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Le sentiment d’insécurité à Namur bondit de 9% : "Il faut jouer sur tous les leviers que l’on a à notre disposition"

Des patrouilles en plus dans le centre-ville depuis près d’un an.

© C.G.

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Par Clément Glesner

Ces derniers mois, les faits divers sanglants ont émaillé la Capitale wallonne. Tout le monde se souviendra du visage tuméfié d’Ethan après avoir été frappé par cinq hommes, dont deux mineurs. C’était en octobre 2021. Depuis lors, il y a eu aussi Esteban, jeune homme de 18 ans, tué en pleine rue d’un coup de couteau en novembre dernier. Puis pas plus tard que ce dimanche dans le parc Louise-Marie, un homme de 25 ans était retrouvé dans le lac après avoir été tabassé à coups de bouteille.

Cette liste non exhaustive a marqué l’esprit des Namurois. Il suffit d'ailleurs de tendre son micro dans la rue pour comprendre l’insécurité ressentie par certains. "C’est une réalité que l’on vit au quotidien. Lorsque l’on sort de la gare et que l’on se fait suivre par un homme, ce n’est pas rassurant", confie une jeune femme. Son ami abonde : "Il est déjà arrivé à plusieurs reprises que l’on laisse des amis seuls cinq minutes. À notre retour, ils n’avaient plus de téléphone et de portefeuille…"

Plus loin, c’est un citadin plus âgé qui nous interpelle : "Je sors tous les jours dans le centre pour me promener. Ca va de mal en pis. Je me suis déjà fait accoster trois fois en une poignée de minutes aujourd’hui par des sans-abris. Leurs réactions sont aléatoires."

Ce coup de sonde n’a aucune valeur scientifique, mais il questionne. Et il étonne d'autant plus au regard de la présentation du Moniteur de sécurité présenté ce mercredi par le chef de corps de la zone de Namur, Olivier Libois. Selon l’enquête réalisée en octobre 2021 auprès de 476 Namurois, la première cause d’insécurité reste les comportements inappropriés des usagers de la route pour un répondant sur deux. 34% relèvent que la criminalité les inquiète. 19 % pointent avoir été victime d'une agression.

"Mais il faut contextualiser cette étude. Nous sommes à l'époque en sortie de période Covid. La réalité est différente que ce que l’on vit aujourd’hui", confie le bourgmestre Maxime Prévot. "Il ne faut pas nier les problématiques liées à la drogue et à la criminalité urbaine sur lesquelles nous travaillons. Nous devons jouer sur tous les leviers que l’on a à notre disposition."

De moins en moins de plaintes

Ce constat aurait pu laisser penser que le sentiment d’insécurité des Namurois en 2021 n’avait pas particulièrement évolué par rapport à 2018, dernière étude du Moniteur sécurité. Et pourtant, en 2021 déjà, 16% des répondants estimaient se sentir toujours ou souvent en insécurité. C’est 9% de plus par rapport à 2018.

Une évolution difficile à comprendre pour la zone locale. "Ce que l’on sait c’est que les sondés ont exprimé à plus de 70% que la présence des caméras permet d’augmenter le sentiment de sécurité. Un vaste plan est en marche et des moyens considérables ont été débloqués", confie Olivier Libois, chef de zone.

Sur la législature, c’est un budget de 4 millions d’euros qui a été alloué au plan de sécurisation par images. De 250 caméras, il y en aura 400 d’ici l’an prochain. Les effectifs policiers ont également été renforcés de 20 unités pour permettre la mise en place de patrouilles urbaines plus visibles.

Mais malgré ces données, Namur n’est pas le nouveau Chicago. "Nous sommes face à un phénomène étrange. Sur ces dernières décennies, nous vivons dans une société dans laquelle il n’y a jamais eu aussi peu d’infractions. Et dans le même temps, le citoyen se sent de moins en moins en sécurité. Il faut tenter d’en comprendre les raisons et d’expliquer que le sentiment d’insécurité n’est en rien corrélé par une augmentation statistique des faits", constate le chef de corps.

Il relève un autre enseignement de cette enquête : "On voit que 50% des personnes qui ont été victimes vol avec violence n’ont pas été déposées plainte. Ce chiffre s’accroît à plus de 70% lorsqu’il s’agit de violences physiques ou de violences sexuelles. Les raisons sont multifactorielles. Mais chaque plainte nous permet d’ajuster nos contrôles. Si des faits se passent spécifiquement dans une rue mais que jamais personne ne vient déposer plainte, nous ne pourrons jamais prévenir ces faits."

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