Grandes enseignes ou disquaires indépendants posent le même constat. A Namur, le Lido Music est une institution. La boutique traverse les décennies, et les bouleversements de l’industrie musicale. Sa propriétaire, Isabelle Morini, a observé une accélération du phénomène avec la crise sanitaire. "Avec le confinement, les gens ont pris le temps de se poser. Un vinyle, ça s’écoute différemment. Il y a le petit rituel qui précède, il faut le poser sur la platine. Ensuite on s’assoit et on l’écoute."
Avec Spotify, il a accès à tout très facilement. Mais avec un vinyle, il aura l’objet, même pour décorer.
Dans la boutique, un jeune couple fouille dans les bacs. " Beaucoup de jeunes reviennent alors que je ne les voyais plus acheter de CD. Les Doors, Nirvana, AC/DC, Led Zeppelin, Queen,… Ils redécouvrent la musique de leurs parents à travers les vinyles." Se réjouit la disquaire namuroise.
Des parents entrent dans le magasin, à la recherche d’un vinyle pour les 17 ans de leur fils. "Avec Spotify, il a accès à tout très facilement. Mais avec un vinyle, il aura l’objet, même pour décorer. Et puis nous avons de quoi l’écouter à la maison." La famille s’est rééquipée, et apprécie. "On prend du plaisir à retourner le disque pour écouter la suite. Il y a l’objet, l’ambiance, et puis sans doute un peu de nostalgie".
Selon une étude de l’IFPI (la Fédération internationale de l’industrie phonographique) de 2021, "58% des acheteurs de vinyles sont âgés de 25 à 44 ans en moyenne". Les pochettes s’exposent, les disques s’écoutent, réellement. Le son est apprécié, à nouveau.
Et même si les jeunes consomment massivement la musique en streaming, ils choisissent aussi d’acheter, avec parcimonie, les nouveautés de leurs artistes préférés, ceux qu’ils ont vraiment envie de soutenir. La qualité à la quantité.