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Le Scan : les éoliennes sont-elles vraiment des faucheuses d’oiseaux ?

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Les éoliennes sont-elles un danger pour les oiseaux ? L’argument revient souvent dans la bouche des opposants au développement de l’éolien, mais cette mortalité est-elle une réalité ? Peut-on la quantifier ? Le Scan fait le point.

Une situation à évaluer sur le terrain

Un des visuels utilisés par les opposants au développement de l’éolien.
Un des visuels utilisés par les opposants au développement de l’éolien. © RTBF

"Les éoliennes, c’est mal parce que ça tue les oiseaux." Voici une phrase que vous avez peut-être entendue ou lue quelque part autour de vous, peut-être à grands renforts de visuels effrayants comme celui ci-dessus, accompagnée de chiffres tous plus inquiétants les uns que les autres. Mais qu’en est-il vraiment ? Que disent les données scientifiques et les acteurs de terrain ?

Que des éoliennes aient déjà causé la mort d’oiseaux, cela semble être une certitude. D’ailleurs, on trouve très facilement en quelques clics des images de corps d’oiseaux au bas d’éoliennes sur Internet. Le tout est de savoir… combien exactement. Nous nous sommes rendus dans un champ d’éoliennes du Brabant wallon. Et au pied des engins, pas de trace d’un quelconque volatile mort. C’est ici que nous avons donné rendez-vous à Jean-Philippe Bizoux. Il est attaché qualifié au DNF, le Département de la Nature et des Forêts, pour avoir un avis plus éclairé :

Jean-Philippe Bizoux, attaché qualifié au département Nature et Forêts.

"Les effets sur la biodiversité, sur l’avifaune, de ce parc éolien ne seront pas principalement de la mortalité. Donc on a plutôt un parc qui va créer de l’effarouchement. Les oiseaux vont déserter l’endroit. Il n’y a pas un lien de cause à effet direct. La première cause de disparition des oiseaux de nos campagnes, ce n’est pas les éoliennes. Les causes sont identifiées : c’est principalement la perte d’habitats. La perte de zones où les oiseaux peuvent se reposer, peuvent se nourrir. Et donc les éoliennes ne sont pas la cause première de disparition de l’avifaune."

Des chiffres à mettre en perspective

Les causes de disparition des oiseaux, il y en a bien d’autres et les ordres de grandeur ne sont pas tout à fait les mêmes. Selon une étude française, une éolienne, ça tue en moyenne sept volatiles par an. Mais sur, disons, 10.000 morts accidentelles, qu’est-ce que ce chiffre représente ? On estime que la majorité de ces collisions sont dues aux vitres des immeubles. Viennent ensuite les lignes à haute tension, puis les voitures. Ajoutez à ça le problème des pesticides et la chasse que leur font les chats (voir photo ci-dessous)… On voit que les éoliennes arrivent en tout dernier de ce classement avec seulement un mort sur les 10.000 envisagés.

Sur 10.000 morts d’oiseaux, les éoliennes n’arrivent que bonne dernière… avec une seule d’entre elles à son actif.
Sur 10.000 morts d’oiseaux, les éoliennes n’arrivent que bonne dernière… avec une seule d’entre elles à son actif. © RTBF
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Des zones de compensation

Le chiffre de sept morts par an et par éolienne, c’est une moyenne. Les chiffres varient en fait entre zéro et 18, en fonction surtout de ce qui se trouve autour du champ éolien. C’est pour cela que les scientifiques continuent de réfléchir au problème. Parmi eux, Geoffroy Marx, il est responsable du programme Energies Renouvelables et Biodiversité à la Ligue de protection des oiseaux en France :

Geoffroy Marx, responsable du programme Energies Renouvelables et biodiversité à la Ligue française de protection des oiseaux.

"On voit les impacts sur les paysages, sur la biodiversité, de ces projets d’énergie renouvelable. Mais l’avantage de ces énergies renouvelables, c’est qu’elles ont des impacts qui sont très localisés et qui peuvent être, pour la plupart d’entre eux, évités, réduits, voire compensés."

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Si on parle d’éoliennes, il faut également parler de la réglementation autour des éoliennes qui n’a cessé d’évoluer. Et si elles participent effectivement à leur échelle, à la perte progressive de l’espace disponible pour les oiseaux, il faut aussi savoir qu’aujourd’hui, on oblige la plupart du temps les promoteurs à tenter de compenser cet impact. La bonne nouvelle, c’est qu’on crée maintenant ce qu’on appelle des zones de compensation. On va aller voir à quoi ça ressemble justement, avec l’aide de Jean-Philippe, notre expert aviaire :

Jean-Philippe Bizoux, attaché qualifié au Département Nature et Forêts (DNF).

"Ce sont des parcelles qui sont mises en place sur des parcelles agricoles et qui sont consacrées à la biodiversité et principalement à l’avifaune. Les espèces retrouvent deux éléments essentiels dont elles ont besoin, c’est-à-dire de l’abri et surtout aussi des zones nourricières."

"Et ça fonctionne réellement. Quand les mesures sont bien mises en place et qu’elles sont correctement situées, on a un réel impact sur la présence des oiseaux et on retrouve les espèces qu’on est censé retrouver."

Donc il est possible de trouver des équilibres. Vous aurez d’ailleurs remarqué que ce sont des amoureux des oiseaux qui le disent. Aujourd’hui, eux aussi constatent que les éoliennes ne sont pas forcément les pires ennemies de leurs petits protégés.

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