Le Scan

Le Scan : l'objectif zéro émission carbone pour la Formule 1 en 2030 est-il réalisable ?

Par Benoit Feyt avec Maurizio Sadutto via

D’ici 2030, la Formule 1 devra atteindre l’objectif de zéro émission carbone. C’est l’engagement pris par la FIA, la Fédération Internationale de l’Automobile. Mais peut-on vraiment y croire ? C’est ce que le Scan a voulu savoir.

Une préoccupation du moment

"Je pense que c’est plus que du marketing." nous dit Gaëtan Vigneron, notre spécialiste en Formule 1. "Je pense qu’ils ont compris qu’ils ne peuvent plus se permettre d’être décalés, c’est impossible. La F1 veut survivre, il faut quand même être en harmonie avec les préoccupations du moment."

Mais actuellement, une saison de Formule 1 ça représente encore en moyenne 256.551 tonnes de CO2 par an. Soit l’équivalent de l’empreinte carbone annuelle de 25.000 ménages.

Alors, partant de là, comment la Formule 1 compte-t-elle s’y prendre pour atteindre son objectif de zéro émission carbone dans moins de 8 ans ? C’est la question que nous avons posée à l'un des plus grands experts belges de la Formule 1 qui a longtemps travaillé à la FIA.

"Elle le fait en utilisant des carburants qui sont déjà des carburants E10", soutient Thierry Willemarck, vice-président du Touring Club Royal de Belgique. "Et des carburants durables dans certaines écuries, donc on approche déjà là d’une réduction de CO2 sensible pour la course elle-même. Mais il y a également une compensation carbone en soutenant des sociétés comme Carbon Forest."

La compensation ne vaut pas la réduction

C’est donc notamment par la compensation carbone que la F1 compte atteindre son objectif de zéro émission. Mais à en croire les organisations de défense de l’environnement, il s’agirait là, typiquement, d’une fausse bonne idée.

Il ne faut pas émettre du carbone et puis de l’autre côté essayer de l’absorber. Il faut en fait réduire drastiquement

Carine Thibaut, la porte-parole de Greenpeace Belgique, confirme ce point de vue : "Le problème des compensations carbone c’est qu’il s’agit d’un calcul extrêmement hasardeux. On va émettre du CO2 maintenant et on va espérer que dans plusieurs années, grâce aux arbres qu’on a plantés par exemple, on va avoir des puits de carbone qui vont absorber le CO2. Le problème pour Greenpeace, c’est que ces puits de carbone, d’abord, sont très sensibles au réchauffement climatique. Donc, plus le réchauffement climatique s’accélère, plus nos forêts vont mal, plus on a des situations comme des incendies entre autres. Deuxième élément, nous disons qu’il ne faut pas équilibrer nos émissions de carbone. Il ne faut pas émettre du carbone et puis de l’autre côté essayer de l’absorber. Il faut en fait réduire drastiquement, c’est la seule solution."

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Car les émissions provenant des Formules 1 elles-mêmes ne représentent finalement que 0,7% de l'empreinte carbone globale de la discipline.

Et cela, alors que la logistique nécessaire au déplacement du matériel représente à elle seule 45% des émissions carbone.

27,7% proviennent du transport des personnes.

19,3% de la consommation des écuries.

Et enfin 7,3% sont liés à l’événementiel qui accompagne les Grands Prix.

Dans tous ces domaines, la FIA s’est également engagée à fournir des efforts pour réduire son empreinte environnementale. Mais pas de quoi atteindre son objectif de zéro émission en 2030, sans passer par l’achat de compensations carbone.

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