Confrontés aux défis d'un secteur en pleine mutation, les éditeurs francophones belges estiment que les gouvernements régionaux wallon et bruxellois pourraient leur accorder des aides dans le cadre de leurs compétences touchant à la logistique, l'emploi et l'innovation.
En plus de son rôle éminemment culturel qui justifie le soutien accordé par la Fédération Wallonie-Bruxelles, l'édition constitue aussi un véritable secteur économique, innovant et entreprenant, a souligné lundi à Bruxelles Benoît Dubois, le directeur l'ADEB, qui regroupe la plupart des éditeurs belges de langue française et les distributeurs et diffuseurs de livres actifs en Fédération.
Appuyé par Thierry Hoguelin, Coordinateur de l'association Les Editeurs Singuliers, qui représente petits et moyens éditeurs "de création" (littérature, poésie, roman graphique...) , le directeur de l'ADEB a exposé mercredi à Bruxelles les différents défis et dangers qui menacent aujourd'hui le secteur de l'édition en Belgique francophone.
Renforcer les éditeurs belges face aux "sirènes" françaises
Pour eux, il s'agit de renforcer l'ancrage belge du secteur, face aux "sirènes" des éditeurs français, qui dictent souvent leur loi sur le marché de la littérature francophone. Six grands distributeurs de livres français dominent le marché en Belgique, obligeant ainsi les libraires belges à s'inscrire dans les priorités commerciales de ces grands groupes, qui n'hésitent pas à favoriser leurs propres productions, ont-ils expliqué.
Exemple concret: les éditeurs belges francophones s'adressent aujourd'hui au gouvernement de la Fédération pour mettre au point un système permettant de mesurer le "poids carbone" de l'édition en Belgique, faute de quoi celle-ci sera exclue du marché français, soumis aux règles environnementales régnant outre-Quiévrain.
Autre défi: les éditeurs belges sont soumis à une forte pression sur le prix du livre, face aux éditeurs français, qui bénéficient de mesures fiscales leur permettant de pratiquer des prix stables.
De leur côté, leurs collègues wallons et bruxellois doivent s'aligner, alors qu'ils font face à une inflation atteignant 12 pour cent, à l'indexation des salaires qui interviendra en janvier prochain ou encore à l'augmentation du prix du papier.
Les éditeurs souhaitent aussi le rapatriement en Wallonie et à Bruxelles d'une bonne part des innombrables imprimeries situées à l'étranger - parfois dans des pays très lointains - qui impriment les livres belges.