Le secteur de la construction est en pleine mutation technologique et recrute à tour de bras

Le secteur de la construction manque de bras, il est en pénurie de main-d’œuvre en Wallonie. Or, avec les inondations du mois de juillet, le plan de relance et de reconstruction, les besoins sont là. Tous les métiers sont concernés, explique Édouard Francq, conseiller emploi et formation à la Confédération Construction Wallonne, interrogé sur La Première : "Sur les 126 métiers identifiés en pénurie sur le total de la liste Forem, plus de 41, la majorité, la plupart des métiers de la construction sont considérés en pénurie. De manière générale, ça peut aller du carreleur au charpentier jusqu’au conducteur de grue ou le maçon, ou plus spécifiquement, si on parle de rénovation énergétique, on peut parler de couvreur, étancheur ou isolateur. Mais de manière générale, effectivement, on peut dire que l’ensemble des métiers de la construction est considéré en pénurie et ça pose problème, notamment dans la relance de la Wallonie, mais aussi dans la reconstruction après les tragiques inondations que l’on a connues en juillet".

Un secteur mal perçu, considéré comme trop pénible

"C’est un problème qui existe depuis plusieurs années, 15 à 20 ans déjà. Et ce n’est pas un problème exclusivement wallon ou belge, mais plutôt un problème d’Europe de l’Ouest pour certains types de métiers. Et la crise du Covid avec les plans de relance qui en découlent, mais aussi les terribles inondations et les terribles besoins qui s’en dégagent ont donné un caractère inédit à cette pénurie, qui a plusieurs causes. Moi je parle d’un problème sociétal, puisque l’image du secteur est ternie. On pense souvent à un secteur qui est pénible, qui est dégradant parmi la société, et je pense aussi que dans l’enseignement, les filières techniques, de manière générale, et les filières construction sont souvent considérées comme des filières de relégation, à tort, alors qu’il faudrait au contraire les considérer comme des filières d’excellence. On parle souvent d’alternance comme porte d’entrée évidente dans notre secteur et dans d’autres également", poursuit-il.

Les jeunes ne sont plus attirés par ces métiers-là : "Les filières construction se vident, que ce soit dans l’enseignement ou à l’IFAPME (l’enseignement en alternance). Le Covid est bien évidemment passé par là, il a accentué une réalité qui était déjà présente avant et qui nous frappe aujourd’hui de plein fouet", ajoute Edouard Francq.


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"Je pense que l’IFAPME démontre que l’alternance (un enseignement d’une part théorique, en centre, et en stage sur le terrain, en entreprise) est une porte d’entrée évidente, puisque 90% des apprenants en IFAPME décrochent un job six mois après leur certification. On pourrait travailler davantage avec l’enseignement, qui est également un très bon apprentissage au niveau des CEFA, et des formations Forem courtes. Ici, on parle de FALT, de formations alternées de 6 à 12 mois. On peut donc effectivement travailler encore pour rendre efficaces ces dispositifs"

Le secteur de la construction voit apparaître de nouvelles techniques qui permettent d’alléger la charge pour les ouvriers

Des mesures sont prises pour combattre la pénurie : "Le gouvernement wallon a annoncé une prime de 2000 euros qui sera attribuée aux personnes allant dans une formation menant à un métier en construction bois et électricité. C’est une mesure qu’on soutient, même si les modalités ne sont pas encore définies, ce que nous regrettons. Mais sur le principe, on est tout à fait enthousiaste. Il y a aussi le volet fédéral, puisque le gouvernement a aussi annoncé la possibilité de cumuler 25% des allocations de chômage pour un demandeur d’emploi qui décroche un job parmi les métiers en pénurie, pour les trois premiers mois. Ce sont des mesures qu’on appuie et pour lesquelles on est enthousiaste. Après, il reste toute une série de mesures à opérationnaliser. Je pense qu’au niveau du Forem, par exemple, le screening et la distance à l’emploi sont super importants, ainsi que la campagne de promotion qu’il faudra faire, l’image du secteur est encore ternie".

"Le secteur de la construction est en pleine mutation technique et technologique. La construction durable ce sera un enjeu important, notamment dans les objectifs environnementaux de rénovation énergétique à venir au niveau européen ou même régional. Le secteur de la construction voit apparaître de nouvelles techniques, comme l’utilisation de machines à distance, de drones, d’exosquelettes qui permettent d’alléger la charge pour les ouvriers. Ça permet un meilleur bien-être à ce niveau-là pour nos ouvriers. Bien évidemment, il reste un énorme travail à faire et la mutation se fera sur le long terme, mais pour l’instant, elle est enclenchée".

La Confédération Construction organise en collaboration avec le Forem des job days : ce sont "des événements qui favorisent et qui mettent en place des rencontres directes entre, d’une part, un demandeur d’emploi qui est identifié construction, et d’autre part des entrepreneurs qui cherchent de la main-d’œuvre. Ces événements permettent donc une interaction directe".

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