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Le syndrome de Gilles de la Tourette : au-delà des tics et des préjugés

Syndrome de Gilles de la Tourette

© Getty

Par Julie Metz via

Souvent réduit à des clichés sensationnels, le syndrome de Gilles de la Tourette se manifeste principalement par des contractions musculaires complexes plutôt que par des insultes involontaires. Cette maladie englobe une variété de symptômes impactant la vie sociale, psychologique des patients. Le point avec le Dr Frédéric Supiot, neurologue à l’hôpital Erasme faisant partie de l’Hôpital Universitaire de Bruxelles (H.U.B).

Qu’est-ce que le syndrome de Gilles de la Tourette ?

Le syndrome de Gilles de la Tourette est un trouble neuropsychiatrique caractérisé par des tics moteurs et vocaux chroniques. Il se manifeste généralement pendant l’enfance ou l’adolescence et persiste tout au long de la vie. Les tics sont des mouvements involontaires (tics moteurs) et des vocalisations répétitives (tics vocaux), brèves, soudaines et intermittentes.

Ils sont presque toujours associés par la suite à un ou plusieurs troubles du comportement : déficit de l’attention, hyperactivité, troubles obsessionnels compulsifs, crises de panique ou de rage, troubles du sommeil ou de l’apprentissage.

Quels sont les symptômes de cette pathologie ?

Les symptômes les plus courants du syndrome de Gilles de la Tourette comprennent :

  • Tics moteurs : Ce sont des mouvements involontaires qui peuvent affecter différentes parties du corps. Ils peuvent se manifester sous forme de clignements des yeux, de haussements d’épaules, de grimaces faciales, de mouvements des membres, de sauts ou de gestes complexes.

  • Tics vocaux : Ce sont des vocalisations involontaires qui peuvent prendre la forme de reniflements, de raclements de gorge, de grognements, de mots ou de phrases prononcés de manière répétitive. La coprolalie, souvent caricaturée, qui est la répétition d’insultes, concerne + / 28% des patients atteints du syndrome Gilles de la Tourette.

  • Troubles associés : Les personnes atteintes du syndrome de Gilles de la Tourette peuvent présenter d’autres troubles, tels que des troubles du comportement, des troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), des troubles obsessionnels-compulsifs (TOC) ou des difficultés d’apprentissage.

Quelles sont les causes sous-jacentes du syndrome de Gilles de la Tourette ?

Les causes exactes du syndrome de Gilles de la Tourette ne sont pas complètement comprises, mais il est considéré comme un trouble multifactoriel avec une composante génétique et des influences environnementales.

  • Facteurs génétiques : Des études ont démontré qu’il existe une prédisposition génétique au syndrome de Gilles de la Tourette. De nombreux gènes seraient impliqués dans le développement de la maladie mais leur identification n’est pas encore claire.

  • Perturbations dans les voies neurochimiques : Des recherches suggèrent que des altérations dans les voies neurochimiques du cerveau, en particulier celles impliquant les neurotransmetteurs tels que la dopamine, la sérotonine et le glutamate, pourraient jouer un rôle dans le développement du syndrome de Gilles de la Tourette. Ces perturbations peuvent affecter les circuits cérébraux responsables du contrôle des mouvements et de la suppression des tics.

  • Facteurs environnementaux : Bien que les facteurs génétiques soient prédominants, certains facteurs environnementaux peuvent influencer l’expression et la sévérité des symptômes du syndrome de Gilles de la Tourette. Des facteurs tels que des infections précoces, des complications périnatales, le stress psychosocial ou certains médicaments peuvent potentiellement jouer un rôle dans le déclenchement ou l’aggravation des symptômes, mais ils ne sont pas considérés comme des causes directes du syndrome.

  • Une composante auto-immune pourrait également être en cause dans la maladie.

Comment le syndrome de Gilles de la Tourette est-il diagnostiqué ?

Le diagnostic du syndrome de Gilles de la Tourette repose sur une évaluation clinique approfondie effectuée par un spécialiste, généralement un neurologue ou un psychiatre spécialisé dans les troubles du mouvement. Les différentes étapes du diagnostic sont :

  • Évaluation des symptômes : Il sera important de distinguer les tics du syndrome de Gilles de la Tourette d’autres mouvements involontaires ou conditions médicales pouvant présenter des symptômes similaires.

  • Critères diagnostiques : Le diagnostic du syndrome de Gilles de la Tourette repose sur les critères établis dans le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) de l’American Psychiatric Association. Selon ces critères, les tics moteurs et vocaux doivent être présents pendant au moins un an, avec apparition avant l’âge de 18 ans, sans être attribuables à d’autres conditions médicales.

  • Exclusion d’autres conditions : Le spécialiste peut effectuer des tests complémentaires pour exclure d’autres troubles qui pourraient être à l’origine des symptômes, tels que des troubles convulsifs, des troubles métaboliques ou des effets secondaires de certains médicaments.

Le Syndrome de Gilles de la Tourette : Au-delà des Tics et des Préjugés

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Quels sont les traitements disponibles pour atténuer les symptômes du syndrome de Gilles de la Tourette ?

Il existe plusieurs approches de traitement pour atténuer les symptômes du syndrome de Gilles de la Tourette. Le choix du traitement dépendra de la gravité des symptômes, de leur impact sur la vie quotidienne et des préférences individuelles.

  • Thérapie pharmacologique : Dans certains cas, des médicaments peuvent être prescrits pour réduire la fréquence et l’intensité des tics.

  • Thérapies comportementales : Elles peuvent être utilisées pour aider les individus à reconnaître les sensations précédant les tics et à apprendre des techniques de gestion, comme la relaxation musculaire ou le remplacement des tics par des comportements alternatifs.

Qu’en est-il de la stimulation cérébrale profonde ?

La stimulation cérébrale profonde à haute fréquence (SCP ou " neurostimulation ") est une technique chirurgicale qui consiste à implanter dans le cerveau deux électrodes (deux fils très fins) qui sont laissés en place en permanence et qui vont stimuler des zones très réduites du cerveau, les noyaux subthalamiques. Il semblerait qu’elle puisse diminuer d’environ 50% la sévérité des tics selon des méta-analyses.

Retrouvez "La Grande Forme" en direct du lundi au vendredi de 13 heures à 14h30 sur VivaCité. Vous avez manqué l’émission ? Nous vous invitons à la revoir sur Auvio ainsi que sur différentes plateformes de Podcast.

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