Football

Le Standard sur les traces... d'Anderlecht : pour sortir de la crise, il faudra passer par la caisse

© Tous droits réservés

Temps de lecture
Par Lancelot Meulewaeter

Fut un temps, pas si lointain, où l’épicentre du football belge se partageait entre Bruxelles et Liège. Le Sporting d’Anderlecht, emmené par la famille Vanden Stock, empilait les titres de champion de Belgique alors qu’un Standard irrévérencieux lui contestait cette hégémonie. En 2022, la hiérarchie nationale est largement chamboulée. Le FC Bruges est devenu le patron du football belge, tout juste titillé par Genk (champion 2019), La Gantoise (2015) ou par les Bruxellois, sacrés pour la dernière fois en 2017. Mais le Standard et Anderlecht ont entamé leur processus de reconstruction. Après avoir chacun touché le fond financièrement, ces deux locomotives du football belge rêvent à des jours meilleurs. Autopsie des plans d’attaque pour rejoindre les sentiers de la gloire.

Anderlecht ne compte plus ses centimes, le Standard a un besoin vital d'argent frais

Anderlecht est passé par une longue période de vache maigre. La reprise du club par Marc Coucke en 2017 a révélé son lot d’irrégularités dans les finances mauves. Le passage de Wouter Vandenhaute à la tête du navire anderlechtois, assorti d’une large recapitalisation de la part des actionnaires, a fini par convaincre les sceptiques : Anderlecht retrouve une courbe ascendante. Pendant des années cependant, les Bruxellois ont tâtonné sur le marché des transferts, contraints par un contexte financier difficile. Certains joueurs ont dû être bradés (Saelemaekers, 7,5M€) alors que le club tentait de réaliser des coups aux réussites très aléatoires (Bruun Larsen, Tau, Chadli, Diaby, Nasri, Pjaca). Cette saison, la force de persuasion de Peter Verbeke a permis aux Mauves de réaliser de bonnes pioches, avec en tête un Sergio Gomez dont il est déjà acquis qu'il offrira à la trésorerie une grande plus-value.

Les caisses des Rouches sont exsangues. Le club liégeois a réalisé une perte historique de 19,7M€ la saison dernière. Un chiffre alarmant qui explique la politique des transferts sortants menée par la direction : "tout peut partir". Vanheusden, Balikwisha, Siquet ont été valorisés sur le marché à la première occasion alors que d'autres joueurs au salaire conséquent pourraient suivre. La création de l'Immobilière n'a pas pu endiguer les pertes financières. Sur le plan sportif, Alexandre Grosjean, qui a entre temps perdu le concours de Benjamin Nicaise, est obligé de tenter des prêts hasardeux (Peeters, Rafia). Et le club doit désormais se montrer très inventif sur le marché (Gilles Dewaele ou Mathieu Cafaro sont les premières recrues du mercato hivernal). En somme, le Standard connaît en 2022 la même réalité que le Sporting avant son augmentation de capital. "Le Standard est obligé d’aller chercher des joueurs sur lesquels on fait des paris. Des joueurs dont le statut n’est pas gonflé à bloc. Le Standard ne peut plus aller chercher des joueurs avec un certain standing", disait Alex Teklak récemment au sujet des Rouches.

Anderlecht suit son guide, le Standard l’a peut-être trouvé

Les derniers transferts des Rouches ont été dictés par le nouveau staff sportif. Will Still a côtoyé Cafaro du côté de Reims. Luka Elsner connaît bien Dewaele pour l’avoir mené à Courtrai, et il se murmure que d'autres lieutenants du Franco-Slovène pourraient débarquer en bord de Meuse d'ici la fin de la fenêtre hivernale. Le retour de Renaud Emond, chouchou du public, permettra peu-être de reconnecter le groupe à "l'esprit Standard", qui manque tant depuis le début de saison. Ce deuxième tour doit être celui où la griffe du tandem liégeois doit se fera ressentir. Le staff actuel a récupéré un vestiaire marqué par le passage de Mbaye Leye et les changements d’entraîneurs successifs (trois en une saison et demie). Même dans un contexte sportif difficile, où les quatre petits points d’avance sur la zone relégable n’incitent pas à l’optimisme, Elsner va devoir trouver les ressources pour donner un nouveau souffle aux joueurs liégeois. Ce déplacement à Anderlecht constitue une occasion de marquer un tournant dans la saison.

De son côté, Vincent Kompany met tout le monde d’accord. Pourtant vacillant en début d’exercice, vu la non-qualification pour la Conference League, le coach bruxellois s’est remis en question et a fini par trouver la formule. Le Kompany de 2022 est devenu pragmatique. Il est très loin de l'idéaliste qui voulait réinterpréter les préceptes de Guardiola à la sauce brusseleir. Son introspection a d'ailleurs été salutaire : meilleure équipe du mois de décembre (16 sur 18), Anderlecht s’affirme pour une place dans le top 4 et postule d’ores et déjà pour une finale de Coupe de Belgique (demi-finale face à Eupen).

Les supporters rouches se font entendre, les mauves ont retrouvé la foi

© Tous droits réservés

Au Standard, la colère gronde. La démission d’Alexandre Grosjean est réclamée à cor et à cri, le départ de Venanzi s’affiche en grand sur les murs autour de Sclessin et les supporters sont pessimistes sur l'avenir du club, qu'ils considèrent à la dérive. L’explosion lors du choc wallon face à Charleroi a mis en lumière le climat de défiance généralisé. La rupture de confiance entre supporters et direction est totale et la reprise du dialogue ne passera que par une révolution, qu'elle soit sportive ou extra-sportive.

Côté anderlechtois, le fond du fond a été touché en avril 2019, lorsque des supporters avaient arrêté le choc disputé ... au Standard en jetant des fumigènes sur la pelouse liégeoise. Les supporters anderlechtois ont dû s'habituer à ne plus sabrer le champagne chaque année au mois de mai. L'arrivée de Vincent Kompany a mis du temps avant de porter ses fruits, mais les supporters peuvent à nouveau rêver d'un titre. Depuis l'indigne défaite au Standard qui avait valu une défaite sur tapis vert (5-0), les Mauves peuvent compter sur un bilan de 4 victoires et 2 nuls face à leur homologue liégeois. Quand le fond a été touché, il ne reste d’autre choix que de rebondir.

Les résultats récents plaident pour Anderlecht, mais ...

Si les résultats récents penchent en faveur du Parc Astrid, il convient de sortir chaque match du contexte qui l’entoure. Roberto Martinez tient d’ailleurs une belle formule pour pronostiquer un choc entre deux rivaux. "C’est souvent l’équipe qui a le plus besoin d’une victoire qui finit par l’emporter". A ce jeu, le matricule 16 a largement plus besoin d’un succès que son homologue bruxellois. Pour restaurer l’honneur, puis surtout pour se sortir de ce bas du classement, indigne de son rang. Mais les Anderlechtois ne se priveront pas d'enfoncer leur rival éternel si l'occasion se présente.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous