Moins connu que ceux de Vivaldi ou Pergolesi, le Stabat Mater de Rossini n’en est pas moins enregistré de temps en temps, et la discographie est déjà riche de versions signées notamment Giulini, Kertesz, Bychkov, Chailly ou Pappano, avec parfois des solistes très prestigieux. Ce nouvel enregistrement ne bouleversera peut-être pas la hiérarchie, mais se placera dans le panier de tête. Et, surtout, il nous donne l’occasion de retrouver cette partition créée en 1842, œuvre d’un Rossini qui avait abandonné l’opéra mais anticipant par sa théâtralité intrinsèque " l’opéra en robe de bure " que serait, une trentaine d’années plus tard, le Requiem de Verdi.
Conduit par son directeur musical Gustavo Gimeno, l’Orchestre Philharmonique de Luxembourg est allé jusque Vienne pour se trouver un chœur (le Wiener Singverein), et y a adjoint quatre bons solistes de niveau international : la soprano Maria Agresta (dont certains aigus sont parfois périlleux), la mezzo-soprano Daniela Barcellona, timbre toujours puissant mais avec un vibrato parfois très sensible, le ténor René Barbera et la basse Carlo Lepore. Le disque vaut pour sa globalité plus encore que pour la somme de ses composantes, et on en appréciera l’enthousiasme jubilatoire et le lyrisme brûlant qui le traversent.
CD Harmonia Mundi / Integral