Le Scan

Le Scan : les gobelets réutilisables, obligatoires dans les événements en Wallonie, sont-ils vraiment plus écologiques ?

Gobelets réutilisables

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Par Marie-Laure Mathot

Les gobelets en plastique à usage unique, c’est terminé dans les événements en Wallonie. Ils doivent être remplacés par des gobelets réutilisables et donc plus écologiques. Mais dans certains comités organisateurs, la question fait débat : le sont-ils vraiment ?

© RTBF

D’abord, rappelons le cadre. Les gobelets à usage unique sont déjà interdits à la vente depuis janvier 2023 partout en Belgique. Ce qui change aujourd’hui, c’est leur utilisation dans les événements en Région wallonne. Ils sont interdits et pas question d’écouler les stocks déjà achetés, répond le SPW. Exception faite pour les verres à pékets des Fêtes de Wallonie. Mais la ministre wallonne de l’Environnement, Céline Tellier, "espère qu’en 2024, les Fêtes de Wallonie se feront totalement avec des gobelets réutilisables".

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Nous sommes allés voir ce qu’il en était dans un type d’événements un peu plus petit mais qui existe par centaines en Wallonie : une fête de village. À Martouzin-Neuville, au sud de la province de Namur, le Comité des Pommiers en fête a fait fabriquer 2000 gobelets réutilisables avec leur logo. Ils ont également loué un lave-vaisselle pour les nettoyer sur place et l’ancien stock de gobelets jetables a été mis au placard. De quoi animer les débats dans le comité.

Pour le trésorier, Ludovic François, "C’est clairement le réutilisable le plus écologique car il est lavable plus de mille fois." Pour Augustin Warnottre, le vice-président, au contraire, "une fois qu’on a utilisé de l’eau et de l’électricité pour le laver, qu’on doit le recycler en fin de vie alors qu’il a aussi fallu le fabriquer, le jetable est plus écologique."

Pour trancher le débat, nous avons posé la question à une société spécialisée. Tapio calcule l’empreinte carbone des événements et des entreprises. "Est-ce que les gobelets réutilisables sont plus écologiques ? La question est plus complexe qu’il n’y paraît", prévient d’emblée Louis Collinet, CEO de la start-up. "Il faut prendre une série d’indicateurs en compte."

"D’un point de vue purement carbone, l’impact est limité." Les gobelets réutilisables émettent en effet davantage d’énergie au moment de leur production ainsi que pour leur lavage et éventuellement le transport pour celui-ci.

Une série de critères à prendre en compte

Néanmoins, les gobelets réutilisables compensent cette empreinte grâce à d’autres critères : le nombre de réutilisations, le recyclage, l’énergie utilisée pour le nettoyage, le matériau utilisé. Des critères qui varient en fonction du pays ou de la région où l’on se trouve.

"En Belgique, en Wallonie", continue le patron de Tapio, "le marché est relativement conscientisé." Les utilisateurs savent qu’ils doivent ramener leur gobelet, notamment grâce au système de caution, un enjeu pour les organisateurs d’événements.

"On ne jette pas ses déchets par terre donc on peut espérer un bon taux de récupération." Et donc de réutilisation. Et plus le gobelet est réutilisé, moins son impact sur l’environnement est grand. L’empreinte carbone de la fabrication du gobelet est en effet compensée par une utilisation plus longue. Une étude du programme environnemental des Nations unies parle d’un impact positif à partir de 10 à… 670 réutilisations. La fourchette est large. Elle dépend aussi d’autres critères.

Le recyclage en fait partie et bonne nouvelle, chez nous, "nous avons un bon taux de recyclage, donc la fin de vie des gobelets (à usage unique ou réutilisable) va être plutôt positive et moins émettrice de CO2."

Autre indicateur : l’énergie utilisée pour le lavage. Elle est en partie décarbonée même si la Belgique pourrait faire mieux. "En France, ce serait plus intéressant car leur mix énergétique est davantage décarboné."

Enfin, la méthode de nettoyage pèse dans la balance. "Elles sont assez modernes chez nous chez nous donc on peut espérer que le festival ou l’événement wallon fasse un effort pour avoir des méthodes de nettoyage à froid avec potentiellement de l’énergie décarbonée." Et sur place.

Vraiment plus écologique ?

Une fois tous ces critères pris en compte, c’est le gobelet réutilisable qui gagne. Non pas parce qu’il émet moins de CO2 au moment de sa fabrication mais parce qu’il consomme moins de plastique à force d’être réutilisé grâce, par exemple, à un système de caution.

Il est d’autant plus écologique s’il est lavé sur place avec des énergies renouvelables. Et ce, qu’importe la taille de l’événement.

L’impact des gobelets sur un événement est extrêmement faible

Une mesure qui doit être remise dans son contexte selon notre expert. "L’impact des gobelets sur un événement est extrêmement faible. Ce n’est pas du tout un des éléments principaux émetteurs de CO2. C’est très loin derrière le transport (des participants, ndlr) et très loin derrière la consommation de nourriture."

Et de prendre l’exemple d’un festivalier. "Si vous consommez un litre de bière dans des gobelets, le contenant de représente que 8% des émissions de CO2. Le reste, 92% de l'empreinte carbone, est lié au contenu, la bière. Donc c’est important de réduire les émissions liées aux gobelets mais c’est encore plus important de travailler sur d’autres leviers." C’est ce que Tapio avait démontré pour Tomorowland par exemple.

Des gobelets mutualisés

Et pour que le changement vers des gobelets réutilisables soit vraiment efficace, ça ne sert à rien que chaque organisateur d’événement crée ses contenants avec sa propre marque. Mieux vaut les mutualiser. Et bonne nouvelle encore, il y a des sociétés qui proposent cela depuis des années chez nous.

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