Avant de tirer définitivement le rideau sur une année 2021 bien morose pour le secteur culturel, le cabaret liégeois nous entraîne une fois de plus dans l’univers des plumes et des paillettes. Rendez-vous le 31 décembre pour un Nouvel An festif, avec une revue qui promet d’être différente, corrosive et burlesque… Sans masquer non plus le fait que l’institution a fortement tangué ces derniers mois suite aux fermetures à répétition et aux mesures sanitaires.
"Nous avons vécu une année difficile, où nous n’avons pas pu jouer pendant plusieurs mois… Donc, oui : le titre de la revue est un petit clin d’œil pour rappeler cette période blanche", explique Sébastien Lallemand, le directeur artistique du Trocadéro.
Des mesures, l’évènementiel et le culturel en ont mangé à pratiquement toutes les sauces. Des levers prometteurs suivis de relâches forcées, des pirouettes, des retours en coulisses sur la pointe des pieds… Bref, beaucoup de cancans et un rideau de fer, dénoncent certains qui se demandent où est passée la boîte à éclairs ; d’autres faisant tant bien que mal le gros dos, en espérant des jours meilleurs.
Pour l’instant, les établissements culturels demeurent ouverts mais restent toutefois limités à un nombre de 200 personnes. Une amélioration, certes, mais qui n’est pas suffisante pour Sébastien Lallemand : "Nous sommes compactés à un nombre de places réduit sur un théâtre de 600 places, c’est très peu. D’autant plus que la direction a investi l’année dernière plus de 15.000 euros dans des systèmes d’aération qui n’ont finalement pas de poids sur la capacité à recevoir plus de monde."
Des mesures amères
"Quand on voit ce qui se passe sur le marché de Noël, où tout le monde est agglutiné, sans masque, je les trouve saumâtres…" Notre interlocuteur ne peut évidemment cacher son incompréhension. On sent poindre un fort sentiment d’injustice.
Le ministre-président flamand Jan Jambon a déjà indiqué qu’il plaidera le 22 décembre pour la levée des restrictions dans le secteur de la culture et de l’événementiel. De quoi revigorer un secteur douché depuis des mois ? Malheureusement, au Trocadéro, l’optimisme n’est plus de rigueur ; tout espoir d’une amélioration rapide de la situation semble en effet perdu : "Attendre quelque chose pour le 22 décembre ? Non ! Les derniers Codeco tournaient déjà autour du pot", regrette Sébastien Lallemand. Et Michel Depas, le directeur du théâtre, de renchérir : "Les normes changent tout le temps, c’est extrêmement compliqué de faire quoi que ce soit."
La fin du cabaret liégeois ?
Même si la billetterie affiche complet pour le moment, cela reste une situation très difficile pour le Trocadéro. Ce théâtre privé fonctionne en effet sans le moindre subside public et a déjà fait appel à une pétition pour obtenir l’aide de la Ville de Liège. "Si je n’avais pas eu l’aide de la Ville, on était fermé ! Le Trocadéro serait en faillite à l’heure actuelle", nous avoue Michel Depas.
Lorsque viendra l’heure des bilans, la morosité ambiante et les difficultés financières risquent de peser lourd dans la balance. Une situation bien sérieuse et préoccupante pour un organisme qui propose pourtant légèreté et amusement au plus grand nombre… Drôle de paradoxe !