Du côté du personnel du secteur des soins de santé, l’annonce de Frank Vandenbroucke n’est pas vraiment une surprise. "On s’y attendait", nous répond la vice-présidente de la Fédération Nationale des Infirmiers de Belgique, Alda Dalla Valle. C’est vrai que le sujet n’arrive ni par hasard ni par surprise sur la table. En juillet, l’Académie royale de médecine de Belgique (ARMB) et la Koninklijke Academie voor Geneeskunde van België (KAGB) avaient déjà recommandé une vaccination obligatoire élargie à tous les professionnels soignants et non soignants des hôpitaux, des cliniques et des institutions de soins, ainsi qu’aux médecins, aux autres professionnels de la santé et aux bénévoles, impliqués dans les soins (ambulatoires).
Pour Alda Dalla Valle, qui est aussi porte-parole du Syndicat professionnel des praticiens de l’art infirmier et des aides-soignants, "que cette vaccination devienne obligatoire", c’est "un peu logique". Elle estime qu’en tant que professionnels de la santé, "le personnel soignant se doit d’être exemplaire, pour la population qu’il soigne et pour lui-même, pour se mettre en sécurité".
Cependant, Alda Dalla Valle se demande sur quels chiffres se base le ministre de la Santé pour estimer que le personnel des soins de santé ne serait pas suffisamment vacciné. Selon elle, "il n’y a pas un cadastre assez fin du personnel soignant". "Tout le monde ne sait pas qui est vacciné. Sur quoi se base-t-il ?" s’interroge-t-elle.
Du côté de l’Absym, l’Association belge des syndicats médicaux, on s’est déjà prononcé, à la mi-juillet, en faveur de l’obligation vaccinale pour le personnel des soins de santé. L’Absym évoque "une obligation déontologique et éthique pour les médecins et le personnel de santé". Dans sa prise de position, l’ABSYM disait ne pas comprendre "quelle peut être la motivation des prestataires de soins de santé à ne pas se faire vacciner".
Pour Quentin Lamelyn, administrateur de l’Absym, "On n’a pas le choix", l’obligation de vaccination devient nécessaire. "On a d’abord laissé les gens libres de le faire en pensant que le personnel soignant le ferait pour le bien des patients", explique Quentin Lamelyn. "On s’est heurté à une résistance d’une partie de la population soignante à la vaccination ce qui, étant donné le contexte épidémiologique risque de devenir un problème pour tout le monde", poursuit Quentin Lamelyn. Et pour ce dernier, les sanctions seraient "inévitables" en cas de refus de se faire vacciner.
Du côté des directions d’hôpitaux, on entend aussi des voix favorables à une obligation vaccinale pour le personnel soignant. Actuellement, on estime à environ 80% la proportion de membres du personnel soignants vaccinés. Reste 20% de non-vaccinés qui pourraient compliquer la tâche des hôpitaux en cas de reprise de l’épidémie.
Chez Epicura, un réseau hospitalier de la région de Mons-Borinage et de Ath, on est clairement pour l’obligation de vaccination pour le personnel soignant. On estime qu’on pourrait largement dépasser le chiffre de 80% de vaccinés. "On serait très largement proche de 100%", estime François Burhin, le Directeur général d’Epicura. Il estime que les quelques cas restants de soignants non vaccinés se régleraient au cas par cas soit par "réorientation" vers d’autres fonctions, soit s’il n’y a pas d’autre solution, en n’ayant "plus le droit de travailler dans le secteur". Pour lui, l’obligation de vaccination "est un moyen indispensable" car, "en termes de responsabilité professionnelle, on a affaire à des patients qui sont fragiles".