu modérée, et les dix soldats belges, chargés de la protéger. 

Sommés de rendre leurs armes et emmenés au camp Kigali, les 10 para commandos s’étaient réfugié dans un bâtiment où ils ont tenu pendant plusieurs heures, grâce à deux armes qu’ils avaient dissimulés, en attendant un hypothétique renfort. Ils ont finalement été tués, par balles, baïonnettes et couteaux par de simples soldats.

Rôle clé dans le génocide des Tutsis

Mpiranya a aussi joué un rôle clé dans le génocide des Tutsis. Sa garde a armé et entraîné la milice hutue Interahamwe, qui a massacré quelque 800 000 Tutsis et des Hutus modérés. Il a peut-être aussi eu une responsabilité dans l’attentat contre l’avion d’Habyarimana : le tir était parti du camp ou des abords du camp de la garde présidentielle.

C’est grâce à un dessin manuscrit trouvé dans un ordinateur, confisqué en Europe, que les enquêteurs de l'ONU ont localisé sa tombe, en février. Le mois dernier, son corps a été exhumé et mardi, son identité confirmée par une analyse ADN. "C’était le dernier des grandes fugitifs" parmi les 93 accusés inculpés par le TPIR, a commenté Serge Brammertz, le procureur des Nations unies qui a mené la chasse. Il ne reste plus que 5 fugitifs, de moindre calibre, à retrouver.

L’ex-commandant de la garde est mort à Harare en octobre 2006 d'une crise cardiaque provoquée par la tuberculose, à l'âge de 50 ans. Il vivait incognito au Zimbabwe depuis quatre ans, protégé par les autorités locales, qui avaient nié sa présence dans le pays.  "On l'a même vu rencontrer des fonctionnaires zimbabwéens", a déclaré au Guardian, un haut fonctionnaire impliqué dans l'enquête.

Quatre ans au Cameroun

Après la chute du régime hutu en juillet 1994, Mpiranya a passé quatre ans au Cameroun. Il a ensuite combattu avec les rebelles hutus et l’armée zimbabwéen pendant la deuxième guerre au Congo (1998-2003), après l’assassinat du président Laurent Kabila.

"C'était un bon commandant, qui a impressionné les Zimbabwéens," selon un haut fonctionnaire du bureau du procureur. Quand Mpiranya a été inculpé en septembre 2002 par le TPIR, il a été emmené à Harare, avec des proches, dans un avion militaire zimbabwéen.

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Sous ses ordres, la garde présidentielle avait tué le 7 avril 1994, le lendemain de l’attentat mortel contre l’avion transportant l’ancien président Juvénal Habyarimana, le Premier ministre de l’époque, Agathe Uwilingiyimana, une Hutu modérée, et les dix soldats belges, chargés de la protéger. 

Sommés de rendre leurs armes et emmenés au camp Kigali, les 10 para commandos s’étaient réfugié dans un bâtiment où ils ont tenu pendant plusieurs heures, grâce à deux armes qu’ils avaient dissimulés, en attendant un hypothétique renfort. Ils ont finalement été tués, par balles, baïonnettes et couteaux par de simples soldats.

Rôle clé dans le génocide des Tutsis

Il a créé à Harare, sous une fausse identité, une petite société de transport, qui a rapidement battu de l’aile. Il est décédé quatre ans plus tard, pauvre et malade. "La famille et ses proches ont délibérément dissimulé sa présence à Harare et sa mort au cours des deux dernières décennies", a déclaré Brammertz, au Guardian.

Finalement, en septembre dernier, les enquêteurs ont retrouvé, dans un computer saisi dans un pays européen (que le Guardian n’a pas été autoriser à identifier), la photo d'une pierre tombale dessinée à la main, commandée à des tailleurs de pierre de Harare.

Ils ont aussi découvert que des membres de la famille et des proches s’étaient rendus au Zimbabwe en octobre 2006, faisant référence à "celui qui est passé" et au "vieil homme". Ils ont même retrouvé des photos de l’enterrement. Les autorités zimbabwéennes ont accepté, après plusieurs mois, que le corps de Sambao Ndume soit déterré, le 27 avril dernier, et examiné par un pathologiste des Nations-Unies.

Mpiranya a aussi joué un rôle clé dans le génocide des Tutsis. Sa garde a armé et entraîné la milice hutue Interahamwe, qui a massacré quelque 800 000 Tutsis et des Hutus modérés. Il a peut-être aussi eu une responsabilité dans l’attentat contre l’avion d’Habyarimana : le tir était parti du camp ou des abords du camp de la garde présidentielle.

C’est grâce à un dessin manuscrit trouvé dans un ordinateur, confisqué en Europe, que les enquêteurs de l'ONU ont localisé sa tombe, en février. Le mois dernier, son corps a été exhumé et mardi, son identité confirmée par une analyse ADN. "C’était le dernier des grandes fugitifs" parmi les 93 accusés inculpés par le TPIR, a commenté Serge Brammertz, le procureur des Nations unies qui a mené la chasse. Il ne reste plus que 5 fugitifs, de moindre calibre, à retrouver.

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