Le journal anglais The Athletic rapporte ce lundi que le club ukrainien du Shakhtar Donetsk réclame 50 millions d’euros de dommages et intérêts à l’instance dirigeante du football mondial. Le club a déposé des documents auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS) pour faire appel d’une décision de la FIFA, qui permet aux joueurs étrangers de suspendre de manière unilatérale leurs contrats dans le pays touché par le conflit.
Le club, 13 fois champion d’Ukraine depuis l’indépendance de l’Union Soviétique, a fourni en juillet les documents auprès de Matthieu Reeb, directeur général du Tribunal arbitral du sport (TAS) en Suisse. Le Shaktar se prépare ainsi à une bataille juridique exceptionnelle avec la FIFA, à hauteur de 42,6 millions de livres (50 millions d’euros).
Tout a commencé par la décision de la FIFA datant du 21 juin dernier, permettant aux joueurs et coach étrangers évoluant en Ukraine de suspendre leur contrat de travail avec les clubs jusqu’au 30 juin 2023, à moins qu’un accord puisse être conclu entre le joueur ou l’entraîneur et son club avant le 30 juin de cette année.
Le Shaktar Donetsk comptait 14 joueurs étrangers dans ses rangs avant le conflit, qui a déjà fragilisé les sources de revenus du club. En conséquence de la perte de ces revenus, le Shaktar comptait sur les ventes de ses éléments les mieux cotés pour se renflouer, et récupérer des fonds nécessaires à la stabilité du club, notamment pour honorer des paiements dus à d’autres clubs, et assurer l’assistance humanitaire qu’il propose.
Le club comprend que les joueurs étrangers ne soient pas emballés à l’idée de revenir jouer dans un pays en guerre. Néanmoins, il déclare avoir été impliqué dans des négociations pour le départ de plusieurs joueurs. La décision de la FIFA en juin a réduit le délai de finalisation des ventes à une semaine, tandis que les clubs acheteurs et les agents de joueurs savaient qu’ils pouvaient simplement attendre jusqu’au 30 juin et éviter de payer des frais au club ukrainien.
Le PDG du Shaktar Sergei Palkin a adressé une lettre à la FIFA, dans laquelle il déclare que son club a perdu l’opportunité de transférer quatre joueurs étrangers, pour un montant total avoisinant les 50 millions d’euros. Il a également prévenu que le Shaktar demanderait réparation aux tribunaux suisses si la FIFA ne trouvait pas de solution.
En réponse à cela, la FIFA a publié un amendement stipulant qu’aucun transfert de ce type ne pourrait être conclu avant le 1er août. Le Shaktar affirme que cela ne résout pas la situation, puisque les clubs acheteurs n’ont qu’à attendre deux semaines pour finaliser ces transferts gratuitement.
Le Shakhtar a donc fait appel auprès du TAS. Le club a demandé que la décision de la FIFA soit annulée mais aussi que la FIFA soit condamnée à payer des dommages et intérêts au club. Il demande également, entre autres, que la FIFA couvre tous les frais liés à la procédure juridique.
Le président du Shaktar ajoute que Gianni Infantino, le dirigeant de la FIFA, n’a pas répondu à plusieurs lettres lui étant adressées personnellement. La FIFA aurait également induit en erreur le public en déclarant avoir consulté "les principales parties prenantes du football en Ukraine" avant la décision.
Concrètement, la décision de la FIFA a par exemple fait tomber à l’eau le transfert de l’ailier israélien Manor Solomon à Fulham. Le club anglais a écrit au Shaktar en expliquant qu’ils arrêtaient les négociations, pour récupérer le joueur gratuitement plus tard. Il a depuis signé à Fulham, sans qu’aucune somme ne soit versée au Shaktar.
Un autre exemple est celui du brésilien Tete : il avait fait l’objet de négociations avec l’Olympique Lyonnais, qui souhaitait l’engager. Sa valeur est estimée à 23,5 millions d’euros, mais il a rejoint le club français gratuitement, en prêt jusqu’en juin 2023. Il ne lui restera alors que 6 mois de contrat avec le Shaktar, ce qui lui permettra de s’engager librement avec un club dans le cadre d’un accord de précontrat.