Week-end Première

Le saviez-vous ? Le cerveau des vaches a rétréci depuis qu’elles ont été domestiquées

© Pixabay

C’est une découverte, mais on observe cela sur d’autres animaux comme le cochon ou le chien : lorsqu’ils deviennent des animaux domestiques ou d’élevage, leurs cerveaux rétrécissent. Pourquoi ? Réponse avec le scientifique Pascal Nardone.

Par rapport au sanglier, le cochon a le cerveau 34% plus petit ; par rapport au loup, le chien a le cerveau 29% plus petit. Idem pour le mouton qui a le cerveau 24% plus petit. La taille du cerveau a été en quelque sorte sélectionnée par la domestication, par les humains qui ont effectué un choix spécifique d’animaux, explique Pasquale Nardone.

Il ne s’agit pas d’un critère d’intelligence, car la taille du cerveau n’est pas liée à l’intelligence. L’éléphant a par exemple un cerveau de 5 kg par rapport à un humain dont le cerveau pèse 1,4 kg.


Quand le cerveau limbique n’a plus besoin d’être très actif

Le Proceedings of Royal Society B a publié récemment un article d’Ana Mercedes Balcarcel, chercheuse à l’Institut de Paléontologie de l’université de Zurich. Son équipe y a réalisé une étude sur les bovins, dont on connaît l’ancêtre, l’auroch, disparu il y a environ 400 ans. Ils ont analysé 317 spécimens de vaches et de taureaux de 71 lignées différentes, pour observer les différences métriques de leur cerveau.

Ils ont classé ces animaux en 4 groupes : les vaches de production laitière, les vaches de production viandeuse, les taureaux sélectionnés pour la tauromachie, les vaches en liberté dans les parcs animaliers.

Ils ont pu montrer que les animaux de production laitière et viandeuse ont le cerveau 30% plus petit que celui de l’animal à l’état sauvage, l’auroch. Par contre, le taureau de combat a vu son cerveau rétrécir seulement de 15%.

L’étude montre donc bien que la sélection qui a été faite par les êtres humains dépend des caractéristiques qu’ils souhaitaient obtenir.

La partie du cerveau qui a diminué est en fait le cerveau limbique, celui qui gère le traitement de l’agression et de la peur. Comme on sait que la docilité est un facteur héréditaire, on s’aperçoit que l’être humain a opéré une sélection petit à petit, par croisements entre des animaux plus dociles, plus gentils, moins peureux, pour arriver finalement à avoir une vache dont 15 à 30% du cerveau ne servent plus à rien et n’ont plus cette fonction-là.

Cela n’empêche pas les vaches d’être intelligentes, d’être par exemple capables de reconnaître les gens, rappelle Pasquale Nardone. Simplement, la partie agressive, la partie naturelle, n’est plus nécessaire dans cette sélection effectuée par l’humain. Leur cerveau limbique n’a plus besoin d’être très actif. D’où cette différence de taille du cerveau avec les taureaux sélectionnés pour leur agressivité, en vue du combat.

L’agressivité qu’on retrouve chez les animaux sauvages perdure parce qu’ils ont toujours à combattre des prédateurs. Tandis que pour les animaux domestiques, il n’y a plus de prédation, la fabrication d’hormones pour réagir à la peur n’a plus de raison d’être.
 

Retrouvez ici la séquence 'Pasquale ramène sa science'

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