Durant le mois de juin 1895, le journal Le Gaulois propose à ses lecteurs une série de poèmes intitulée Portraits de peintres signée de la main d’un jeune homme dont l’œuvre est encore à faire : Marcel Proust. Peu satisfait de cette publication, Proust retravaille ses poèmes et les intègre au recueil Les plaisirs et les jours, publiés l’année suivante. Si ces portraits poétiques sont goûtés par une partie du public, ils sont depuis les années 1960 l’objet de vive critique. Par exemple, en 2001 Richard Bales écrivait encore "Proust est un poète remarquablement peu doué".
Les portraits souffrent-ils de la comparaison à l’Opus Magnum de Proust ? Possible, mais il semblerait également que certains aient voulu y lire une manière d’Ekphrasis, une description littéraire d’une image particulière. Or ceci n’a jamais été l’objectif de l’auteur, qui met en mot les sensations ressenties dans la peinture de quelques artistes. Il y assume tout à fait sa subjectivité et son détachement du détail.