Le Scan : doit-on respecter scrupuleusement les dates de péremption ?

Pour trouver la réponse à notre question, nous nous sommes d’abord rendus chez une entreprise que l’on connaît tous, Danone. Ici comme chez tous les fabricants, c’est le producteur qui détermine la date de péremption de ce qu’il vend. Il est libre de la déterminer de la façon qu’il préfère, mais il est également responsable au cas où le consommateur n’aurait pas été prévenu correctement.

Comment déterminer cette date ? Le fait pour un produit de représenter un danger pour la santé après un certain temps est-il le seul critère ? Nathalie Guillaume, directrice du développement durable chez Danone Belgique Luxembourg, nous répond :

"Jusqu’à il y a dix ans," explique-t-elle, "on ne regardait que la sécurité alimentaire du produit. Depuis la conscientisation sur le gaspillage alimentaire, on a décidé de basculer de DLC à DDM, ce qui permet pour 85% de nos produits laitiers d’être consommés après la date limite de consommation."

Pour clarifier ces propos, il faut expliquer la distinction entre date limite de consommation (DLC) et date de durabilité minimale (DDM), qui a en effet toute son importance :

• La DLC concerne les produits comme le poisson, la viande ou encore certains laitages. Elle est indiquée sur l’emballage avec la mention "À consommer jusqu’au". Si vous dépassez la date, il peut y avoir un risque d’intoxication alimentaire.
• La DDM concerne toute une série d’autres produits. Elle est indiquée par la mention "À consommer de préférence avant le". Si vous dépassez la date, il n’y a pas de problème pour votre santé mais en revanche, le produit sera peut-être moins bon au niveau du goût.

Mais alors, pourquoi avoir choisi cette date de durabilité minimale ? Est-ce qu’il ne faudrait pas la retarder dans ce cas, puisqu’on constate que le produit est toujours bon ?

"Un produit fermenté tel qu’Actimel devient un peu plus acide avec le temps et donc on met une date qui correspond à ce que la moyenne des consommateurs apprécie en termes de goût," répond Nathalie Guillaume, "et aussi parce que l’évolution de certains nutriments dans le produit peut différer de celle des autres."

C’est une réglementation européenne qui oblige les producteurs à mettre une date de péremption sur les aliments qu’ils vendent. Tous les aliments ? Non, il y a quelques exceptions comme les fruits ou les légumes frais, certains alcools comme le vin ou encore le sel et le sucre.

Reste qu’on peut se demander à quel point ces dates de péremption sont fiables. Nous avons montré toute une série de produits à Marianne Sindic, une experte en sécurité sanitaire à la faculté de Gembloux.

Nous concluons notre enquête en vous demandant votre avis. Nous proposons une dégustation de produits, dont la moitié est périmée, aux clients dans un supermarché. Les réactions sont très diverses, mais en général l’altération du goût est bien perçue.

Un jeune homme goûte un toast périmé depuis 4 ans, et c’est sans appel : il devine bien que la date est fortement dépassée.

Une dame par contre, apprécie plus le goût d’une conserve de légumes périmée depuis 9 mois que celui d’une conserve neuve.

Une autre dame compare deux chocolats blancs et trouve tout de suite l’intrus, dont la DDM est dépassée depuis 5 ans.

En fait, il faut utiliser vos sens, goûter, sentir et vous pourriez être surpris ! Mais pour plus de clarté au sujet des dates de péremption et pour éviter encore plus le gaspillage alimentaire, la Commission européenne a décidé de revoir sa réglementation sur les dates de péremption dans un futur proche.