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Le Scan : les panneaux photovoltaïques, une face cachée controversée

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Gaz, pétrole, électricité, le prix de l’énergie ne cesse d’augmenter. Alors, pourquoi ne pas chercher des alternatives, et tant qu’à faire des alternatives vertes, pour lutter également contre le réchauffement climatique ? Avec le retour des beaux jours, on pense évidemment au solaire. Une industrie qui a ses atouts mais aussi, vous allez le voir, quelques zones d’ombre.

D'où viennent nos panneaux solaires ?

Pour illustrer notre propos, petit détour par Evere, en Région bruxelloise. Ici, une famille, comme beaucoup d’autres en Belgique, a décidé d’installer des panneaux solaires sur son toit, et espère ainsi limiter son empreinte carbone, tout en réalisant de belles économies.

Meghan Richil est responsable d’Energyvision, un fournisseur d’énergie verte à Bruxelles : "Un chiffre-clé : il faut estimer, en fonction de sa consommation, à plus ou moins 40% la diminution de sa facture d’électricité grâce aux panneaux solaires."

Et comme l’installation proposée ici est 100% gratuite, ça ressemble vraiment à un bon plan. Mais quand on gratte un peu, on découvre rapidement l’envers du décor de l’énergie solaire. On a posé la question à Madame Richil :

- Je voyais votre slogan qui disait "100% d’énergie gratuite, 100% made in Brussels." Mais ces panneaux, ils ne viennent pas de Bruxelles ?

"En fait c’est surtout l’énergie qui est produite à Bruxelles. Les panneaux viennent de Chine."

Sur le dos des droits de l'homme

La Chine est en effet le principal producteur mondial de panneaux solaires, exerçant même un quasi-monopole sur certaines étapes de la production.

Le problème c’est que cette industrie est notamment implantée dans la province du Xinjiang, où la minorité musulmane Ouïghoure est violemment opprimée par le régime de Pékin. Des chercheurs de l’Université de Sheffield ont ainsi démontré que des millions de Ouïghours y étaient utilisés dans l’industrie de l’énergie solaire, dans des conditions de travail forcé comparables à de l’esclavage.  

Alors, est-ce que la transition énergétique se fait sur le dos des droits de l’homme ? La question méritait d’être posée !

Une position belge inconfortable

Nouveau décor, nous voici au Parlement fédéral, où nous avons rendez-vous avec un député qui souhaite que la Belgique qualifie de "génocide" le sort qui est réservé aux Ouïghours en Chine aujourd’hui. Il s’agit d’un député Ecolo, pour qui la transition énergétique est également une priorité. Nous avons donc voulu savoir comment Samuel Cogolati se situait dans ce dossier :

- Est-ce que vous diriez aux gens qui seraient intéressés par l’idée d’installer des panneaux photovoltaïques aujourd’hui de ne pas le faire, parce qu’il y a un risque de travail forcé ?

"Je dirais surtout de se concentrer sur les bonnes alternatives. Sur les panneaux photovoltaïques qui sont produits, par exemple, en Malaisie, en Corée ou encore mieux, le made in Europe, comme en France ou en Allemagne. La Commission européenne doit interdire, purement et simplement toute importation de panneaux photovoltaïques qui sont issus de travail forcé."

Une Europe à la traîne

Le problème c’est que 70% des panneaux solaires produits dans le monde et 95% des "wafers" qui composent les cellules solaires proviennent de Chine… Un marché où l’Europe est donc largement à la traîne.

Mais que peut réellement faire l’Europe ? Nous nous sommes tournés vers une députée européenne, belge, à savoir Marie Arena, présidente de la sous-commission des droits de l'homme au Parlement européen. D’après elle, on pourrait aller beaucoup plus loin : "On devrait appliquer le devoir de vigilance, tel que nous l’avons proposé au niveau du Parlement [européen], avec des mécanismes de sanctions qui permettent d’attaquer en justice des entreprises qui, en toute connaissance de cause, ont été partie prenante d’une chaîne de production dans laquelle on a pu démontrer qu’il y avait des abus de droits de l’homme ou des abus environnementaux."

On en arrive probablement à la même conclusion que vous, à savoir que faire des économies, défendre les droits de l’homme et se détourner des énergies fossiles, eh bien tout cela n‘est pas toujours facilement conciliable.

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